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Bulletin quotidien d'information No. 886 pour la région des Grands Lacs

NATIONS UNIES
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BURUNDI: Les FDD prêtes à se rendre à Arusha

Le principal chef de faction rebelle, Jean-Bosco Ndayikengurukiye, a déclaré que son groupe - Les Forces pour la défense de la démocratie (FDD) - est maintenant prêt à participer au processus de paix d'Arusha. L'agence de presse sud-africaine (SAPA) a fait savoir que cette décision avait été annoncée par le facilitateur de paix au Burundi Nelson Mandela à l'issue de sa rencontre avec M. Ndayikengurukiye lundi en Afrique du Sud. Toutefois, le chef rebelle a souligné les conditions 'non négotiables' pour sa participation, dont le démantèlement des camps de regroupement au Burundi et la libération des prisonniers. 'Rien ne peut être discuté tant que ces personnes [regroupées] ne sont pas libérées et autorisées à rentrer chez elles,' a-t-il déclaré au service BBC de Kirundi. 'Rien n'est possible tant que les gens qui ont voté en faveur de la démocratie sont en prison.' 'Nous irons à Arusha une fois que ces choses auront été réglées,' a souligné M. Ndayikengurukiye. Il a ajouté qu'on donnerait la priorité à une solution politique. 'Les réformes militaires viendront plus tard,' a-t-il indiqué.

Le spécialiste sur les questions du Burundi Jan van Eck du Centre pour la résolution des conflits basé en Afrique du Sud voit dans cette démarche un 'grand succès et un important pas en avant' pour le processus d'Arusha. 'Les pourparlers ont maintenant pris un ton sérieux,' a-t-il indiqué à IRIN mardi. Cette évolution pouvait faire avancer le processus d'autant plus que désormais il pourrait y avoir de réelles discussions entre les belligérants sur la cessation des hostilités. M. van Eck a signalé que les FDD donnaient des 'signes sérieux'. Il pensait que l'autre groupe rebelle auparavant absent des pourparlers - les Forces nationales de libération (FNL) du PALIPEHUTU - ne tarderait pas non plus à annoncer sa participation, faisant d'Arusha un 'processus très viable'. Il a ajouté que le processus d'Arusha gagnerait maintenant une plus grande légitimité au Burundi. 'Nous sommes maintenant dans un contexte de négociations,' a-t-il commenté. Les deux bords [les rebelles et le gouvernement] ont exprimé leurs revendications, ils peuvent maintenant négocier.'

BURUNDI: Les partis internes rejettent le pacte PARENA-FRODEBU

Sur l'accord entre les deux extrêmes - le parti PARENA à majorité tutsie et la branche externe du parti FRODEBU à prédominance hutue - M. van Eck a déclaré qu'il ne ferait pas avorter le processus. Des observateurs ont fait remarquer que Jean-Baptiste Bagaza du PARENA et Jean Minani du FRODEBU s'étaient mis d'accord sur une plate-forme conjointe visant à chasser leur 'ennemi commun', le président Pierre Buyoya, et à se positionner en vue du futur gouvernement de transition. Les deux partis auraient adopté une position commune sur la réforme de l'armée, le système électoral et le maintien de la paix après la signature d'un accord. Le pacte entre le PARENA et le FRODEBU a été vivement rejeté par le principal parti tutsi, l'UPRONA et la branche interne du FRODEBU, dirigée par Augustin Nzojibwami.

RWANDA: Le président a sévèrement critiqué l'Assemblée nationale

Le nouveau premier ministre du Rwanda Bernard Makuza a présenté son programme, peu de temps après que le nouveau gouvernement eut prêté serment lundi. Selon la radio nationale, il a promis de respecter les droits de l'homme et de maintenir la paix et la sécurité dans le pays. Il a aussi fait le serment d'aider les rescapés du génocide et d'élever le niveau de vie de la population. Parallèlement, le président Pasteur Bizimungu a condamné l'Assemblée pour avoir tant tardé à désigner un nouveau gouvernement - plus d'un mois après la démission de l'ancien premier ministre Pierre-Célestin Rwigema. 'Le contrôle de l'action du gouvernement doit exister, mais cela ne veut pas dire qu'il doit être renversé,' a-t-il déclaré à l'occasion de la prestation de serment du nouveau cabinet. 'Vous avez fait partir les ministres, vous avez fait partir le président de l'Assemblée, vous avez provoqué la chute d'un gouvernement...et moi-même j'ai failli être destitué,' a-t-il déclaré aux parlementaires, d'après l'agence rwandaise d'information (ARI). 'Il y a un vrai problème avec la méthode de travail de l'Assemblée.'

