ABIDJAN, le 26 janvier (IRIN) - Après plus de trois ans d'exil volontaire, Alassane Ouattara, le leader de l'opposition ivoirienne est rentré en Côte d'Ivoire lançant un appel à la paix, au moment où l'ONU réfléchit à la possibilité d'imposer des sanctions aux leaders qui, selon elle, bloquent le processus de paix.
« Je voudrais lancer un appel à l'union, un appel à l'apaisement, et dire que c'est avec beaucoup d'amour que je reviens sur le sol de mon pays pour participer au processus politique, pour participer à la réconciliation », a déclaré M. Ouattara mercredi soir à son arrivée, escorté par des casques bleus de l'ONU.
Chef de file du Rassemblement des républicains (RDR) -- un parti d'opposition - et ancien Premier ministre, M. Ouattara a fui le pays avec l'aide des forces spéciales françaises après que des assaillants non identifiés aient incendié sa résidence et tué son garde du corps, aux premières heures de la guerre civile, en septembre 2002.
Des élections présidentielles auront lieu cette année, conformément aux dispositions de la résolution 1633 de l'ONU qui ont permis également la prorogation de 12 mois du quinquennat du président Laurent Gbagbo, en raison de l'incapacité des autorités des ivoiriennes d'organiser le scrutin présidentiel prévu en octobre 2005.
M. Ouattara, qui bénéficie notamment du soutien des forces rebelles qui contrôlent le nord du pays, n'a pu se présenter aux précédentes élections présidentielles au motif que l'un de ses parents n'était pas ivoirien. Sous la pression des médiateurs, M. Gbagbo a promis, l'année dernière, que son rival pourrait participer aux prochaines élections.
Mercredi, le Conseil de sécurité de l'ONU a également prolongé jusqu'au 15 décembre 2006 le mandat des casques bleus de l'ONU déployés en Côte d'Ivoire pour participer au maintien de la paix, aider au désarmement et à l'organisation des élections.
Mais le Conseil n'a pas suivi les recommandations de Kofi Annan, le Secrétaire général des Nations unies, qui demandait le déploiement de 4 000 casques bleus supplémentaires.
Actuellement, l'opération des Nations unies en Côte d'Ivoire (ONUCI) dispose de 7 090 casques bleus et de 725 agents de police. Ces forces onusiennes sont appuyées par 4 000 soldats français des forces de l'opération Licorne.
Selon des sources bien informées, un accord sur l'envoi de troupes supplémentaires reste encore possible.
Le mandat des forces de maintien de la paix a été prolongé peu de temps avant la tenue des réunions du Conseil de sécurité qui devraient décider si l'ONU mettra à exécution les menaces qu'elle brandit depuis la flambée des violences en novembre 2004, et imposer des sanctions ciblées aux leaders ivoiriens qui entravent le processus de paix, ou incitent à la haine et à la violence.
Pierre Schori, un diplomate suédois et envoyé spécial de l'ONU en Côte d'Ivoire, s'est rendu à New York jeudi pour informer le Conseil des derniers développements dans la crise que traverse le pays. Selon les diplomates, une décision concernant les sanctions devrait être prise cette semaine ou la semaine prochaine.
« Il semble que des sanctions seront imposées », a déclaré un diplomate à IRIN.
Selon l'AFP (Agence France Presse), une agence de presse française, Charles Blé Goudé, le leader des Jeunes patriotes, un mouvement de jeunes nationalistes partisans du président Laurent Gbagbo, pourrait être l'un des premiers à se voir imposer des sanctions par le Conseil de sécurité de l'ONU, notamment le gel de ses avoirs et l'interdiction de voyager.
La semaine dernière, son mouvement a organisé des manifestations contre les Nations unies qui ont duré quatre jours et paralysé le sud du pays contrôlé par le gouvernement. Ces manifestions ont fait au moins cinq morts dans la ville de Guiglo, située à l'ouest du pays.
Les manifestants ont incendié et pillé les bureaux et véhicules des Nations unies, et obligé des centaines de casques bleus à se replier. Les récents troubles ont entraîné une interruption de l'aide humanitaire apportée à quelques trois millions d'ivoiriens, dont près d'un tiers vit de l'aide alimentaire.
Selon un représentant official des Nations unies qui a requis l'anonymat, l'ONUCI a renforcé la sécurité des bureaux et décidé jeudi de procéder au transfert d'une partie de son personnel civil hors de la Côte d'Ivoire, une mesure provisoire pour une période limitée.
Par ailleurs, dans un communiqué publié jeudi, l'ONUCI a indiqué que « l'ONU voudrait rassurer les populations ivoiriennes quant à sa détermination à continuer d'œuvrer en faveur du processus de paix ».
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