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Bulletin quotidien d'information No. 894 pour la région des Grands Lacs

NATIONS UNIES
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REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO: Les Banyamulenge menacés par un "danger imminent", prévient le groupe

Le discours de haine et les violences communautaires dirigées contre les Tutsis congolais banyamulenge se sont intensifiés de manière alarmante dans le Kivu, ouvrant la voie à une "confrontation sanglante" qui pourrait potentiellement engloutir toute la région des Grands Lacs, a prévenu jeudi l'ONG 'Refugees International'. Dans un communiqué, l'organisation indique qu'environ 150 000 Banyamulenge sont actuellement sous la "menace imminente" d'attaques violentes par les milices Mayi-Mayi. La politique d'exacerbation des tensions ethniques menée par le président Laurent-Désiré Kabila menace de faire échouer les Accords de Lusaka et de "replonger le Congo dans une guerre totale", estime l'ONG.

"Le ressentiment est à son comble" depuis que les rebelles du RCD-Goma ont refusé que l'évêque Emmanuel Kataliko rentre dans son diocèse de Bukavu, et le sentiment populaire contre les Banyamulenge est maintenant "devenu menaçant". Le document cite l'exemple récent d'un chien tué et traîné à l'arrière d'une voiture à Bukavu, devant une foule vociférant "Voilà comment il faut traiter les Tutsis!". Refugees International a appelé les dignitaires religieux, les autorités du RCD et la communauté diplomatique à prendre des mesures pour apaiser les tensions dans le Kivu, afin d'éviter une catastrophe humanitaire.

RDC: "Tout est en place pour un génocide", préviennent les Banyamulenge

Dans un message au Secrétaire Général des Nations Unies, l'organisation banyamulenge Forces Républicaines et Fédéralistes (FRF) a prévenu que tous les ingrédients étaient en place pour un "génocide" contre les Banyamulenge. Une copie de ce message, parvenue ce vendredi à IRIN, indique que les Banyamulenge ont été "gratuitement instrumentalisés" par le Rwanda et "déshumanisés" par le président de RDC, Laurent-Désiré Kabila. La guerre en RDC ne peut être résolue pour trois raisons: les "méthodes dictatoriales" du régime de Kinshasa qui alimente les milices armées pour se maintenir au pouvoir; "l'occupation étrangère" du pays et la "rébellion manipulée qui joue sur les antagonismes locaux pour justifier sa présence; la présence des milices armées dans le Kivu qui "enseignent l'idéologie du génocide" à différents groupes ethniques. Le message appelle la communauté internationale à "barrer la route à cette violation à large échelle des droits de l'homme à l'est de la RDC". Le FRF appelle Kofi Annan à nommer un envoyé spécial des Nations Unies pour le Kivu et à aider à organiser une table ronde pour les ressortissants du Kivu qui se sont départis des considérations ethniques.

RDC: Des combats sont signalés à Zongo

La ville de Zongo, au nord-ouest de la RDC, près de la frontière avec la République Centrafricaine, a été bombardée mercredi par les forces gouvernementales, selon Radio Bunia, la radio du groupe rebelle RCD-ML. Le conseiller du groupe en communication, Museme Dini, a indiqué vendredi à IRIN que l'attaque avait fait sept morts et détruit plusieurs bâtiments. "Ceci indique au monde que le processus de paix n'intéresse pas M. Kabila", a-t-il dit. Concernant les tensions signalées à Kisangani, M. Dini a ajouté que "la tension subsistera" jusqu'à ce que l'élection du gouverneur et des autres dirigeants locaux ait été organisée et la ville complètement démilitarisée. "Malheureusement, nos amis de Goma et leurs alliés rwandais ne se rendent pas compte de cela", a-t-il dit.