L'ARI a fait remarquer que les dissensions opposant M. Bizimungu et le vice-président Paul Kagamé sur la composition du nouveau gouvernement - notamment sur le maintien du ministre à la présidence, Patrick Mazimhaka - avaient contribué au retard pour former le nouveau cabinet. Le secrétaire général du parti au pouvoir le RPF, Charles Murigande aurait indiqué que les nouveaux ministres ne devraient pas 'avoir à comparaître devant l'Assemblée pour donner des explications sur des allégations de corruption'. M. Mazimhaka - un proche allié de M. Bizimungu - a été exclu du nouveau gouvernement à la suite d'accusations de corruption. M. Murigande a également signalé que le nouveau gouvernement serait plus ouvert et transmettrait toutes les informations permettant de 'dissiper les rumeurs qui sont une source de désordre provenant d'une interprétation erronée des événements'. Il a ajouté qu'un comité constitutionnel allait bientôt être formé pour déterminer les modalités de la succession.

RWANDA: Elections municipales en septembre

Le nouveau gouvernement a aussi annoncé que les élections au niveau des communes et des préfectures auraient lieu en septembre prochain. Le ministre des gouvernements locaux Désiré Nyandwi a indiqué à l'ARI qu'un projet est en cours pour établir une commission électorale nationale qui mettrait en place et contrôlerait les scrutins sur l'ensemble du pays. 'Nous avons décidé de poursuivre le processus de démocratisation qui a débuté l'an dernier avec la tenue d'élections de dirigeants locaux au niveau des cellules et des secteurs,' a-t-il fait savoir. L'ARI a rappelé que quelque 160 000 leaders populaires avaient été élus en mars dernier.

RWANDA: La réconciliation est encore un défi de taille

Le chargé d'affaires du Rwanda auprès de l'ONU à Genève, Canisius Kananura, a indiqué que le principal défi du gouvernement était de réconcilier les trois groupes ethniques du pays. Il a déclaré au comité de l'ONU sur l'élimination de la discrimination raciale que le Rwanda avait beau consentir 'd'inlassables efforts' pour éliminer la discrimination, le pays ne s'était pas entièrement remis du génocide de 1994. M. Kananura a indiqué que le gouvernement avait rétabli l'autorité de la loi et établi des commissions sur l'unité et la réconciliation, et sur les questions juridiques et constitutionnelles. Le pouvoir parlementaire avait été partagé entre huit partis politiques et tandis que la période de transition du gouvernement avait été prolongée l'année dernière de quatre années supplémentaires, une commission électorale serait établie en 2001 pour préparer des élections libres 'dans les prochaines années', a-t-il ajouté.

Peter Nobel, Le membre du comité qui fut le rapporteur du comité de l'ONU sur le Rwanda, a souligné qu'il restait de graves problèmes dans l'administration de la justice, notamment l'indépendance judiciaire, ainsi que la détention de quelque 4 500 mineurs sur une population d'environ 120 000 prisonniers. D'autres membres du comité ont suggéré que le Conseil de sécurité de l'ONU devrait prendre de manière urgente des mesures de désarmement (similaires à celles du Kosovo) et que le gouvernement rwandais devrait envisager une amnistie pour tous, puisque 'pardonner n'est pas oublier'.

