Informing humanitarians worldwide 24/7 — a service provided by UN OCHA

Côte d'Ivoire

Situation en Côte d'Ivoire/Ressortissants français

Réponses du porte-parole aux questions du point de presse
(Paris, le 04 février 2003) - Confirmez-vous les informations sur l'évacuation des personnels non essentiels de l'ambassade de France en Côte d'Ivoire ?

Il ne s'agit pas d'une évacuation mais d'un retour temporaire. Nous avions, la semaine dernière, donné le conseil aux Français, dont la présence n'était pas essentielle, de quitter temporairement la Côte d'Ivoire. Bien sûr, ce conseil s'applique aussi aux agents publics français. Ils ont attendu pour partir que des places se libèrent, que le premier flux de personnes désirant partir soit passé.

C'est étonnant car un 747 d'Air-France est parti hier avec 15 personnes à bord ?

Justement, il commence à y avoir des places, nous en profitons.

Les accès de l'aéroport posent-ils des problèmes ?

Il n'y a pas de problème pour accéder à l'aéroport à ma connaissance en ce moment. Néanmoins, en cas de départ, il est toujours prudent de chercher à contacter, via les responsables de la colonie française, le consulat pour s'assurer qu'il n'y a pas de problème. A plusieurs reprises, le consulat, en liaison avec nos forces présentes sur place, a mis en place des moyens pour assurer la sécurité des Français qui souhaitaient quitter les lieux.

Les personnels non indispensables de l'ambassade représentent combien de personnes ?

Quelques centaines.

Cela inclut les familles ?

Oui, tous les professeurs français, quel que soit leur statut et presque tous les assistants techniques de coopération notamment, avec leur famille.

Comment expliquez-vous les manifestations contre l'accord de paix de Marcoussis, l'action de la France - qui a fait beaucoup - et l'appel aux Etats-Unis ?

Il est bon de rappeler effectivement qu'aucun autre pays n'est autant intervenu, ne s'est autant engagé au service de la paix et de la réconciliation en Côte d'Ivoire, que la France, en dehors des pays africains bien sûr.

Sur le fond des choses, il ne faut pas, je crois, s'attacher aux apparences et aux slogans. Ce qu'il faut voir, c'est l'essentiel. Nous avons une situation dans laquelle la Côte d'Ivoire n'a pas le choix, si elle veut éviter la guerre civile, si elle veut éviter le risque de voir son économie durablement ruinée par le départ des nombreux étrangers, plus de 80.000 étrangers non africains qui ont, eux aussi, contribué au succès de l'économie ivoirienne au cours des dernières décennies. Elle n'a pas le choix, elle doit s'engager dans la voie de la paix et de la réconciliation de manière résolue, de manière franche, de manière droite et de manière efficace. Les accords de Marcoussis, signés par l'ensemble des forces politiques ivoiriennes, tracent une voie. Nous travaillons toujours à la mise en oeuvre de ces accords, voulus et souhaités par les pays africains membres de la CEDEAO, qui ont commencé par dégager les lignes qui ont conduit à ces accords, qui les prolongent aujourd'hui par leur action. Nous sommes engagés à les soutenir et à les aider dans cette action.

Pourquoi la France ne prend-elle pas des mesures pour riposter aux attaques contre ses ressortissants ?

N'oublions jamais que la France est l'amie de la Côte d'Ivoire. C'est une amitié ancienne et forte, à laquelle nous sommes très attachés. Et la sécurité des Français, nous y veillons avec des moyens que nous avons renforcés, et que nous renforcerons si besoin, avec les moyens appropriés qui sont les nôtres. Jusqu'à présent, ces efforts ont permis d'éviter des situations tragiques. Je ne dis pas que nous parviendrons toujours à les éviter partout. Nous faisons simplement de notre mieux avec les moyens qui paraissent appropriés.

Pourquoi la France semble rivée, elle aussi, sur sa position. Je veux parler des accords qui ont fait des rebelles des ministres qui font grincer des dents. J'avoue que l'annonce, la manière et les titres donnés à ces deux ministères m'ont profondément surpris. Est-ce que vous prévoyez de faire évoluer cette position ?

