- RÉSUMÉ
Plus d'un an après la crise post-électorale qui a entraîné des affrontements violents dans de nombreuses régions du pays entre décembre 2010 à avril 2011, la Côte d’Ivoire traverse une période de stabilisation de la situation sociopolitique. En effet, les élections législatives en décembre 2011 ont abouti à la formation d’une nouvelle Assemblée Nationale, suivi d’un changement de gouvernement en mars 2012. Ces développements positifs ont favorisé le retour de centaines de milliers de réfugiés et personnes déplacées internes (PDIs) qui avaient fui leur lieu de résidence suite à la crise et violence post-électorale.
Malgré l’amélioration de la situation sécuritaire sur l’ensemble du pays, d’importants problèmes persistent notamment dans les régions à l’ouest et au sud-ouest de la Côte d’Ivoire. Des tensions communautaires sont encore perceptibles, et des nombreux incidents de sécurité ont encore lieu avec des attaques ciblant les civils en particulier. Plus récemment en juin 2012, une dizaine des civils et sept casques bleus des Nations Unies sont morts dans une embuscade. Les mouvements de populations qui suivent ces évènements démontrent que malgré le progrès dans certains domaines, la Côte d’Ivoire reste un pays très fragile, seulement en début de phase de reconstruction. Les défis auxquels est confronté le gouvernement du Président Ouattara sont nombreux: le rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire, la restauration de l’Etat de droit et de la justice, la consolidation des services de l’État, la réconciliation et le renforcement de la cohésion sociale, et finalement la relance économique et la lutte contre la pauvreté.
Pour la communauté humanitaire, la priorité absolue au cours des six prochains mois est la continuation de la protection et de l’assistance humanitaire aux populations les plus vulnérables. Cette assistance comprend principalement la protection des civils, l’assurance d’un accès garanti aux services de base essentiels, l’assistance nutritionnelle, la restauration des moyens de subsistance, le retour volontaire et la réintégration des personnes déplacées et réfugiées. En effet, au moment de la revue à mi-parcours de cet Appel Global (CAP), plus de deux millions d’Ivoiriens restent encore vulnérables en Côte d’Ivoire. Selon le Haut-Commissariat pour les Réfugiés, près de 84 000 Ivoiriens sont toujours réfugiés en Afrique de l’Ouest, dont plus de 58 000 au Liberia. Au cours des six derniers mois, 20 283 PDIs sur 35 sites ont été directement assistés dans leur retour par le gouvernement et la communauté humanitaire. Un seul site reste ouvert aujourd’hui pour 4 500 PDIs.
Au cours du second semestre de 2012, l’action humanitaire se focalisera en grande priorité dans les zones considérées désormais comme les plus problématiques, notamment à l’ouest du pays (Bas-Sassandra, Montagnes) et le nord (Savanes, nord de Bounkani), ciblant au total près de 1.8 million de personnes.
À l’ouest, les acteurs humanitaires estiment que près de 86 000 personnes sont encore déplacées et plusieurs centaines de milliers de personnes sont en situation de vulnérabilité en l’absence de récupération de leurs moyens de subsistance et suite à l’exposition constante à la violence physique (familles d’accueil, retournés et rapatriés). Les activités seront menées dans tous les secteurs de l’action humanitaire, notamment la protection, la sécurité alimentaire, la nutrition, la santé, l’eau et l’assainissement, les abris, l’éducation et le relèvement précoce. Les efforts doivent impérativement être maintenus afin de faciliter les retours et la réintégration des PDIs et réfugiés dans leurs régions d’origines, à travers une approche intégrée.
Dans le nord, les problèmes de sécurité alimentaire et de nutrition persistent. Une entrée précoce dans la période de soudure (avril 2012) et la diminution des stocks alimentaires dans certains ménages se sont traduites par une augmentation des cas de malnutrition aiguë et des admissions en prise en charge nutritionnelle dans les structures sanitaires. Au moment de la revue à mi-parcours, les besoins du CAP auront diminué de $173 millions à $161 millions, soit une réduction de 7%. Cette réduction est le résultat direct de la nouvelle focalisation sur les régions de l’ouest et du nord, entraînant le retrait de certains projets, ainsi qu’une révision budgétaire des projets en fonction du nouveau contexte socio-politique dans les zones affectées combiné au climat financier.
Le 30 juin 2012, le CAP pour la Côte d’Ivoire n’a su mobiliser que 49% des besoins. Par conséquent, les cibles des différents secteurs n’ont pas été atteintes. De nombreux programmes n’ont pas pu démarrer, d’autres ont dû être suspendu ou revu à la baisse en termes de bénéficiaires. Le défi principal de l’action humanitaire jusqu’à la fin de l’année sera de soutenir les activités de relance agricole et le rétablissement des moyens de subsistance à travers la reprise des activités agricoles et les activités génératrices de revenus. Elle devra soutenir les activités favorisant la cohésion sociale, la résolution des conflits et des tensions entre les communautés y compris la question du foncier rural pour construire un environnement protecteur.
Les différents projets rechercheront une participation active des communautés et autorités locales concernées afin de permettre un retrait progressif des acteurs humanitaires et de faciliter une bonne transition avec les programmes de développement. Dans ce même esprit, la coordination avec les autorités sera renforcée et le plan d’action humanitaire sera intégré au Plan national de développement du gouvernement adopté en avril 2012. L’assistance humanitaire devra fort probablement continuer au-delà de 2012 dans certaines régions. Un retrait prématuré des acteurs humanitaires pourrait avoir pour conséquence une aggravation de la situation humanitaire, voire même être une cause indirecte de tensions. Il est donc essentiel que les ressources financières nécessaires soient disponibles pour mener à bien les diverses actions prévues.
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