RWANDA: L'ONU salue le droit à la succession pour les femmes

Le représentant spécial de l'ONU pour l'enfant et les conflits armés, Olara Otunnu, a salué la récente législation du gouvernement accordant aux femmes le droit à la propriété foncière et immobilière. Aux termes de la tradition et de la loi rwandaises, les femmes avaient accès aux biens de la communauté appartenant à leurs pères ou à leurs époux, mais l'injustice de cette discrimination sexuelle est devenue une 'question dramatique' après le génocide de 1994 qui a laissé des milliers de foyers dirigés par des enfants de sexe féminin qui ne pouvaient prétendre à l'héritage des biens familiaux, apprenait-on lundi dans un communiqué de l'ONU. 'On estime environ à 45 000 le nombre de foyers dirigés par des enfants orphelins, dont 90 pour cent sont des filles qui n'avaient pas accès à la terre, principale source de revenus de leurs familles. Je félicite le gouvernement du Rwanda...c'est une mesure concrète qui effacera une des conséquences du génocide,' a déclaré Olara Otunnu, qui était en négociations avec le gouvernement sur ce dossier depuis sa visite au Rwanda en février 1999.

REPUBLIQUE DEMOCRATIQUE DU CONGO: Les rebelles 'se préparent au fédéralisme'

Le bureau politique du mouvement rebelle, le Rassemblement congolais pour la démocratie (RCD) doit mettre en place des structures provinciales 'en vue de la création d'un état fédéral au Congo'. Le second vice-président du RCD, Moise Nyarugabo a indiqué à l'ARI que des consultations seraient tenues dans toutes les communautés pour désigner des candidats. 'Le Nord- et le Sud-Kivu joueront un rôle pilote pour nous permettre d'éliminer d'éventuelles erreurs avant de poursuivre avec les autres provinces libérées,' a-t-il dit. L'opération sera coordonnée par le chef d'administration territoriale Joseph Mudumbi et consistera à élire des représentants provinciaux 'par tribu'.

RDC: Le RCD minimise la suspension du haut responsable

Parallèlement, M. Nyarugabo a minimisé la suspension du chef de l'information et du bureau politique, Lambert Mende. Il a indiqué que cette décision était une 'affaire disciplinaire liée aux problèmes internes du mouvement mais qu'il ne s'agissait pas d'un gros problème'. 'Les gens essaient d'en faire une affaire de grande importance mais ce n'est pas le cas,' a-t-il affirmé à IRIN ce mardi. 'Dans toute organisation, il est important de faire ce genre de choses pour la discipline interne.' Il a refusé de donner plus de détails, mais a démenti les bulletins des médias congolais selon lesquels M. Mende avait été suspendu pour avoir remis en question la direction du RCD. 'Remettre en question le leadership n'est pas le problème. Il n'est pas le premier à remettre en question le leadership et remettre les choses en question n'est pas un mal en soi, c'est sain. Mais il y a d'autres actions au sein de l'organisation qui ne sont pas acceptables,' a confié M. Nyarugabo.

RDC: A Katanga, peu de respect pour le frère de Kabila

Les hommages publics rendus le mois dernier aux funérailles de Georges Katwal, directeur de la branche de Katanga du service de sécurité intérieure, l'Agence nationale de renseignements (ANR) et jeune frère du président Laurent-Désiré Kabila, ont masqué l'état lamentable dans lequel se trouve la province, a rapporté au cours du week-end l'hebdomadaire basé à Kinshasa 'La Tribune'. Des milliers de Congolais, y compris Kabila, ont rendu hommage à Georges Katwal à Lubumbashi le 27 février mais beaucoup l'ont fait en l'honneur du président, qui est resté populaire, et non pas pour son frère, pour qui ils avaient peu de respect, a indiqué le journal. 'C'est un fait établi que l'ANR de Katanga était devenue un véritable instrument de terreur, de représailles et d'extorsion,' a-t-elle dit. 'Les décisions arbitraires étaient à l'ordre du jour.' 'A la mairie de Lubumbashi, c'est une totale catastrophe. Les insultes, l'incivilité et la mauvaise gestion ont fini par ternir l'image de la ville,' a affirmé 'La Tribune', ajoutant que les prix étaient montés en flèche et des 'sortes de mafia' s'imposaient à nouveau pour garantir 'l'accumulation injustifiée de la richesse'. L'attitude je-m'en-fichiste de l'administration provinciale était une des raisons pour lesquelles 'la population appelle ardemment à la démocratie,' a conclu le rapport.

Nairobi, le 21 mars 2000

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