RDC: Arrestation d'un dirigeant de l'opposition

Le dirigeant du parti d'opposition Force novatrices pour l'union et la solidarité (FONUS), Joseph Olenghankoy, a été arrêté à son domicile de Kinshasa jeudi, ont rapporté les agences de presse. Selon Reuter, un responsable de FONUS a indiqué que M. Olenghankoy était détenu au quartier général de la police de la ville. Il avait récemment déclaré, lors d'une conférence de presse, que le président Laurent-Désiré Kabila était "un obstacle majeur à la paix et à l'unité nationale". M. Olenghankoy a été libéré de prison l'an dernier après une première arrestation en janvier 1998 pour non respect de l'interdiction des partis politiques décrétée par M. Kabila.

RDC: Les coupables de violations "jouissent de l'immunité", dit le gouvernement

Les racines des violations des droits de l'homme commises en RDC sont et demeurent la guerre et l'agression contre le pays, a déclaré mercredi le représentant du gouvernement, Francois Mukundi, à la Commission des Nations Unies pour les droits de l'homme. M. Mukundi a déclaré que la plupart des violations des droits de l'homme en RDC étaient commises par l'Ouganda, le Burundi et le Rwanda, et que les coupables "jouissaient de l'impunité", selon un communiqué de presse des Nations Unies sur la session de la Commission en cours à Genève. M. Mukundi a cité plusieurs massacres dans l'est du pays, qui représentent un "niveau terrible de barbarisme", selon le communiqué de presse. La plupart des atteintes aux droits de l'homme commises par les autorités congolaises peuvent s'expliquer par l'état de guerre qui prévaut dans le pays, a ajouté M. Mukundi.

Parallèlement, le Rapporteur des Nations Unies pour les droits de l'homme, Roberto Garreton, a déclaré que des exactions massives avaient été perpétrées par toutes les parties belligérantes en RDC. "La présence de neuf armées régulières et de plusieurs groupes armés, en particulier les milices Interahamwe et Mayi-Mayi, a créé et entretient un climat de violence et d'insécurité extrêmes", a déclaré M. Garreton dans sa présentation orale devant la commission.

BURUNDI: Le gouvernement n'a reçu aucun "sermon"

Le gouvernement burundais a réagi aux articles de presse laissant entendre que le président Pierre Buyoya s'était fait "sermonner" par le facilitateur du processus de paix, Nelson Mandela, au cours de cette semaine de pourparlers à Arusha. Dans un communiqué, parvenu à IRIN vendredi, le gouvernement a indiqué que les commentaires de M. Mandela "ne ressemblaient en rien à un sermon contre le président burundais". Dans un discours devant les parties impliquées dans les négociations d'Arusha, M. Mandela avait appelé le gouvernement à fermer les camps de regroupement et à libérer les prisonniers politiques. Mais M. Mandela a indiqué que le gouvernement Buyoya restait un allié important pour mener à bien le processus de paix, indique le communiqué.

BURUNDI: Les droits de l'homme progressent, affirme le ministre

Le ministre pour les droits de l'homme et les réformes institutionnelles, Eugène Nindorera, a déclaré jeudi à la Commission des Nations Unies pour les droits de l'homme que dans un Burundi assiégé depuis plus de six ans par un conflit armé, une guerre civile et des violations massives des droits de l'homme, le gouvernement avait cependant pu "mettre fin à une guerre insensée" et établir une société pacifique. M. Nindorera a déclaré que l'effort du gouvernement pour promouvoir les droits de l'homme, au cours des 12 derniers mois, avait permis d'accomplir des progrès dans ce domaine, selon un communiqué de presse des Nations Unies. Un nouveau code de procédure pénale a notamment été mis en place pour garantir les droits et mettre fin aux violations liées à la détention, a-t-il dit. En avril, le Conseil des ministres étudiera une proposition de loi visant à créer une commission gouvernementale pour les droits de l'homme qui aura le pouvoir d'obliger les magistrats et les ministres du gouvernement à rendre compte des présumées violations, a-t-il dit. Le Rapporteur Spécial des Nations Unies pour les droits de l'homme au Burundi, Marie-Thérèse Keita-Bocoum, a déclaré cette semaine qu'à mesure que le conflit s'intensifie, les violations des droits de l'homme augmentent, tant du côté de l'armée régulière que des rebelles.

