Faits saillants:
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Le Burundi est toujours plus vulnérable aux aléas climatiques qui viennent aggraver une situation d'insécurité alimentaire et nutritionnelle chronique (50% de la population au niveau modéré et sévère).
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Près de 60% des déplacements internes recensés depuis octobre 2016 sont motivés par les désastres naturels.
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Environ 50% des ménages enquêtés n’ont plus de stock (haricot, maïs, patate douce, manioc), d’où une situation d'insécurité alimentaire critique.
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La flambée des prix des produits de base limite fortement l’accès à l’alimentation et aux intrants agricoles.
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La pénurie de devises, la dépréciation de la monnaie burundaise et les mesures de restriction des échanges transfrontaliers limitent les volumes d'importations pouvant compenser les déficits de production.
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Les sources de revenus des ménages sont peu diversifiées et leur pouvoir d'achat en constant déclin.
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Une chute importante des productions de la saison 2017A est prévue suite aux aléas climatiques, maladies et ravageurs.
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Le faible accès des ménages aux intrants agricoles, le risque de chevauchement des cultures, la période prolongée de soudure et l’épidémie de malaria auront un impact négatif sur la saison 2017B (50 à 60% de la production annuelle).
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Près de 3 millions de personnes en insécurité alimentaire dont plus de 900 000 estimées en insécurité alimentaire sévère.
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Provinces prioritaires pour une action urgente: Bubanza, Bujumbura Rural, Cankuzo, Cibitoke, Kirundo, Makamba,
Muyinga et Ruyigi. -
Forte probabilité d’une pluviométrie supérieure ou proche de la normale saisonnière entre mars et mai 2017, même si quelques périodes de déficit hydrique pourraient être observées (prévisions du GHACOF 45 du 7 février 2017).
Situation socio-politico-économique
La situation socio-économique du pays est caractérisée par un faible accès aux ressources d'une grande partie de la population pour la couverture de ses besoins essentiels, notamment l’alimentation, les services de base et les intrants agricoles. Le taux d’inflation du Burundi est passé de 4,4% en 2014 à environ 8% en 2016.
Les prix des principales denrées alimentaires continuent de croître depuis 2014. En janvier 2017, l'augmentation a atteint 160% pour le riz, 100% pour le maïs et 79% pour le haricot. Par rapport à la même période de l’année précédente, la variation est respectivement de 12%, 54% et 65%.
Cette flambée des prix résulte de la conjonction de plusieurs facteurs. La diminution progressive de l’offre intérieure consécutive à la diminution de la production vivrière et plus particulièrement des pertes de productions enregistrées lors des saisons agricoles 2016A, B et C ainsi que 2017A. Selon le rapport d’évaluation des récoltes de la saison 2016C, les stocks de maïs chez les commerçants sont jugés inférieurs à ceux de 2015 dans 68 des 116 communes que compte le Burundi. La tendance est la même pour les stocks au niveau des ménages dans 80 communes.
La pénurie des devises et la dépréciation de la monnaie burundaise qui s’amplifient progressivement depuis 2 ans, influent directement sur la diminution des importations. Le taux de change est passé de 1650 FBU/1 USD (taux officiel) à plus de 2725 FBU fin janvier 2017 (taux sur le marché informel).
La restriction des échanges transfrontaliers: la Tanzanie est touchée par la sécheresse et des productions déficitaires au second semestre 2016. Elle a restreint ses exportations vers les pays de la sous-région, dans le but de protéger ses stocks alimentaires. Les relations tendues entre le Rwanda et le Burundi entravent les échanges commerciaux entre ces deux pays, mais aussi, entre le Burundi et l’Ouganda dont les produits transitent souvent par le Rwanda. Ainsi, on déplore une perte de débouchés, un manque à gagner considérable pour les producteurs burundais exportateurs (ex: pomme de terre, fruits et cultures maraîchères) et un approvisionnement réduit des marchés locaux pour compenser la faible production.
Certaines provinces du pays (ex: Cibitoke et Kirundo) adoptent également des mesures de restriction des mouvements des produits vivriers dans l’objectif de protéger les stocks de leur localité. Il en résulte une perte d'opportunités commerciales pour les ménages ou des transactions à des prix non rémunérateurs, limitant ainsi leurs sources et niveau de revenus.
Le système fiscal tend à accroître les coûts de transaction des produits importés et locaux, au grand damne des commerçants encore actifs dans le pays et des consommateurs.
Les revenus des ménages agricoles sont faibles et peu diversifiés. Ils découlent en grande partie de l’agriculture vivrière. Les pertes d’emplois à la suite de la récente crise et les aléas climatiques ont aggravé une situation déjà précaire. Ces pertes de revenus ont considérablement érodé les capacités d’investissements des petits producteurs pour relancer l’agriculture familiale et subvenir à leurs besoins de base.
Faible disponibilité des intrants de qualité (semences, engrais, produits phytosanitaires). Dans nombreuses communes des provinces de Cibitoke, Rumonge, Makamba, Rutana et Cankuzo, le manque d’argent, en temps opportun, a privé plus de 50% des ménages d’accéder aux engrais subventionnés dans le cadre du Programme national de subvention des engrais au Burundi (PNSEB) pour la saison 2017A.