Par Hannah Powell Losada
Burundi - Egide* est un riziculteur d'un village rural de l'ouest du Burundi. Chaque soir, il retourne chez lui après de longues heures de travail dans les champs. Mais il y a une nuit qu'il n'oubliera jamais.
Un soir d'avril 2017, un groupe d'hommes armés a attaqué le taxi dans lequel Egide se trouvait, tirant sur les roues et soufflant un des pneus. Les hommes ont démonté Egide avec véhémence de la voiture, lui ont bandé les yeux et l'ont conduit pendant environ une heure jusqu'à ce qu'il crût être en République du Congo (RDC). Les hommes armés ont laissé Egide quitter la voiture et marcher le reste du chemin les yeux bandés.Home Picture Egide
"Je me souviens d'avoir traversé une rivière, c'était profond et tous mes vêtements étaient mouillés. La seule rivière que je connais comme celle-ci est celle qui sépare le Burundi de la RDC”, se rappelle Egide. À la fin de son périple et toujours les yeux bandés, Egide et ses ravisseurs ont atteint un bâtiment où il a été gardé dans une petite chambre vide.
Bien qu’Egide ne sache pas pourquoi, il était la cible. L'enlèvement est chose fréquente dans la région où vit Egide, car les groupes rebelles armés et les bandits de la région du Kivu au RDC utilisent la rançon versée par les familles pour récupérer leurs proches comme une source régulière de revenus.
Après l'attaque, de retour au Burundi, le chauffeur de taxi est allé à la maison d'Egide et a informé sa femme de l'enlèvement. Paniquée, la femme d'Egide appella ses amis et sa famille, demandant ce qu'elle pouvait faire pour retrouver son mari. Une de ses amies, une bénévole d'une ONG locale, avait entendu parler d'une ligne verte nationale, qui fournit des informations et de l'aide aux communautés vulnérables depuis le début de la crise politique au Burundi. Il conseilla à Diane*, l'épouse d'Egide, de composer le code 109 pour contacter la ligne verte afin obtenir de l’aide.
Un opérateur de la ligne verte écouta ce qui arriva à Egide et utilisa son expérience avec d'autres affaires d'enlèvement pour guider Diane à travers le processus de rançon. Les opérateurs de la ligne verte guidèrent Diane sur la façon de parler avec les ravisseurs afin de maximiser les chances de survie d'Egide. Ils restèrent en contact à chaque instant, jusqu'à ce que la libération d'Egide ait été négociée avec succès. Une fois informé qu'Egide avait été libéré, Diane et un policier local partirent à sa recherche jusqu'à ce qu'ils le retrouvèrent. Il était déshydraté, faible et effrayé près de la rivière qu'il avait initialement croisée avec ses kidnappeurs. Dans un état d'intense anxiété, il avait passé environ dix jours dans une pièce vide. Avec pour seule nourriture une patate douce par jour que ses ravisseurs lui avaient donnée et buvant l'eau d’une flaque sale se trouvant dans sa chambre.
Une fois qu'Egide fut en sécurité, la ligne verte l'envoya à une organisation locale afin de recevoir un traitement contre la déshydratation et la faim. L'information et l'assistance fournies par le numéro 109 ont permis à la famille d'Egide de répondre efficacement à la situation d'enlèvement. Jacqueline*, une des opératrices de la ligne verte, estime que son travail à la ligne verte est essentiel pour aider les Burundais en situation de crise et est heureuse de faire partie de l'équipe qui travaille ensemble pour gérer la ligne verte et offrir un soutien continu aux appelants.
Lancée en octobre 2015, cette ligne verte est une coopération interinstitutionnelle de l'Organisation Internationale pour les Migrations (OIM), la Croix-Rouge du Burundi, le Bureau de la coordination des affaires humanitaires des Nations Unies (OCHA), Vision du Monde (WVI) et Caritas Burundi. Au cours des deux dernières années, la ligne verte a répondu à plus de 6300 appelants des quatre coins du pays, consultables en ligne via Community Response Map Burundi.
Aujourd'hui, les opérateurs de la ligne verte continuent à travailler afin d'établir un lien entre Egide et d'autres victimes aux principaux services d'urgence. Assurant ainsi une bouée de sauvetage aux communautés vulnérables du Burundi et leur permettant de bénéficier d'une aide d'urgence et d'une protection contre la violence.
- Les noms ont été modifiés pour protéger leur identité
Disclaimer
- UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs
- To learn more about OCHA's activities, please visit https://www.unocha.org/.