Arusha, 28 mars 2000 (FH) - Nelson
Mandela, le facilitateur dans les négociations de paix inter-burundaises,
a indiqué mardi aux négociateurs que les groupes rebelles Hutu dissidents
ont accepté, sans conditions préalables, de se joindre aux pourparlers
d'Arusha, en Tanzanie, rapporte l'agence de presse Hirondelle.
L'ancien président sud-africain a indiqué
qu'il a été très impressionné par les leaders rebelles dissidents qu'il
a récemment rencontrés en Afrique du Sud.
"Ils sont venus vers moi avec (...) des conditions difficiles qui auraient pu rendre la rencontre très difficile. Quand je leur ai dit que ce n'était pas la façon d'agir pour des leaders voulant l'unité et la paix et qu'ils devaient donc retirer leurs conditions, ils ne m'ont pas causé les problèmes, que j'ai parfois rencontrés ici, de rester rigides, entêtés et de ne penser qu'à eux. Ils ont immédiatement retirés ces conditions et viendront ici en avril en interlocuteurs s'impliquant pour la paix".
Mandela faisait référence à ses rencontres avec Jean-Bosco Ndayikengurukiye du CNDD-FDD et avec Kabura Cossana du FNL. Il a indiqué aux 19 délégations participant au processus d'Arusha qu'ils devaient accepter d'admettre les rebelles à ces pourparlers. "Maintenant, j'ai invité les leaders des rebelles à se joindre à ces discussions et aucun parmi vous, qui souhaite réellement la paix, objectera à leur présence".
Tout nouveau participant doit être accepté par chacune des délégations prenant déjà part aux pourparlers. Ceci comprend le courant principal du CNDD duquel le CNDD-FDD est une fraction dissidente.
Mandela a également indiqué qu'il a aussi été impressionné par le Ministre de la Défense du Burundi et par 5 officiers supérieurs qu'il a rencontré à Johannesburg. Au sujet tant des rebelles que des représentants de l'armée, il a ajouté "Non seulement soutiennent- ils le processus d'Arusha mais ils sont de plus en faveur d'une rapide résolution du conflit". Le facilitateur va même jusqu'à suggérer que les rebelles dissidents et l'armée, principalement Tutsi, seraient plus sérieux dans leur recherche de la paix que les négociateurs à Arusha.
"Je suis désolé de dire cela" leur a-t-il dit "mais en de très importants domaines, le Ministre de la Défense et les officiers supérieurs apparaissent très en devant des réflexions des partis politiques ici. Ils vous dépassent, tous mis ensemble, de la tête et des épaules. La même chose pour les groupes rebelles".
Mandela a annoncé qu'il se rendrait prochainement au Burundi "spécialement pour rencontrer l'armée afin de les informer sur ce qui se passe ici (...) Je suis confiant sur le fait que je serais bien accueilli par l'armée qui est une des forces très sensible à la crise. Ils veulent être une armée professionnelle qui n'aurait rien à voir avec les affaires politiques et nous devons leur permettre d'être libérés de tout implication politique. Laissez-les se consacrer à la défense de la souveraineté et à l'indépendance du Burundi et d'aider la police quand une crise apparaît à l'intérieur du pays. Ceci est la tâche de l'armée et j'irais les rencontrer pour discuter avec eux".
La réforme de l'armée est un des points clé dans les négociations de même que les arrangements pour un gouvernement de transition et qui le dirigera.
Mandela a fortement condamné les abus des droits de l'homme perpétrés par le gouvernement dirigé par les Tutsi. Il parlait depuis un podium o=F9 il cotoyait le Président du Burundi, Pierre Buyoya, qui s'était emparé du pouvoir dans un coup d'état sans effusions de sang en juillet 1996..
Le facilitateur a mentionné que des innocents
"se languissent en prison, simplement parce qu'ils ne sont pas d'accord
avec le chef d'état. D'autres ont été envoyés dans des camps de regroupement
et les Nations Unies ont déclaré que
ces camps de regroupement étaient inacceptables pour n'importe quel être
humain. Il y a des partis politiques ainsi que des médias qui sont critiques
vis à vis du gouvernement et qui ne sont pas autorisés. Cette situation
est totalement
inacceptable".
Mandela en appelle ensuite à Buyoya "
J'espère que mon président ici considérera cette question très sérieusement
car au moment o=F9 une percée est en vue, nous devons tous être au front
pour essayer de normaliser la situation et j'ai
confiance en lui qu'il aura le courage et la force de caractère d'aller
de l'avant".
Les rebelles dissidents ont demandé que le gouvernement libère les prisonniers politiques et ferment les camps de regroupement. Le gouvernement burundais a forcé des centaines de milliers de civils, principalement Hutus, dans ces camps en invoquant l'amélioration de la sécurité. Il a indiqué qu'il allait en fermer certains mais seulement quand la situation le permettrait. Jusqu'à maintenant, les fermetures s'enregistrent à une vitesse d'escargot seulement.
Parlant à la presse après coup, Buyoya a dit qu'il a parlé longuement de ces questions avec Mandela. "Ma réaction est très claire, premièrement, le Président Mandela doit considérer le gouvernement burundais et moi-même comme un important allié afin de compléter ce processus de paix et que nous allons assumer nos responsabilités de gouvernement. De plus, à ce stade, chacun a reconnu que le gouvernement a une responsabilité que d'autres n'ont pas. Tout ce que nous pouvons faire pour soutenir le processus de paix nous le fairons. Tout ce que nous ne pourrons pas faire, nous lui dirons pourquoi." Pressé sur la question des camps, il a répété que la question de la fermeture de ces camps était une affaire intérieure.
"Quand le Président parle des camps de regroupement, nous disons que cette question peut sans doute être résolue assez facilement car cela dépend seulement de la situation de sécurité, mais, pour la question des prisonniers politiques, nous devons déterminer qui est un prisonnier politique et qui ne l'est pas. Ce n'est pas quelque chose qu'un gouvernement peut faire d'un jour à l'autre".
Malgré sa critique de la politique de Buyoya, Mandela a néanmoins réclamé des burundais qu'ils respectent leur président ainsi que leurs deux anciens présidents qui sont également engagés dans le processus de paix. "Vous devez comprendre que vous devez avoir une certaine attitude face à quelqu'un qui occupe la position de président" a-t-il dit.
Mandela s'est ensuite tourné vers Buyoya et a continué : " Je ne suis pas intéressé à savoir comment il est arrivé au pouvoir, il est le Président du Burundi et nous ne pouvons pas l'ignorer. Mais il doit prendre certaines mesures afin de corriger beaucoup de choses qui vont mal et je le lui ai dit clairement dans mes discussions confidentielles avec lui. Il doit le faire mais aussi longtemps qu'il est le Président, il doit être respecté.
JC/MBR/FH (BU%0328)
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