Le coordonnateur des opérations humanitaires de Caritas Côte d’Ivoire témoigne d’un retour au calme précaire à Abidjan. L’ampleur des besoins n’a pas encore pu être correctement évaluée.
Jean Djoman, coordonnateur national des opérations humanitaires de Caritas Côte d’Ivoire a enfin pu sortir de chez lui, 24 heures après l’arrestation de Laurent Gbagbo. Sans avoir pu encore se faire une idée très précise des besoins des populations à Abidjan, après 13 jours d’affrontements non stop dans la capitale économique ivoirienne, il nous livre ses premières impressions :
« La population commence à sortir dans la rue, selon les quartiers. À Youpougon, des tirs ont encore eu lieu, provoquant une panique, et la situation reste très tendue. Mais à Port Boué, située de l’autre côté de la lagune, assez loin de là où les combats se sont déroulés, on recommence à circuler, on voit des taxis et des véhicules de transport en commun. » Les commerces en revanche n’ont pas tous rouverts, par crainte de l’insécurité, indique-t-il.
Se ravitailler en nourriture risque de demeurer problématique un certain temps car de nombreux commerces ont été pillés et toutes les denrées ont augmenté. Le riz, aliment de base se vend à 2 € le kilo. Autant dire à un prix inaccessible pour bien des ménages. « Tout le monde a été très appauvri par cette crise », estime encore Jean Dojman, qui conclut : « Il faut maintenant que l’ordre soit très vite rétabli, et que cesse la circulation d’armes dans les deux camps ».
Il se donne encore 24 heures avant de pouvoir faire le tour des sites d’accueils où se sont réfugiés pas moins de 100 000 personnes à Abidjan, des paroisses et des mosquées le plus souvent. Une évaluation des besoins sera ensuite réalisée. La Caritas ivoirienne, soutenue par le Secours Catholique, mettra en place un programme d’accompagnement, dans la capitale et dans l’ouest du pays, pour aider les populations à retrouver une vie normale et une source de revenus pour les plus en difficulté. Au total, la crise aura entraîné un déplacement de population de près de 800 000 personnes.
Aide de la France de 400 millions d’euros
La France va apporter dans les prochains jours « un soutien financier exceptionnel de 400 millions d’euros » à la Côte d’Ivoire, pour aider notamment à satisfaire les besoins urgents des populations et de la ville d’Abidjan, a annoncé mardi 12 avril la ministre des Finances Christine Lagarde, lors d’une réunion de la zone franc à N’Djamena, où elle a rencontré son homologue ivoirien Charles Koffi Diby.
Christine Lagarde a assuré "« la Côte d’Ivoire du plein soutien de la France dans cette période de réconciliation et de reconstruction »", selon un communiqué de son ministère.
Cette aide est destinée, dans un premier temps, à financer les dépenses d’urgence pour les populations, la ville d’Abidjan et le redémarrage des services publics essentiels, précise la ministre. Elle « doit également servir, dans une second temps, à relancer l’activité économique et à permettre l’apurement des arriérés vis-à-vis des institutions internationales ».
(Avec AFP)