Exposé des motifs
1. RESUME
Le Plan global 2005 d'ECHO vise à poursuivre l'aide humanitaire indispensable au maintien de la vie au Burundi, dans une période de transition capitale pour le pays. Si cette transition se confirme et se consolide, elle pourra permettre un désengagement progressif d'ECHO et permettre d'entamer de véritables efforts de reconstruction et de développement, après plus de onze années de conflit armé.
Réunie dans le cadre d'un sommet régional le 15 octobre 2004 à Nairobi, Kenya, l'Initiative régionale des Grands lacs sur le Burundi a fait le point sur les progrès réalisés depuis le sommet d'août 2004 dans le processus de paix au Burundi. Les participants au sommet ont souligné la nécessité de prolonger de six mois la durée de vie des institutions et de l'administration transitoires afin de permettre à la Commission électorale indépendante d'organiser un référendum sur la constitution ainsi que des élections générales avant avril 2005.
Le Burundi conjugue les effets négatifs d'un niveau de vie extrêmement bas à ceux d'une dégradation continue du contexte économique et social. Touchés de plein fouet par une crise très longue, ses habitants sont plongés dans une extrême vulnérabilité et souffrent de grandes disparités dans l'accès à l'éducation et aux soins de santé de base, des services eux- mêmes gravement amputés par l'absence d'infrastructures et de ressources humaines suffisantes. Autant de faiblesses structurelles qui ont pour effet de limiter considérablement l'impact des interventions humanitaires visant à garantir à l'ensemble de la population un accès équitable aux services de base. Et si l'amélioration des conditions de sécurité à travers le pays a permis d'étendre cet accès à une grande partie de la population tout en le pérennisant, la province du Bujumbura rural continue d'être le théâtre de déplacements quotidiens qui font que la protection des civils demeure un sujet de préoccupation majeure.
Le Burundi est également très vulnérable aux effets de l'instabilité régionale et des pressions exercées par ses voisins. D'une part, selon les estimations, jusqu'à 700 000 réfugiés burundais vivent toujours en Tanzanie et sont supposés retourner un jour chez eux. D'autre part, les violents combats qui se sont déroulés depuis juin 2004 dans le sud Kivu en RDC ont provoqué une arrivée massive de réfugiés congolais dans certaines zones du Burundi. De plus, des épidémies récurrentes de choléra et de méningite qui ont affecté plusieurs provinces ont nécessité des interventions rapides ces dernières années.
S'appuyant sur un certain nombre de conclusions et d'évaluations communes, ECHO entend maintenir sa capacité intégrée de réaction d'urgence plurisectorielle en 2005. Le Plan global prévoit ainsi tout un éventail de réactions possibles allant d'actions de sauvetage immédiat à des interventions renforcées en faveur des populations les plus vulnérables au sein des communautés, en passant par la réintégration et la réinsertion des personnes déplacées de force. ECHO continuera à soutenir les interventions humanitaires intégrées entreprises dans les secteurs de la santé, la sécurité alimentaire, la nutrition, l'aide d'urgence, l'eau/l'assainissement et la protection des populations. ECHO apportera également une aide aux organisations internationales et aux ONG intervenant, au sein des communautés, dans le domaine psychosocial et le déminage. Dans l'ensemble, le Plan global fixe les trois objectifs suivants:
Déplacés internes/rapatriés/réfugiés : fournir une aide humanitaire intégrée aux populations vulnérables telles que les personnes déplacées, les rapatriés, les réfugiés et les communautés d'accueil dans les zones directement affectées par le conflit. Une attention particulière sera accordée aux enfants, aux adolescents et aux femmes.
Mandats spéciaux : soutien aux agences internationales dans l'exécution de leurs mandats spéciaux
Assistance technique : maintenir une capacité adéquate sur le terrain pour analyser l'évolution des besoins, élaborer des réponses coordonnées et suivre et évaluer les opérations financées par la Commission.
L'enveloppe proposée pour le Plan global d'ECHO au Burundi en 2005 est de 17 millions d'euros.
2. CONTEXTE ET SITUATION
2.1. Contexte général
La population du Burundi est estimée à 7 millions d'habitants, auxquels s'ajoute un million de personnes vivant hors des frontières du pays. Loin d'être le résultat de négociations coloniales, la configuration géographique du Burundi est celle d'un état-nation historique dont les frontières sont tracées par des éléments naturels, dont plusieurs fleuves ainsi que le lac Tanganyika à l'ouest. Pourtant, de 1993 à 2003, le pays a été déchiré par un violent conflit opposant les communautés tutsies et hutues et plus précisément l'armée gouvernementale aux groupes armés rebelles hutus. Quelque 300 000 personnes ont perdu la vie durant les hostilités. Les populations étant fréquemment déplacées lors des combats, on estime que plus de 700 000 Burundais se trouvent toujours en Tanzanie. Ces dix années de conflit ont sensiblement détérioré la situation humanitaire, sociale et économique du pays.
Sous l'égide de Nelson Mandela, un accord de paix et de réconciliation a été signé le 28 août 2000 à Arusha par la majorité des partis et acteurs politiques burundais, marquant une avancée importante vers la paix. Néanmoins, les deux principaux groupes rebelles, le FNL (Front National de Libération) et le CNDD-FDD (Conseil National pour la Défense de la Démocratie /Forces pour la Défense de la Démocratie), n'ont ni participé aux négociations de paix ni signé l'accord. De plus, le document n'aborde pas d=B4éléments essentiels tels que la signature d'un cessez- le- feu, la réforme des forces armées ou la démobilisation et la réinsertion des combattants dans la vie civile. L'accord instaure une phase de transition de trois années, divisées en deux périodes de 18 mois. Durant la première période, le pays a été dirigé par le président tutsi en exercice, Pierre Buyoya, assisté du vice-président hutu Domitien Ndayizeye, du parti Frodebu. La deuxième période a débuté le 1er mai 2003, sous la présidence de Domitien Ndayizeye. Des élections étaient censées avoir lieu avant le 1er novembre 2004.
La signature en décembre 2002 des accords de paix et de cessez- le- feu concernant le partage des pouvoirs civils et militaires entre le gouvernement du Burundi et le CNDD-FDD laissait espérer un cessez- le- feu permanent et l'intégration du CNDD-FDD au sein des forces militaires, du gouvernement et du Parlement burundais.
L'application de l'accord de cessez- le-feu a permis d'accélérer le retour des réfugiés et des déplacés internes. D'après le HCR, 82 350 personnes réfugiées en Tanzanie sont rentrées au Burundi en 2003, que ce soit spontanément ou lors de rapatriements organisés, ce qui constitue une nette augmentation par rapport aux estimations faisant état de 53 315 retours en 2002. Ce mouvement s'est poursuivi au même rythme en 2004 puisque l'on a enregistré quelque 84 176 retours de réfugiés entre janvier et septembre1. Une tendance qui se reflète également dans le retour des déplacés internes vers leur zone d'origine. En effet, environ 50% des 280 000 déplacés internes vivant dans des camps à l'intérieur du pays étaient sur le chemin du retour ou d'ores et déjà rentrés chez eux en avril- mai 20042. A la mi-année, la quasi-totalité du territoire était accessible, y compris les zones orientales situées à la frontière avec la Tanzanie, fermées pendant sept ans à cause du conflit.3
Quoi qu'il en soit et malgré les progrès décrits plus haut, la faction du FNL refuse toujours de participer au processus de paix et continue de s'en prendre régulièrement aux forces de l'armée burundaise, constituant ainsi un facteur de déstabilisation non-négligeable.