Crise en Côte d'Ivoire
(03 février 2003) - Les Conseillers
économiques et sociaux, avec à leur tête, M. Martin Kouakou, premier vice-président
de l'institution, ont été reçus par le Chef de l'Etat en fin de journée.
Ils sont venus présenter au Président de la République une motion spéciale rejetant "en partie" les accords de Marcoussis.
C'est au cours d'une assemblée plénière extraordinaire au siège de leur institution, sous la direction du premier vice-président assurant l'intérim du président de l'institution, M. Laurent Dona Fologo en mission, que les membres du Conseil économique et social se sont prononcés sur les accords pour une sortie de crise signés à Paris.
Voici le contenu de leur motion :
LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL, CREUSET ET MIROIR DE LA SOCIETE CIVILE IVOIRIENNE
1.- Dénonce, de la part des signataires du document de Linas-Marcoussis, l'absence de regrets et de remords pour les actes barbares causés par les agresseurs de la Côte d'Ivoire.
2.- Exprime sa désapprobation quant à certains aspects de ces accords, d'ailleurs rejetés par le peuple ivoirien.
3.- Souhaite vivement que les initiateurs et les négociateurs des réunions de Linas-Marcoussis et de Paris envisagent les amendements indispensables pour rendre les accords et les décisions acceptables pour l'ensemble du peuple ivoirien.
4.- Attire l'attention de la communauté internationale sur les graves atteintes à la démocratie si ces accords et décisions apparaissent comme une légitimation de la tentative de prise du pouvoir par les armes et la violence, ce qui constituerait un précédent grave et dangereux pour le processus démocratique en Afrique.
5.- Remercie le chef de l'Etat pour l'avoir associé à la recherche de solutions à la crise.
6.- Félicite le Président de la République pour l'attitude mesurée et responsable qu'il a observée jusqu'à ce jour.
7.- Assure le Chef de l'Etat de son soutien sans faille à la légalité constitutionnelle et aux institutions de l'Etat.
8.- L'encourage à persévérer dans la recherche de solutions qui garantissent l'unité nationale, la paix et la concorde dans l'esprit et la lettre de la Constitution de la République de Côte d'Ivoire.
9.- Assure son soutien aux forces ivoiriennes de Défense et de sécurité et les encourage à demeurer vigilantes et déterminées face aux périls qui menacent la nation ivoirienne.
10.- Lance un vibrant appel à toute la population à poursuivre, dans la discipline et le respect des droits humains, la grande mobilisation patriotique en cours depuis le début de cette attaque.
11.- Invite les institutions internationales, notamment : la CEDEAO, l'Union africaine, l'Union européenne, l'ONU et les pays tels que les états-Unis et la France qui, dès les premières heures de cette agression, l'ont fermement condamnée, à poursuivre dans cette logique du respect des principes démocratiques, en décourageant toute tentative de prise du pouvoir par les armes.
12.- Invite tous les amis de la Côte d'Ivoire ainsi que toutes les femmes et tous les hommes épris de paix et de justice à aider notre pays à sortir de cette guerre dommageable à tous, nationaux et étrangers.
13.- Réaffirme et soutient l'amitié séculaire entre la France et la Côte d'Ivoire, amitié que ne saurait remettre en cause ni les atermoiements de la diplomatie française, ni les réactions conséquentes du peuple ivoirien, suite à l'annonce des accords de Linas-Marcoussis et invite le gouvernement à poursuivre la coopération fructueuse entre la France et la Côte d'Ivoire.
14.- Réitère à Monsieur le Président de la République sa disponibilité et son engagement à se tenir prêt pour toute mission qu'il voudrait bien lui confier pour la paix et la concorde entre tous les habitants de la Côte d'Ivoire.
Fait à Abidjan, le 03 février 2003
LE CONSEIL ECONOMIQUE ET SOCIAL