Je rappelle que ce point a été évoqué lors de la discussion des Chefs d'Etat et qu'il appartient au Premier ministre désigné de former son gouvernement.

Avez vous un commentaire sur les propos qu'a tenu le négociateur en chef des Rebelles, qui disait qu'il ne discutait plus l'accord de Marcoussis ? Etes-vous d'accord avec cela ?

J'ai une ligne de conduite qui a été, jusqu'à présent, de ne pas commenter les déclarations de tel ou tel parti ou représentant de forces politiques participant à la Conférence de Marcoussis. Pour l'instant, nous avons un gouvernement qui n'est toujours pas constitué, qui n'est toujours pas en fonction, donc je ne commenterai toujours pas.

Quel est votre commentaire sur la décision prise par l'Union africaine concernant la Côte d'Ivoire à l'issue du Sommet d'Addis Abéba ?

Nous sommes en train de prendre connaissance avec beaucoup d'attention, de cette déclaration. Nous avons toujours inscrit notre action en soutien des efforts de la CEDEAO et de l'Union africaine. Pour nous, c'est un élément essentiel pour la cohérence de l'action de la Communauté Internationale.

Déclaration du porte-parole adjoint du Quai d'Orsay

(Paris, le 03 février 2003) - 1/ La France condamne toutes les atteintes aux droits de l'homme et notamment les enlèvements et assassinats de personnalités jugées proches de l'opposition.

Il appartient aux autorités ivoiriennes d'identifier et de présenter devant la justice les commanditaires et les auteurs de ces assassinats, qui cherchent à remettre en cause par la violence, le processus de réconciliation nationale engagé par l'ensemble des forces politiques à Marcoussis et accepté par le Président Gbagbo à la Conférence de Paris.

2/ S'agissant de la communauté française, notre Ambassade et notre Consulat Général à Abidjan ont immédiatement mis en place un dispositif de gestion de crise dès le 25 janvier. Tous les moyens de communication et de diffusion ont été mobilisés :

-par le système d'îlotage

-par le réseau radio de sécurité

-par la diffusion des messages téléphoniques

-par la bande FM

-par la diffusion de messages via Internet, dans le cadre des bulletins d'information biquotidiens sur le site du consulat

-par la mobilisation des réseaux associatifs sur place (associations de parents d'élèves, représentation des Français de l'étranger, associations telles que l'Union des Français et l'Association Démocratique des Français de l'étranger).

Dès que le ministère des Affaires étrangères a conseillé à nos ressortissants dont la présence n'était pas indispensable de quitter le pays, le 31 janvier au soir, le Consulat a diffusé cette information par les différents canaux à sa disposition, et a rediffusé chaque jour ce message.

Le poste fonctionne 24h/24. Il a reçu le renfort de trois agents supplémentaires venus de Paris.

Dès que la situation en ville l'a permis, l'ensemble des chefs d'îlots ont été réunis à l'Ambassade. Des visites de terrain sont régulièrement organisées. Le Consulat Général est en contact permanent avec Air France et diffuse régulièrement les informations suivantes :

-vols supplémentaires

-disponibilité des places

-sécurité de la route pour se rendre à l'aéroport

-meilleurs tarifs offerts et moyens de paiement.

Des agents du Consulat sont présents à l'aéroport pour s'assurer du bon embarquement de nos compatriotes.

Que pense la diplomatie française du fait que Laurent Gbagbo n'a toujours pas fait son intervention, à quoi l'attribue-t-elle et que compte-t-elle faire ?

Je vous rappelle la déclaration de M. De Villepin hier au soir sur TF1. Début de citation : 'Nous avons pris une initiative pour réunir l'ensemble des Ivoiriens, ils sont parvenus à un accord.

Il faut maintenant le respecter.

La France demande solennellement au Président Gbagbo de s'engager résolument dans la voie de la réconciliation.' Fin de citation.'

Les autorités françaises resteront-elles opposées à une renégociation des Accords de Linas-Marcoussis si les chefs d'Etat africain le demandent ? Le Sommet de la CEDEAO à Dakar, comme le président de l'Union africaine hier à Addis Abéba, ont appelé à l'application de l'accord de Marcoussis.