ABIDJAN, 27 janvier (IRIN) - Abidjan,
la capitale économique de la Côte d'Ivoire, a été envahie en fin de semaine
par des manifestants descendus dans les rues pour dénoncer l'accord signé
vendredi à l'issue de la table ronde ivoirienne de Paris. Les manifestants,
parfois violents, ont érigé des barricades, enflammé des pneus dans les
grandes artères de la ville, et attaqué des intérêts français.
L'agitation a commencé samedi soir avec
des rassemblements spontanés dans plusieurs quartiers de la capitale économique,
sur les pelouses des universités autour d'Abidjan et devant la base militaire
française. Dimanche, des hordes de jeunes des deux sexes ont envahi les
rues, perturbant l'activité économique. Ils s'en sont pris à plusieurs
intérêts français, notamment à l'ambassade de France, à plusieurs écoles
et commerces français, et ont déclaré qu'ils protestaient contre l'accord
paraphé vendredi, qui aurait selon eux mis le pays « à genoux », et constituait
une menace pour la souveraineté ivoirienne.
L'armée nationale ivoirienne, par le truchement de son porte-parole,a également exprimé son mécontentement vis-à-vis de l'accord, en soutenant que « certains points sont de nature à humilier les forces de sécurité et de défense, l'Etat et le peuple ivoirien".
Les écoles sont restées fermées ce lundi, tandis que le commerce et le transport étaient perturbés. Les Nations Unies, plusieurs missions et ambassades à Abidjan ont donné l'ordre à tous les membres de leur personnel de rester chez eux jusqu'à « nouvel ordre ».
Le président Laurent Gbagbo, revenu de France dans la soirée de dimanche, a invité les manifestants à « abandonner la rue » et à « aller au travail ». M. Gbagbo, qui a engagé des discussions avec plusieurs acteurs politiques au sujet de la situation qui prévaut, devait incessamment s'adresser à la nation.
L'organisation des « jeunes patriotes », qui a mobilisé les manifestations en appui au gouvernement de M. Gbagbo, a déclaré avoir annulé une manifestation prévue lundi devant l'ambassade des Etats-Unis. L'objectif de la manifestation était de « demander aux Etats-Unis de venir en aide au pays en péril, mis à genoux par la France ».
L'accord de 13 pages conclu vendredi entre les principales formations politiques et les trois groupes rebelles préconise, entre autres choses, la formation d'un gouvernement d'unité nationale qui serait dirigé par un premier ministre de « consensus », et une restructuration de l'arène politique. Les postes ministériels seront répartis entre les formations politiques et les trois groupes rebelles, en l'occurrence le Mouvement Patriotique de Côte d'Ivoire (MPCI), le Mouvement pour la Justice et la Paix (MJP), et le Mouvement Populaire Ivoirien du Grand Ouest (MPIGO).
L'accord est issu de neuf jours de négociations à Paris et a été suivi, samedi et dimanche, par une conférence des chefs d'Etats ouest-africains et de hauts responsables d'organisations internatinales. Samedi, M. Gbagbo a nommé Seydou Elimane Diarra au poste de premier ministre. M. Diarra, un diplomate de 69 ans, a occupé les fonctions de premier ministre durant la junte militaire de feu le général Robert Gueï.
Le sommet des chefs d'Etat a également approuvé la création d'un comité international pour le suivi de l'application de l'accord de Paris. Les dirigeants ont exhorté les bailleurs de fonds internationaux, tels que le FMI, la Banque africaine de développement et l'Union Européenne, à assister le pays pour qu'il puisse reconstruire son économie, fortement affectée par quatre mois de conflit.
Selon des sources et des analystes dans le pays, l'application imminente de l'accord, sera l'étape la plus ardue de la recherche de la paix en Côte d'Ivoire.
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