Bujumbura, Burundi - Au moins trois
ténors de l'opposition radicale tutsie (ethnie minoritaire au Burundi)
au régime de l'actuel chef de l'Etat, le major Pierre Buyoya, sont actuellement
en prison ou en fuite dans des représentations diplomatiques pour des raisons
politiques, a-t-on constaté sur place dans la capitale burundaise.
Un conseiller personnel du major Pierre
Buyoya, Alphonse Rugambarara, passé depuis peu à l'opposition dont il est
devenu le porte-parole, a été arrêté samedi soir par la police au sortir
d'une conférence de presse sur l'évolution du processus de paix inter burundais
pour aussitôt rejoindre la prison centrale de Bujumbura sous le chef d'inculpation
"d'outrage au président de la République" que lui a brièvement
signifié le parquet.
Avisé peu avant son arrestation d'une présence policière sur les lieux de la conférence de presse, M. Rugambarara a juste eu le temps de glisser aux journalistes n'avoir enfreint à aucune loi et exigerait des preuves suffisantes avant de se laisser embarquer par les agents de l'ordre. En lieu et place d'une explication, c'est un mandat d'arrêt qui lui a été présenté.
De l'avis de ses avocats approchés par la presse, leur client était sous le coup de poursuites judiciaires depuis quelques semaines après avoir affirmé, publiquement lors d'une précédente sortie médiatique, que le major Buyoya était "complice" de la guerre civile en cours dans le pays, sans plus de précisions.
Ils ont exclu que l'arrestation du remuant chirurgien dentiste, entré récemment en politique, soit directement liée à la conférence de presse "anodine" de samedi soir.
Une coalition de huit petits partis d'obédience tutsie dits du "G8", s'étaient retrouvés samedi face à la presse pour réaffirmer leur détermination à faire passer la candidature d'un colonel de l'armée régulière, Epitace Bayaganakandi, dans la course pour la direction de la période de transition, ouverte aux termes de la signataire des accords de paix inter burundais du mois d'août 2000, à Arusha, en Tanzanie.
"Le "G8", par la voix de son porte-parole, Alphonse Rugambarara, a tenté, samedi encore, de contrecarrer les arguments du régime en place mettant en avant la signature préalable d'un cessez-le-feu avec les mouvement rebelles burundais avant d'envisager une quelconque course pour le pouvoir.
Les animateurs de la conférence de presse ont particulièrement fustigé "la main tendue" du major Buyoya aux mouvements rebelles, indiquant qu'avec leur candidat à la présidence, il sera fait en sorte que l'Etat soit suffisamment fort pour que ce soient les groupes armés qui demanderont à rejoindre la table des négociations, et non l'inverse.
Le "G8" a néanmoins fait preuve d'ouverture en déclarant, pour la première fois, que si la situation socio-politique et sécuritaire l'exigeait, l'actuel ministre de la Défense, le colonel Cyrille Ndayirikiye, pourrait bénéficier de l'appui de la même coalition tutsie, en remplacement d'Epitace Bayganakandi.
La démarche du "G8" se trouve néanmoins de plus en plus affaiblie par les tracasseries policières et judiciaires qu'il subit de la part du régime en place.
Alphonse Rugambarara a été arrêté samedi au lendemain d'une brève mise en liberté conditionnelle de son compagnon de lutte au sein du "G8", Rie Masumbuko.
Ce haut fonctionnaire à la retraite de l'Organisation mondiale de la Santé (OMS) et ancien ministre est réfugié depuis vendredi dans les locaux du Haut Commissariat des Nations Unies pour les Droits de l'Homme à Bujumbura, par crainte de retourner en prison.
C'est devenu un réflexe pour les opposants au régime en place au Burundi de recourir à la protection du bureau du Haut Commissariat pour les Droits de l'Homme à Bujumbura.
Rutamucero Diomede, un membre influent de la société civile, proche du "G8" se trouve en réfugié, dans les mêmes locaux des Nations Unies depuis plusieurs semaines après avoir séjourné, pour la douzième fois consécutive en trois ans, à la prison centrale de Mpimba, à Bujumbura, pour les mêmes raisons d'activisme politique.
On rappelle que c'est dans ce contexte de chicanes politiques sur l'ordre des priorités dans l'application des accords de paix inter burundais que le parlement vient, à nouveau, de se poser en arbitre de dernier recours.
Pour Leonce Ngendakumana, président du parlement, il se pourrait que le médiateur dans la crise burundaise, l'ex-président sud-africain Nelson Mandela, se lasse des "querelles burundo-burundaises".
Le parlement sera, dans ces conditions, obligé de trancher pour un candidat sur la base de sa légitimité populaire, a-t-il averti.
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