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Burundi

Les travaux en commissions auraient fait quelques progres

Arusha, 3 mars 2000 (FH) - A la veille de la fin des travaux en commissions pour la présente session des pourparlers inter-burundais, les délégués et les observateurs étaient généralement confiants quant à la conclusion d'un accord global de paix dans deux ou trois mois.
Cependant la grande question est de savoir si les groupes rebelles dissidents seront amenés à rejoindre le processus.

Les pourparlers se déroulent actuellement en quatre commissions : celle de la nature du conflit (I), celle de la démocratie et de la bonne gouvernance (II), celle de la paix et de la sécurité pour tous (III) ainsi que celle de la reconstruction économique et du retour des réfugiés (IV).

Ce round des pourparlers devrait se terminer officiellement samedi matin. Aucune autre session en commissions n'est jusqu'ici prévue. Tout comme il n'y a pas encore de fonds disponibles pour la financer.

"Je dirais que les commissions pourraient probablement terminer leur travail lors d'une autre session," a indiqué le Suisse Julian Hottinger, vice-président de la deuxième commission, chargée de la démocratie et de la bonne gouvernance.

"Mais cela dépend," a ajouté Hottinger. "Nous pourrions, par exemple, avoir un problème sur des aspects du système électoral, et être bloqués pendant un moment. Donc impossible de dire exactement combien de temps il faut. C'est plus un sentiment qu'autre chose [...] et le sentiment que nous commençons à avoir est que nous verrons les points inscrits à l'agenda s'épuiser lentement mais sûrement."

"Cette session s'est bien passée," a estimé pour sa part le ministre burundais du processus de paix, Ambroise Niyonsaba. "Pour la première fois il y a des projets de protocoles d'accord. C'est une étape importante. Avant, nous avons discuté sans donner une vraie forme à ces discussions. Maintenant, il est essentiel que ces discussions continuent."

Le nouveau médiateur Nelson Mandela avait déclaré, dans son discours d'ouverture le 21 février, que les délégués pensaient que le temps était opportun pour la médiation de présenter des propositions de compromis. Ceci a été fait notamment dans les commissions II et III, là o=F9 les questions à débattre sont les plus controversées. Cependant ces propositions n'ont pas encore été rendues publiques et Niyonsaba a souligné "qu'il doit être bien compris qu'il s'agit de propositions et non de décisions".

Jean Minani, le leader exilé du principal parti hutu d'opposition le FRODEBU, a dit être déçu par le fait qu'il n'y a pas eu de progrès concrets.

"Pour nous, cette session était baptisée la dernière, du moins des commissions. Mais aujourd'hui on se rend compte que notre ambition n'a pas été atteinte et que nous n'avons pas avancé comme nous voulions. Néanmoins, nous pouvons dire que dans la I ère et la IV ème commissions, les choses se sont passées très bien et que ces deux commissions peuvent conclure aujourd'hui," a indiqué Jean Minani à l'agence Hirondelle.

"Il reste bien sûr des points de différences que nous pourrons harmoniser au sein d'une autre session mais à un niveau plus élevé," a-t-il ajouté. "Pour ce qui est des autres commissions, c'est à dire la commission qui est chargée des problèmes de démocratie et de bonne gouvernance, et la III ème commission qui est chargée d'étudier la sécurité pour tous et les forces de défense ; pour ces deux, il n'y a pas eu beaucoup de progrès mais nous espérons qu'aujourd'hui, et jusqu'à demain, nous aurions pu voir dégager des points de convergence," a-t-il poursuivi. Il a indiqué que l'idée de la médiation de présenter des protocoles d'accord était bonne.

"J'aurais dit que j'étais très déçu s'il n'y avait pas ce draft. Il y a eu un progrès quand même. Il est petit mais il y a eu un progrès. Aujourd'hui, on a un document de travail qui est accepté par tout le monde et sur lequel les gens sont en train de travailler," a dit encore Jean Minani.

En réalité, un compromis n'a pas encore été atteint sur les points clés comme la formation d'un gouvernement de transition, le futur système électoral, la réforme de l'armée et l'amnistie pour les crimes commis dans le passé.

Dans la commission II qui traite notamment des institutions et des questions électorales, le vice-président Hottinger a dit qu'un accord s'est dégagé sur plusieurs principes mais pas encore sur les détails techniques.

Par exemple les dix-huit délégations présentes proposent une période de transition allant de six mois à sept ans. Le médiateur propose trois ans comme possible compromis, mais le débat reste ouvert.

La commission III examine actuellement la question cruciale de la réforme de l'armée et de l'intégration des rebelles hutus dans l'armée à majorité tutsie. Ceci est peut-être la question la plus sensible de toutes et quelques groupes tutsis contestent même le principe.

"Le gouvernement a déjà indiqué qu'il est possible d'imaginer des membres des groupes armés dans l'armée," a dit le ministre Niyonsaba à l'agence Hirondelle. Mais il a expliqué qu'il était encore trop tôt pour commencer à parler des proportions entre les communautés (Hutus, Tutsis, etc.) tant que les rebelles n'ont pas encore été amenés à la table des négociations. "Il est prématuré d'examiner cette question quand ces messieurs ne sont pas encore là," selon Ambroise Niyonsaba.

Le porte-parole de l'équipe de médiation Hashim Mbita avait indiqué en début de semaine que le comité III pourrait ne pas aborder les derniers points inscrits à son agenda, la cessation des hostilités et l'accord de cessez-le feu, tant que les rebelles ne seraient pas là. Mandela a dit que les amener à la table des négociations était une priorité. Mais malgré les contacts en cours, il n'a pas encore réussi à rencontrer leurs dirigeants.

"Comme vous le savez, il y a une importante question qui n'a pas encore été réglée, celle d'amener les groupes armés à la table des négociations," a indiqué le président de la IVème commission, l'Autrichien Georg Lennkh. "Je crois qu'en l'état actuel des choses, ils ont été invités avec insistance, et il leur sera plutôt difficile d'expliquer pourquoi ils ne viennent pas, parce qu'en réalité ils ont reçu des assurances qu'on va tenir compte de leurs intérêts. Je crois qu'une décision en ce qui concerne la manière dont nous procéderons sera prise dans les semaines qui viennent."

"Quant au reste, je pense que les solutions peuvent être trouvées s'il y a la volonté. Je crois que notre commission a montré qu'il y a un désir de compromis de la part de toutes les parties, une volonté d'aboutir à des solutions viables et de dire essayons de faire cela ensemble."

JC/AT/KAT/FH

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