ABIDJAN, 9 janvier (IRIN) - Il existe
un risque d'épidémies de maladies parmi les plus de 300 enfants déplacés
à San Pedro, une ville portuaire du sud-ouest de la Côte d'Ivoire, à cause
du manque d'attention médicale, selon le président de la Croix-Rouge dans
cette ville, Emmanuel Aba.
Les responsables de la Croix-Rouge,
trois médecins et une infirmière de l'Institut National d'Hygiène, dépêchés
dans la ville, craignent une flambée de fièvre typhoïde, de méningite et
de choléra chez les enfants.
M.Aba a déclaré à IRIN par téléphone depuis San Pedro, située à 368 km au sud-ouest d'Abidjan, que le risque d'épidémie était réel car il n'y avait pas assez de vaccins pour les 319 enfants, âgés de deux mois à neuf ans. Cette situation a conduit les autorités administratives et médicales locales à administrer des vaccins avec le stock minimum à leur disposition, a expliqué la Croix-Rouge.
Jusqu'à présent, la Croix-Rouge a enregistré 1089 personnes déplacées, notamment 286 qui ont été conduites dans des familles d'accueil. Des sources humanitaires ont indiqué que le centre culturel de la ville n'était pas approprié pour abriter tous les déplacés.
La Croix-Rouge a également informé qu'elle manquait de matériel médical de base et de véhicules pour transporter les enfants déplacés, mais que plusieurs individus et groupes privés lui avaient fourni des véhicules et environ 500 000 francs CFA pour nourrir les enfants.
Des déplacés à l'intérieur ont signalé que beaucoup d'enfants sont morts et que de nombreuses personnes, notamment trois femmes enceintes et trois nourrissons, ont souffert de graves blessures lorsqu'ils tentaient de fuir les affrontements entre les rebelles et les forces loyalistes. Quatre hommes ont été évacués vers un hôpital à Abidjan, ont-ils précisé.
A l'occasion d'un point de presse jeudi, le Programme alimentaire mondial (PAM), qui a lancé un appel de fonds en novembre pour un montant de 6,6 millions de dollars, a déclaré qu'il avait assez de nourriture pour assister les personnes affectées par le conflit jusqu'au mois de mars au moins.
D'après le Coordinateur du PAM pour les secours d'urgence, Gemmo Lodesani, la crise ivoirienne constituait une « situation explosive » à cause de ses conséquences pour la région toute entière. Elle a d'ores et déjà fortement affectée la Côte d'Ivoire et ses voisins, et il faudrait que la communauté internationale agisse rapidement pour empêcher une détérioration de la situation, et pour éviter une catastrophe humanitaire semblable à celle qui a frappé le Liberia et la Sierra Leone durant leurs guerres respectives, a souligné M. Lodesani.
Le PAM a ouvert des bureaux dans la capitale administrative, Yamoussoukro, à Bouaké et Korhogo, deux villes tenues par les rebelles dans le centre et le nord, respectivement. Il envisage d'ouvrir un autre bureau dans l'ouest de la Côte d'Ivoire.
Pour le moment, le PAM a reçu 30 pour cent des ressources.
A court terme, l'agence projette d'assister environ 123 000 personnes en distribuant, en janvier et février, des rations alimentaires d'urgence dans le nord, le centre et l'ouest de la Côte d'Ivoire.
Par ailleurs, les deux mouvements rebelles qui opèrent dans l'ouest ivoirien, le Mouvement pour la Justice et la Paix (MJP) et le Mouvement Populaire Ivoirien du Grand Ouest(MPIGO), ont accepté un accord de cessation des hostilités avec les troupes françaises stationnées dans la région.
L'accord verbal a été conclu au cours d'une réunion entre les deux groupes et l'ambassadeur de France en Côte d'Ivoire, Gildas Le Lidec, qui les a également invités à une table ronde des principaux acteurs politiques et militaires ivoiriens, prévue le 15 janvier à Paris.
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