BURUNDI: Ouverture à Arusha des discussions sur le "cinquième comité"

Les parties aux pourparlers de paix pour le Burundi à Arusha ont ouvert les discussions sur la formation du cinquième comité, qui sera chargé de veiller à la mise en oeuvre de l'éventuel accord de paix. "Ce comité est important car quelles que soient les décisions prises à Arusha, il faut des garanties qu'elles seront appliquées", a indiqué vendredi à IRIN Mathias Hitimana, président du parti monarchiste PRP. "Ces garanties donneront un sentiment de sécurité aux dirigeants des différentes organisations politiques et des groupes rebelles, qui craignent pour leur sécurité personnelle en cas de retour au Burundi. Chaque délégué participe aux discussions avec grand intérêt".

RWANDA: Le pasteur extradé plaide non coupable

Le pasteur soupçonné de génocide extradé des Etats-Unis la semaine dernière, a plaidé non coupable vendredi devant le Tribunal Pénal International pour le Rwanda (TPIR) à Arusha, en Tanzanie, selon l'agence de presse Internews. Elizaphan Ntakirutimana, ancien pasteur d'une Eglise Adventiste du Septième Jour dans la préfecture de Kibuye, est la première personne a être extradée par les Américains vers une entité non souveraine, telle qu'un tribunal international, a précisé Internews. Le pasteur de 76 ans est accusé d'avoir invité des Tutsis à se cacher dans son église pendant le génocide de 1994 et d'avoir ensuite appelé des Hutus pour les tuer, selon l'agence de presse.

RWANDA: Des efforts sont entrepris pour renforcer le système judiciaire

Une nouvelle politique de recrutement des magistrats, basée sur le mérite et la qualité, sera en place vers le milieu de l'année, dans le cadre des efforts visant à bâtir un système judiciaire rwandais fort et professionnel, a rapporté jeudi l'agence Rwanda News Agency (RNA). "Nous devons renforcer nos tribunaux et leur permettre d'atteindre les normes modernes, nos tribunaux doivent être orientés vers les normes internationales", ont déclaré des sources judiciaires, citées par RNA. Selon l'agence, les organes gouvernementaux concernés seront informés des faiblesses actuelles du système judiciaire de sorte que les "décisions nécessaires puissent être prises pour garantir de meilleures performances".

RWANDA: Les traumatismes du génocide se font toujours sentir, selon l'ONU

La population rwandaise reste traumatisée par le génocide de 1994, et cela affecte le comportement, la manière de penser et les agissements des gens, a déclaré jeudi Michel Moussalli, Représentant spécial du Haut Commissariat des Nations Unies pour des Droits de l'Homme au Rwanda, devant la session annuelle de la commission à Genève. Les institutions et les autorités du Rwanda devraient être encouragées "à mettre en place les conditions qui permettraient à la population d'aspirer à la paix, la coexistence et la réconciliation", a déclaré M. Moussalli, selon un communiqué des Nations Unies. Il a déclaré que les efforts du gouvernement pour promouvoir les droits de l'homme étaient louables, et que certains portaient déjà leurs fruits. Néanmoins, "ces efforts risquent d'être vains si les pays de la région n'essayent pas de résoudre la profonde crise qui les secoue et le conflit mortel qui a affecté toutes leurs populations", a ajouté M. Moussalli.

Le ministre rwandais de la justice, Jean de Dieu Mucyo, a déclaré à la commission que la coexistence pacifique exigeait la justice, et que "l'un des problèmes de traduire les responsables en justice est qu'il y a tellement de coupables". Le Rwanda est en train de résoudre cela par un compromis entre justice traditionnelle et conventionnelle, a-t-il dit. Il a invité les Etats membres des Nations Unies à arrêter les présumés meurtriers sur leurs territoires pour qu'ils puissent être jugés. Dans la mesure o=F9 la communauté internationale est en partie responsable des événements tragiques de 1994, il est normal que le Rwanda demande de l'aide sous la forme d'un mini plan Marshall, pour retrouver une santé économique et sociale, a ajouté M. Mucyo.

Nairobi, le 31 mars 2000

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