Au Burundi, Action contre la Faim enregistre
de plus en plus de cas de malnutrition sévère, signes avant coureurs d'une
crise nutritionnelle aiguë.
Depuis septembre dernier, la situation
nutritionnelle se détériore : les cas de malnutrition aiguë explosent.
En quatre mois, le nombre d'enfants admis dans nos centres nutritionnels
thérapeutiques, a plus que doublé passant de 255 à 577 en décembre, dans
les provinces de Ruyigi, Ngozi et Kayanza.
Le Burundi connaît de manière chronique des pénuries alimentaires mais, cette année, elles prennent une ampleur exceptionnelle compte-tenu de facteurs cumulés :
- Des perturbations climatiques :
D'importantes pertes de production ont été occasionnées par des pluies irrégulières et peu abondantes, lors de la récolte d'octobre / novembre dernier.
Traditionnellement, les récoltes de la saison culturale suivante permettaient d'atténuer les difficultés de soudure. Mais les premiers mois de 2003 laissent présager de nouveaux des récoltes très insuffisantes (en qualité et quantité) pour répondre aux besoins alimentaires des populations à très court terme et aux besoins de semences pour les saisons culturales suivantes.
- Un climat d'insécurité persistant :
Le Burundi est en proie à une longue guerre civile. Elle a fait, selon l'ONU, près de 300 000 morts, 500 000 réfugiés et des centaines de milliers de déplacés. De juillet à novembre 2002, les conflits armés se sont intensifiés dans les provinces de l'est et du centre entraînant des pillages et des vols ainsi que d'importants déplacements internes de populations. Malgré les accords de cessez-le-feu d'octobre et décembre 2002, les affrontements ont repris dans le pays. Aujourd'hui certaines zones restent encore inaccessibles, en particulier la plaine du Moso (Est du Burundi, zone frontalière de la Tanzanie), laissant présager une crise nutritionnelle plus grave encore.
- Des zones d'épidémies de paludisme :
Depuis septembre 2002, des épidémies de malaria ont ravagé certaines provinces, ce qui a fortement affaibli les populations. Ainsi dans la région de Kayanza, le nombre de cas a augmenté de 95% entre septembre et octobre 2002.
Cette détérioration du contexte sanitaire a contribué à la dégradation de la situation nutritionnelle de ces populations, à l'augmentation des dépenses de santé de ces ménages déjà sans ressources, et les ont privé d'une partie de leur force au travail.
En parallèle, et compte-tenu de la rareté des produits alimentaires de base et de la dépréciation de la monnaie locale, les prix sont à la hausse, tendance qui devrait se poursuivre dans les prochains mois.
Afin de faire face à l'urgence, Action contre la Faim renforce ses capacités de prise en charge des populations touchées par la malnutrition et développe une stratégie active de dépistage en allant à la rencontre des populations reculées.
Face à la gravité de la crise actuelle, la Communauté Internationale doit de même se mobiliser rapidement afin que des distributions alimentaires générales soient effectuées dans tout le pays, et enrayer ainsi la détérioration de la situation nutritionnelle.
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