FONDATION HIRONDELLE - AGENCE DE PRESSE
HIRONDELLE A ARUSHA
POURPARLERS DE PAIX INTERBURUNDAIS
NEWS DU 22 FEVRIER 2001
Arusha, le 22 février 2001 (FH) -
La question du leadership de la transition va dominer les débats du
sommet régional sur le Burundi prévu à Arusha lundi. On y parlera également
de la cessation des hostilités. Ce sont principalement ces deux questions
qui bloquent la mise en application de l'accord de paix signé le 28 août
dernier par 19 parties burundaises à Arusha. Le sommet régional sera suivi
par un autre round de négociations, consacré également à ces questions
encore en suspens.
L'agence Hirondelle présente une biographie sommaire des candidats déclarés à la présidence de la transition.
Pierre Buyoya
L'actuel président du Burundi, le major Pierre Buyoya, est le candidat du plus grand parti pro-tutsi, l'UPRONA. Il est aussi soutenu par le gouvernement, l'assemblée nationale et le PSD.
Pierre Buyoya est apparu sur la scène politique en 1987 quand il a renversé le colonel Jean-Baptiste Bagaza dans un coup d'état non sanglant. Sa popularité s'est accru en 1992 avec l'adoption de la charte de l'unité nationale, ainsi que l'amendement de la constitution qui a conduit au pluralisme politique couronné par des élections présidentielles et législatives en 1993.
Candidat du parti au pouvoir UPRONA, Pierre Buyoya fut vaincu par le candidat du parti FRODEBU à majorité hutue, feu Melchior Ndadaye, avec plus de 60% des suffrages exprimés. Buyoya accepta la défaite électorale et passa son bâton de commandement au vainqueur le 10 juillet 1993, dans ce qui fut perçu comme "la victoire de la démocratie" au Burundi.
Cette victoire de la démocratie fût cependant de courte durée, car le président élu Ndadaye n'assuma ses fonctions que pendant trois mois. Il fut assassiné dans une tentative de coup d'état le 21 octobre 1993. Plusieurs hauts cadres de l'Etat furent également tués, dont le président et le vice-président de l'assemblée nationale. Depuis lors, le pays fut plongé dans la pire des guerres civiles, qui continue à coûter des vies humaines encore aujourd'hui. Cyprien Ntaryamira, qui fut désigné pour remplacer Melchior Ndadaye, périt dans l'accident d'avion qui a coûté la vie à l'ancien président du Rwanda Juvénal Habyarimana le 6 avril 1994.
Sylvestre Ntibantunganya lui succéda, mais il ne put améliorer une situation chaotique héritée de son prédécesseur, sans autorité réelle sur l'armée dont il était pourtant supposé être le commandant suprême. Le pays devenait ingouvernable, avec des assassinats quotidiens en plein jour et des disparitions systématiques des hauts dignitaires du pays; les centres urbains sont transformés en hutulands et en tutsilands, dans ce qui avait été qualifié de "nettoyage ethnique".
Le 25 juillet 1996, Pierre Buyoya revient sur la scène, il renverse Sylvestre Ntibantunganya dans son deuxième putsch "pour sauver la situation." Il promet de restaurer la paix et la sécurité dans le pays, et d'en finir définitivement avec les groupes rebelles. Le retour de Buyoya fut salué par une protestation vigoureuse de la communauté internationale, qui demandait le retour à un gouvernement civil. Réagissant au coup d'Etat de Pierre Buyoya, les chefs d'Etat de la région imposèrent un embargo économique contre le Burundi. Il sera levé en 1999 après que Buyoya ait accepté de négocier avec l'opposition. Entamées mi-1998, ces négociations sont toujours en cours.
Domitien Ndayizeye
Secrétaire Général du principal parti pro-hutu d'opposition, le FRODEBU, cet ingénieur industriel de 48 ans a vécu en exil dans les années 70-80, o=F9 il prenait part à des mouvements estudiantins et des groupes politiques, dont le Mouvement pour l'Emancipation et le Progrès des Barundis (MEPROBA). Il a milité au sein dudit mouvement entre 1977 et 1992 en Belgique et au Rwanda. Il est retourné au pays après la victoire du FRODEBU aux présidentielles de 1993. Il a été haut cadre du même parti depuis 1992 jusqu'aujourd'hui.
