Après plus de 20 jours de combats, le quartier de Yopougon, dernier bastion à Abidjan des combattants fidèles à l’ancien président Laurent Gbagbo, est définitivement passé sous le contrôle des autorités, a annoncé sur la chaîne ivoirienne Tci le commandant des Forces républicaines (nouvelle armée), Cherif Ousmane. Des sources de la MISNA contactées mercredi soir à Abidjan avaient confirmé la fin des combats, tout en dénonçant les pillages opérés par les soldats des Forces républicaines.
En attendant, des dizaines de corps, de miliciens pour la plupart mais aussi de civils, ont été récupérés à Yopougon, a annoncé la Croix Rouge, qui a également fait état de la découverte d’une fosse commune contenant une trentaine de morts. Mais avec la fin des hostilités dans le quartier et l’entrée relative des autorités et des agents humanitaires, le bilan, actuellement fixé à environ 70, semble voué à grimper. “J’ai vu les rues jonchées de cadavres. Au QG des miliciens, on a vu un cimetière improvisé. J’imagine toutes les exactions qui ont eu cours. Je suis encore sous le choc de tous ces morts, tous ces cadavres“, a pour sa part affirmé mercredi soir le Premier ministre Guillaume Soro, à l’issue d’un état des lieux à Yopougon.
De leur côté, les agents humanitaires sont préoccupés pour l’insalubrité du quartier après de longues semaines de combats qui, à l’approche de la saison humide, pourrait donner lieu à des épidémies. C’est un signal d’alarme identique qui est tiré dans l’Ouest du pays, où se trouvent des centaines de milliers de déplacés internes, notamment dans la région de Duékoué. Dans les camps insalubres de la zone, les autorités ont déjà relevé des cas de diarrhée et de paludisme, surtout chez les enfants.
Pendant ce temps, trois experts indépendants de l’Onu sont arrivés mercredi à Abidjan pour enquêter sur les présumés crimes contre l’humanité commis par les deux camps pendant la crise postélectorale. L’ancien président Gbagbo devrait quant à lui comparaître pour la première fois vendredi devant la cour de Korhogo (Nord), où il est actuellement assigné à résidence. De son côté, la Suisse a annoncé le gel d’environ 82 millions de dollars déposés dans ses établissements au nom de l’ex-président ivoirien dans l’attente de l’issue des enquêtes.