APERÇU DE LA CRISE
La population du Burundi est de plus en plus affectée par l’impact néfaste de la crise politique qui a débuté en avril 2015, en particulier la violence qu’elle a générée et la détérioration du contexte socio-économique. Les besoins humanitaires sont visibles: environ 1,1 million de personnes nécessitent protection et une assistance humanitaire immédiates, y compris l’accès urgent aux services essentiels de base et à des moyens de subsistance.
Avec une population de 10,1 millions d’habitants, le Burundi est l’un des pays les plus pauvres. Le Burundi est classé par la Banque mondiale comme un pays à faible revenu. Le dernier rapport du PNUD sur le Développement humain de 2015 place le Burundi en position 184e (sur 188 pays et territoires) avec une espérance de vie de 56,7 ans et un taux de mortalité infantile de 82,9 décès d’enfants de moins de cinq ans pour mille naissances. L’impact humanitaire de la crise politique survenue en 2015 sera davantage accentué au courant de l’année de 2016.
La protection des populations au centre de la crise au Burundi
La crise de protection, notamment liée à la violence, les menaces et l’intimidation envers la population civile et les violations des droits humains caractérisent la situation humanitaire. La détérioration des conditions socio- économiques en raison du ralentissement de l’économie, la réduction de l’accès aux services de base ainsi que les catastrophes naturelles telles que des inondations localisées, ont déclenché de nouveaux besoins humanitaires et menacent davantage la sécurité et la dignité des personnes les plus vulnérables, en particulier des jeunes, des femmes et des enfants, qui ont déjà adopté des stratégies d’adaptation néfastes.
La violence politique et les violations des droits humains les plus fondamentaux demeurent la principale menace pour la population burundaise.
Pour atténuer les souffrances et les pertes de vies, en absence d’un environnement protecteur, les groupes les plus vulnérables ont un besoin urgent de sûreté et sécurité; le respect de leur dignité; et un accès sûr et équitable à des services essentiels fonctionnelles. Depuis avril 2015, environ 1,1 millions de femmes, d’hommes et d’enfants ont été confrontés à des menaces physiques et psychologiques, des intimidations et d’autres abus. Cette situation est exacerbée dans certains quartiers de la capitale. Selon l’UNICEF 249 enfants seraient détenus arbitrairement depuis avril 2015.
Au moins 743 personnes auraient été tuées et des centaines d’autres blessées; plus de 4 700 cas de violations des droits humains ont été enregistrés depuis le début de la crise. Les cas de viol et d’agressions sexuelles contre les femmes et les filles ont augmentés. Les hommes et les jeunes sont victimes d’arrestations arbitraires et d’exécutions sommaires. Filles et garçons ont eu leur éducation perturbée, principalement là où les écoles ont été occupées par les forces de sécurité ou lors d’attaques à proximité des établissements scolaires.
Déplacement des populations
D’après l’UNHCR, depuis le début de la crise, plus d’un quart de million de Burundais, dont plus de la moitié sont des enfants, ont fui leurs maisons vers des pays voisins, craignant pour leur vie et ont trouvé refuge dans cinq pays d’asile. Aussi, d’après l’OIM et le secteur protection, il est estimé que 70 000 personnes sont déplacées à l’intérieur du pays et que 70% d’entre eux résident dans des familles d’accueils notamment dans les provinces de Bujumbura Mairie, Rutana, Makambe, Gitega, Bujumbura Rural et Ruyigi, accentuant la pression sur les communautés hôtes dont les ressources et l’accès aux services sont limités.
Détérioration de la sécurité alimentaire, la nutrition et les moyens de subsistance
Les limitations de mouvement dues à l’insécurité -réelle ou perçue- ont eu un impact important sur les activités économiques, réduisant l’accès aux moyens de subsistance et la disponibilité alimentaire et engendrant une augmentation des prix des denrées alimentaires sur les marchés. Plus de 35% de la population burundaise souffre d’insécurité alimentaire. 689.000 personnes sont en insécurité alimentaire sévère et ont déjà mis en place des stratégies négatives d’adaptation (FSMS Décembre 2015). Le taux de malnutrition est également en hausse. On estime que 50 000 enfants de moins cinq ans souffrent de malnutrition aiguë sévère (MAS).
Accès restreint aux services de base
L’insécurité et la violence ont limité l’accès en toute sécurité des populations aux services sociaux de base.
Les compressions budgétaires et la suspension d’un appui budgétaire directe ont eu des conséquences sérieuses sur la capacité du gouvernement à financer tels services. Plusieurs bailleurs ont restreint et/ou redirigé leurs contributions financières directes au budget du gouvernement. Selon le PNUD, la crise politique a déjà un impact sur la prestation des services sociaux avec des coupes budgétaires dramatiques en 2016 pour la santé (54%), l’agriculture (14%), l’éducation (27%) et les droits humains (65%). Les victimes des récentes violences ont di cilement eu accès à des soins adéquats. Il en est de même pour les survivants de cas de violences basées sur le genre dont la prise en charge est par moment rendue difficile par la situation sécuritaire. Les femmes enceintes et les enfants de moins de cinq qui comptaient sur la gratuité des soins critiques sont particulièrement à risque élevé.
Les compressions budgétaires ont gravement impacté sur la capacité du gouvernement à maintenir les services de base.
PROBLÈMES CLÉS
- Violations des droits humains
- Violence basée sur le genre
- Difficulté d’accès aux services de base
- Stratégies d’adaptation néfastes
- Vulnérabilité aux risques naturels
Vulnérabilité aux risques naturels
Au-delà de la crise socio-politique, le pays a connu des inondations importantes en novembre 2015. Celles-ci ont affecté au moins 30 000 personnes dont 52 décès, détruit ou endommagé plus de 5 000 maisons et endommagé 13 000 hectares agricoles. Suite à ces événements, les autorités et la communauté humanitaire ont élaboré un plan de réponse pour répondre aux besoins de 90 000 personnes dans 11 provinces. Celui-ci est encadré dans le Plan national de contingence multi-aléas. Néanmoins, les communautés affectées par les inondations ont du mal à répondre à leurs besoins en abris, articles non alimentaires, eau, hygiène et assainissement, biens alimentaires et autres moyens de subsistance.
Disclaimer
- UN Office for the Coordination of Humanitarian Affairs
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