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Burundi: Survivre sur un fil - Interventions 82

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Pays d'Afrique des Grands Lacs à peine plus grand que la Bretagne, le Burundi est en proie à une insécurité alimentaire dite chronique qui précipite les plus vulnérables dans l'urgence au moindre choc. Elise Rodriguez, du service communication, revient du Burundi.
Il est midi au centre nutritionnel thérapeutique de Kayanza, petite ville au nord-ouest du Burundi. C'est l'heure de la prise de lait pour les 134 enfants actuellement admis par le centre d'Action contre la Faim. Espérance est âgée de 6 mois mais en paraît deux. Sa mère ne peut plus l'allaiter et le bébé est trop faible pour ingurgiter le lait thérapeutique. Il faut immédiatement lui poser une sonde pour l'aider à se nourrir, sinon, elle risque de mourir.

Espérance a été admise en phase 1, elle est atteinte de malnutrition sévère, c'est à dire qu'elle pèse moins de 70 % de son poids normal pour sa taille actuelle. Pour la sauver, il faut qu'elle suive le Espérance doit boire toutes les 3 heures le lait F75 et bénéficie d'un traitement antibiotique.

Si Espérance retrouve peu à peu l'appétit, elle pourra passer en "phase de transition" au cours de laquelle on lui donnera un lait beaucoup plus énergétique afin qu'elle commence à reprendre du poids. C'est également le moment où la petite fille recommencera peut-être esquisser des sourires. Ensuite viendra la phase 2 où elle restera autant de temps qu'il faudra pour atteindre son poids cible calculé pour chacun des petits patients, soit 85 % de son poids normal. Enfin, Espérance achèvera son séjour au centre par la phase 3 au cours de laquelle elle recommencera à manger le plat familial afin qu'elle puisse se stabiliser et quitter le centre pour retrouver son foyer.

Ce sont près de 450 enfants qui, comme Espérance, sont actuellement accueillis dans les centres nutritionnels thérapeutiques d'Action contre la Faim pour traiter la malnutrition sévère au Burundi. L'association prend également en charge 2 800 personnes vulnérables, c'est-à-dire les enfants de moins de 5 ans et les femmes enceintes ou allaitantes, dans ses centres nutritionnels supplémentaires.

Un risque permanent de crise alimentaire

"Action contre la Faim est l'un des principaux acteurs sur le terrain pour les problèmes de nutrition au Burundi, et les besoins sont énormes" explique Isabelle Roubeix, chef de mission pour Action contre la Faim. " Le contexte d'inter vention est particulièrement complexe car nous sommes dans une configuration où les crises alimentaires sont récurrentes mais il est difficile d'anticiper leur ampleur. "

A peine sortis de 12 ans de guerre civile, les Burundais accumulent les contraintes et les difficultés. Pays composé à 95% d'agriculteurs, le Burundi vit au rythme des saisons et est largement dépendant de la production agricole. Cette dépendance, et donc le risque constant de pénurie alimentaire, est accrue par le fait qu'il s'agit d'une agriculture de subsistance : quand les récoltes sont mauvaises, c'est la sur vie des familles qui est en jeu. Les aléas climatiques (sécheresse, grêle...) ont des répercussions quasi immédiates sur la situation nutritionnelle des populations et plus particulièrement celle des enfants qui sont plus vulnérables. Si les caprices du ciel représentent un facteur déterminant de l'insécurité alimentaire des ménages, des difficultés structurelles maintiennent - voire entraînent - la plupart des Burundais dans une très grande précarité ; et la crise humanitaire grave n'est jamais très loin.

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