Entre 1994 et 1995, Domitien Ndayizeye a notamment travaillé comme administrateur général de la documentation nationale (service de renseignements) et des migrations chargé des migrations, puis comme attaché au bureau de l'administrateur général de la documentation nationale. Dès février 1998, il est cadre d'appui au ministère chargé du processus de paix. Peu connu du public, il bénéficie néanmoins d'un soutien au sein des instances dirigeantes de son parti, le FRODEBU et d'une bonne partie des partis pro-hutu du groupe des sept (G7).
Colonel Epitace Bayaganakandi
Soutenu par une coalition de six partis pro-tutsis de représentation relativement faible (G6). Ces partis sont principalement implantés au centre du Burundi.
Promu en 1993 par Melchior Ndadaye au poste de chef d'Etat major de la gendarmerie (police militaire), il deviendra administrateur général de la police de l'air et des frontières (PAFE) sous le président Ntibantunganya.
Après le coup d'Etat de 1996, il fut nommé ministre de l'intérieur par Pierre Buyoya. Tombé en disgrâce par la suite, il sera "dégradé" au poste de directeur général de la Société de déparchage et de conditionnement du café (SODECO). Sa popularité à l'intérieur du pays est plutôt faible, et il est difficile d'évaluer ses soutiens au sein de l'armée.
Jean Baptiste Bagaza
C'est un militaire de carrière, qui avait atteint le grade de colonel. Il est candidat du parti PARENA qu'il dirige. Il a assumé la présidence du Burundi de 1976 à 1987, après avoir renversé le capitaine Michel Micombero à la suite d'un coup d'Etat.
Le major Buyoya, qui l'a à son tour renversé lors d'un coup d'Etat, est son cousin. Jean-Baptiste Bagaza participait alors à un sommet de la francophonie au Québec (Canada). Jean- Baptiste Bagaza sera contraint à l'exil en Libye jusqu'en 1993.Le président Ndadaye lui permettra de retourner au pays.
Bagaza reprendra ensuite petit à petit son activité politique et il fonde le parti PARENA (Parti pour le Redressement National). En 1997, le régime Buyoya accuse Bagaza de fomenter un coup d'Etat. L'ancien président est placé en résidence surveillée. L'année suivante, Bagaza s'exile à nouveau, en Ouganda, craignant pour sa sécurité, à la suite de nouvelles allégations de fomenter un putsch contre Buyoya. C'est là o=F9 il vit actuellement.
Jean-Baptiste Bagaza garde le crédit d'avoir initié des projets de développement économique jamais réalisés par ses prédécesseurs ou ses successeurs. Il a notamment mis sur pied un réseau routier - un des meilleurs d'Afrique- et lancé la fameuse politique de "villagisation" qui ont valu au Burundi le sobriquet de la "Suisse d'Afrique." Cependant, il a aussi entrepris une politique de discrimination contre la majorité ethnique hutue, surtout dans le domaine de l'éducation supérieur et universitaire.
Certaines sources indiquent que Bagaza est encore populaire aujourd'hui au sein d'une section des hauts officiers de l'armée burundaise.
Albert Mbonerane
Candidat du mouvement rebelle pro-hutu du CNDD. Ancien moine de la Congrégation des Frères Saint Joseph de Giheta, non loin de Gitega (centre du pays) revenu à la vie civile, il est relativement peu connu du public. Albert Mbonerane a été notamment journaliste. Il avait été nommé ambassadeur du Burundi en Allemagne sous la présidence de Melchior Ndadaye.
Térence Nsanze
Candidat du parti pro-tutsi ABASA qu'il dirige. Il est originaire de Bururi (sud du pays).
Moins connu de la population des campagnes, il est en revanche célèbre dans les milieux intellectuels à l'intérieur et à l'extérieur du pays pour ses aptitudes oratoires. C'est un diplomate de carrière. Il a représenté le Burundi à l'ONU sous les régimes Bagaza et Micombero, et sous Ntibantunganya. Il est soutenu essentiellement par son propre parti.
Augustin Nkundabashaka
Candidat de dernière minute du parti pro-hutu PALIPEHUTU, qui avait au départ soutenu le candidat du FRODEBU, Domitien Ndayizeye. Le PALIPEHUTU a expliqué qu'il a perdu confiance dans le parti FRODEBU. Son candidat n'est pas connu du grand public.
Candidats indépendants
Des candidats indépendants se sont déclarés également. Parmi eux figure l'ambassadeur Frédéric Ndayegamiye, un membre du parlement burundais qui vit en exil au Canada. Il propose un gouvernement sans partis politiques durant la période de transition. "Le gouvernement travaillerait comme une équipe dans un système de gestion collégiale et de co-responsabilité des citoyens," dit-il. Il a été également, à un moment donné, question d'un candidat représentant les "chômeurs".
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