Suite à la reprise des hostilités sur les fronts Ouest, Centre-ouest, Est..., le Chef de l'Etat élève une vive protestation auprès du Comité de suivi. Il invite, dans le courrier ci-dessous, le Pr Albert Tévoédjrè, à prendre les mesures qui s'imposent pour sauver le processus de réconciliation.
Le Président de la République
D/N=B0 0263/PR
Abidjan, le 11 avril 2003
Professeur Albert Tévoédjrè
Président du Comité de suivi
Monsieur le Président,
Au moment o=F9 je m'apprête à adresser un message à la Nation pour que toutes les parties acceptent de s'asseoir et de discuter en vue de la reprise totale des activités gouvernementales et des activités économiques, sociales et culturelles sur toute l'étendue du territoire national, voilà que les attaques des rebelles se multiplient sur tous les fronts : à l'Ouest, au Centre-Ouest, à l'Est et au Nord-Est.
Depuis quelques jours, le front Est du pays (la région de Bondoukou-Bouna) connaît un regain de tensions du fait des agressions de la rébellion.
Entre le 3 et le 5 avril 2003, les assaillants ont multiplié les attaques contre les positions des forces de Défense et de Sécurité nationales, commettant, au passage, vols et pillages suivis d'exactions sur les populations civiles, notamment dans la localité de Kouakoudou, située à 7 km de la ville de Sandégué.
Dans la nuit du mercredi 9 au jeudi 10 avril 2003, dans la localité de Sanguinaré, sur l'axe Bondoukou-Bouna, les rebelles ont contourné les positions ghanéennes de l'Ecoforce pour tendre une embuscade aux troupes ivoiriennes des FANCI. Toute la journée du jeudi 9 avril 2003, environ 300 combattants rebelles appartenant au MPCI, circulant à bord d'une quinzaine de véhicules dotés d'armement lourd et de fusils d'assaut, ont lancé de nouvelles attaques contre ladite localité et les positions des FANCI.
Aujourd'hui, vendredi 11 avril 2003, vers 5 h 30 du matin, les rebelles ont attaqué Gansé, localité située sur l'axe Bondoukou-Nassian, dans la partie sous contrôle des troupes gouvernementales. Il ne fait aucun doute que, par ces attaques répétées, les combattants rebelles du MPCI visent à prendre la ville de Bondoukou.
Ce même jour, et à la même heure, le poste de gendarmerie de la ville de Zuénoula, dans le Centre-Ouest du pays, a été le théâtre d'une agression des rebelles. Ces attaques traduisent sur le terrain, la volonté des rebelles de reprendre la guerre et de s'emparer du pouvoir d'Etat par les armes, mettant à mal le processus de paix amorcé que j'ai toujours soutenu et ne cesserai de soutenir.
Il m'apparaît donc opportun d'émettre de vigoureuses protestations en direction du Comité de suivi des Accords de Linas-Marcoussis que vous dirigez et qui a pour tâche principale de constater les défaillances et les obstructions et de prendre des mesures de redressement appropriées.
Dans cette phase assez délicate du processus de réconciliation nationale, j'ose croire que les forces de la CEDEAO et de l'Opération française Licorne sauront assumer en toute impartialité leur mission en vue d'un retour rapide à la normale et au rétablissement de la paix en Côte d'Ivoire, en agissant efficacement et fortement sur ceux qui concourent par leurs actions, à l'enlisement de la situation, pour les amener à respecter les engagements pris devant la communauté internationale.
Veuillez agréer, Monsieur le Président, l'expression de ma très haute considération.
Laurent GBAGBO