Au moins une soixantaine de civils ont été tués vendredi dernier dans la localité ivoirienne de Bangolo (ouest), a-t-on appris lundi de sources diplomatiques et militaires concordantes à Abidjan.
Selon les mêmes sources, de nombreux civils ont été retrouvés morts, mutilés ou égorgés. La composition du gouvernement de réconciliation ivoirien sera annoncée jeudi, a déclaré lundi soir à Abidjan le nouveau Premier ministre, Seydou Diarra, au cours d'une passation de pouvoir officielle avec son prédécesseur Pascal Affi N'Guessan.
Plus tôt dans la journée, le comité de suivi des accords de paix interivoiriens de Marcoussis avait annoncé que les combats survenus à Bangolo avaient fait de "nombreuses victimes civiles", selon un communiqué parvenu à l'AFP à Abidjan.
"Le comité de suivi a entendu un rapport du conseiller militaire relatif aux événements survenus les 7 et 8 mars 2003 à Bangolo et à Duékoué. A la suite de ces incidents, les forces françaises ont eu à constater la gravité des exactions commises à Bangolo qui ont fait de nombreuses victimes civiles", indiquait le texte.
Le conseiller militaire du comité de suivi est le général Emmanuel Beth, commandant de l'Opération militaire française Licorne en Côte d'Ivoire. Des éléments militaires français se sont rendus sur place en hélicoptère et ont fait des constatations sur une partie des lieux de la tuerie.
Bangolo, située à une quarantaine de kilomètres au nord de Duékoué, est tenue par les rebelles du Mouvement pour la justice et la Paix (MJP), un des trois mouvements rebelles en lutte contre le régime du président Laurent Gbagbo depuis bientôt six mois.
Vendredi, le chef des opérations du MJP dans cette région, l'adjudant chef Ousmane Coulibally, avait affirmé à l'AFP par téléphone depuis Bangolo que "des militaires loyalistes parlant français et guéré (une langue locale), avaient attaqué ses positions à 04h30 (locales et GMT) vendredi matin, faisant de très nombreuses victimes "d'abord en pilonnant nos positions à l'arme lourde, puis ont tenté de prendre la ville".
De source militaire française, on avait indiqué vendredi soir qu'aucune incursion militaire gouvernementale, aérienne ou terrestre, n'avait été constatée dans la journée.
L'état-major de l'armée ivoirienne avait pour sa part démenti toute responsabilité dans cette attaque.
Toujours vendredi, les militaires français stationnés à Duékoué ont "intercepté" et désarmé plus d'une centaine de Libériens, "combattant pour le compte du gouvernement ivoirien", selon le porte-parole de l'Opération Licorne, le lieutenant-colonel Philippe Perret.
"110 combattants ont été interceptés (...). Ils appartiennent aux +forces Lima+", décrites comme des "supplétifs libériens" combattant pour le compte du gouvernement d'Abidjan dans l'extrême ouest de la Côte d'Ivoire, près de la frontière du Liberia. D'autres Libériens combattent aux côtés des deux mouvements rebelles qui contrôlent une partie de la région.
Ces Libériens sont toujours "détenus sous la garde de militaires français, en attendant l'arrivée sur place des autorités ivoiriennes et du HCR (Haut commissariat de l'Onu pour les réfugiés)", qui pourraient les prendre en charge, a indiqué le lieutenant-colonel Perret. Le porte-parole de l'état-major ivoirien, le lieutenant-colonel Jules Yao Yao, avait démenti samedi tout lien avec ces combattants libériens.
Source : Fraternité Matin