Aperçu du plan de réponse
Le Burundi est l’un des pays les plus exposés aux effets du changement climatique avec pour conséquence une augmentation des fréquences mais aussi de l’ampleur des catastrophes naturelles qui y surviennent. Classé 169-ème sur 181 pays selon le ND-GAIN country index 20211 , le Burundi fait aussi partie des pays les moins préparés à répondre aux conséquences du changement climatique. Les chocs qui découlent de ces conséquences, s’associent aux différents facteurs socio-économiques et exacerbent les vulnérabilités et les divers défis structurels.
Cette situation impacte la capacité des groupes de populations les plus vulnérables à se relever, à faire face aux nouveaux chocs et à maintenir leur résilience. À partir d’octobre 2023, un épisode du phénomène climatique El Niño combiné à un dipôle positif de l'océan Indien (IOD) a provoqué des inondations dans toute l'Afrique de l'Est, y compris au Burundi.
Ainsi, d’octobre 2023 à mars 2024, plus de 184 000 personnes ont été affectées par les catastrophes naturelles dans le pays (soit plus de la totalité des 106 000 personnes affectées tout au long de l’année 2022), dont plus de 30 000 se sont déplacées. Selon les estimations du Secteur de la Sécurité Alimentaire et des moyens d’existence, sur la même période, ces catastrophes naturelles ont impacté près de 40 000 hectares de champs cultivés soit 10% des superficies sous cultures vivrières du pays pour la saison culturale 2024 A. Le secteur Abris/Articles Non alimentaires (ABRIS/ANA) indique quant à lui que plus de 6 000 maisons ont été détruites, tandis que le Secteur Education note la destruction de plus de 100 salles de classes, particulièrement dans les localités situées le long du lac Tanganyika. Cette situation est d'autant plus alarmante que la période d’octobre à décembre correspond à la "petite saison " des pluies, alors que la "grande saison" des pluies, qui cause généralement le plus de dégâts, devrait durer de février à mai 2024.
Selon les prévisions, l’épisode El Niño devrait se poursuivre au courant d’une grande partie de la première moitié de l'année 2024 avec une probabilité plus élevée de conditions plus humides que la normale. Les précipitations plus importantes que la moyenne, causées par El Niño jusqu'à présent ont déjà entraîné une augmentation significative des niveaux d'eau dans le bassin du lac Tanganyika. A la date du 14 Mars 2024, le niveau du lac Tanganyika se situait à 776,72 m dépassant ainsi le niveau le plus élevé du lac au cours de l’année 2023 qui se situait à 776,46 m et avait été enregistré le 8 mai de la même année (bulletin de suivi de la montée des eaux du lac Tanganyika et de son principal affluent « la rivière Rusizi », IGEBU). Les prévisions de l’IGEBU indiquent également que les niveaux maximums du lac Tanganyika (normalement observés en mai) pourraient être plus élevés en mai 2024, les niveaux actuels étant plus élevés que ceux observés en mai 2021 (776,68 cm) où plus de 65 000 personnes avaient été affectées et d'énormes dommages enregistrés le long du lac.
Cette situation compromettra une fois de plus les moyens de subsistance des populations déjà fragilisées par une extrême pauvreté et ayant subi des déplacements répétitifs. Les conditions de vie précaires des déplacés internes, et des communautés d'accueil demeurent alarmantes et pourraient être aggravées par la pauvreté et le manque d'opportunités économiques ainsi que ces nouveaux défis. Dans le contexte du Burundi, les individus aux vulnérabilités multiples, tels que les rapatriés, les personnes déplacées à l'intérieur du pays, les personnes touchées par des catastrophes naturelles, particulièrement les personnes à besoin spécifiques, sont connus pour être particulièrement vulnérables aux risques multiples de protection y compris les violences basées sur le genre (VBG) et la traite des êtres humains.
Compte tenu de l’urgence et de la faiblesse des capacités de réponses disponibles, l’Equipe Humanitaire Pays et la Plateforme Nationale de Prévention des Risques et Gestion des Catastrophes ont recommandé à l’Inter-secteurs (ISC), d’élaborer un plan de réponse aux inondations et effets d’El Niño.
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