DONNEES GENERALES
Début de la mission : Décembre
2002
Localité : Bouaké
Volontaires : 6
Bénéficiaires : 40 000 familles
DOMAINES D'ACTION
La mission Côte d'Ivoire mène :
- un programme alimentaire destiné aux enfants entre 1 et 6 ans, à Bouaké et à Daloa : après une distribution alimentaire massive en décembre, auprès de 40 000 familles de Bouaké, mise en place de cantines dans les différents quartiers de la ville fournissant 20 000 repas / jour.
- un suivi de la sécurité alimentaire et de la situation nutritionnelle dans le nord et le sud du pays, afin de répondre à d'éventuels besoins.
CONTEXTE POLITIQUE
La Côte d'Ivoire compte environ 16 millions d'habitants répartis en 60 ethnies ; plus du tiers de sa population est originaire des pays voisins, constituant la majeure partie de la main d'oeuvre. Bien que pourvu de richesses naturelles, le pays est l'un des plus pauvres au monde : 144e sur 162 selon l'indice de développement humain du PNUD.
La Côte d'Ivoire acquiert son indépendance en 1960 ; Félix Houphouët Boigny, élu Président, appartient au Rassemblement Démocratique Africain (PDCI-RDA), parti démocratique unique du pays jusqu'en 1990. A sa mort, en 1993, Henri Konan Bédié (Président de l'Assemblée Nationale) assure l'intérim, puis est élu Président en 1995. Il lance le concept d'ivoirité.
Le 24 décembre 1999, le Général Gueï renverse Henri Konan Bédié. S'ensuit une crise politique, dont Laurent Gbagbo sort vainqueur, puisqu'il est proclamé Président le 26 octobre 2000, à la suite d'élections contestées notamment par le parti sortant du Général Gueï.
Le 19 septembre 2002 éclate un conflit entre une mutinerie de soldats démobilisés se réclamant du MPCI (Mouvement patriotique de Côte d'Ivoire), et l'armée loyaliste. A Abidjan, des rebelles attaquent le pouvoir en place ; le Général Gueï et le ministre de l'Intérieur sont tués. Les circonstances de son décès restent inexpliquées. Dans le même temps, les deux principales villes du Nord, Bouaké et Korhogo, passent sous contrôle rebelle. Les affrontements se poursuivent à Bouaké, qui reste aux mains des mutins.
Le 17 octobre 2002, un accord de cessez-le-feu est conclu entre le MPCI et les forces gouvernementales, par l'intermédiaire de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l'Afrique de l'Ouest).
Une ligne de front est figée de part et d'autre d'une zone tampon de 40km de large, séparant le pays en deux, avec au nord les rebelles (40% du territoire environ) et au sud les forces loyalistes. Les circuits habituels d'échange sont donc fortement perturbés ; ainsi le carburant, le riz et le sel, en particulier, manquent.
Le 28 novembre 2002, les villes de l'Ouest du pays, Man et Danané, proches de la frontière avec le Liberia, sont prises par des rebelles du MPIGO (Mouvement Patriotique Ivoirien du Grand Ouest) et du MJP (Mouvement pour la Justice et la Paix).
Déjà présente dès fin septembre avec quelques centaines de militaires, la France a lancé mi-décembre l'opération " Licorne ", déployant ses militaires sur la ligne de démarcation nord/sud.
CONTEXTE HUMANITAIRE
Début octobre 2002, Action contre la Faim a conduit une mission d'évaluation des besoins humanitaires en particulier dans le Nord, coupé des ravitaillements en provenance d'Abidjan.
La crise politique ivoirienne a entraîné l'épuisement et la pénurie des moyens de paiement,
la réduction massive des revenus -voire leur absence totale pour de nombreuses familles-, la fermeture des administrations, et
la baisse drastique des échanges commerciaux. Fragilisée, une large partie de la population a dû s'adapter à la crise :
> Des déplacements de population : selon l'OCHA*, environ 1,1 million de personnes se sont déplacées depuis le début du conflit, pour des raisons de sécurité : principalement au sein du pays (près d'1 million) ou vers les pays voisins (150 000). Ainsi dans le nord, nombreuses sont les familles dont une partie a migré vers le sud ou les zones rurales.
> Une réduction de la consommation alimentaire : une partie de la population a modifié ses habitudes alimentaires en particulier dans le nord du pays, coupé de l'approvisionnement en provenance du sud. Ainsi à Bouaké, Action contre la Faim a observé, dans un premier temps, une détérioration de la qualité des repas liée à la suppression de denrées chères telles que la viande, le poisson et les condiments. La population a ensuite diminué le nombre de repas et la quantité d'aliments, réduisant au total de près de moitié leurs rations journalières.
Face à un apport énergétique moindre, des carences alimentaires sont à craindre, en particulier chez les enfants, entraînant une fragilisation de l'état immunitaire, une augmentation des risques d'infections et finalement une hausse du risque de malnutrition.
Si le conflit perdure, avec épuisement des stratégies d'adaptation et le manque de structures de santé, la situation nutritionnelle des populations les plus touchées risque de se dégrader.
Face à la dégradation prévisible de la situation alimentaire et du statut nutritionnel des populations à risque, Action contre la Faim a ouvert début décembre 2002 une mission en Côte d'Ivoire. En parallèle, un suivi de la situation se poursuit dans le nord ainsi que dans le sud du pays.
* Données OCHA, Bureau de Coordination des Affaires Humanitaires de Nations Unies, du 10 janvier 2003.