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Burkina Faso

Réduire la pauvreté et les inégalités au Burkina Faso - analyses et options politiques

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Résumé

Dans la perspective de la réalisation des Objectifs de Développement Durable (ODD), le Burkina Faso a élaboré et mis en œuvre des politiques et des plans d’actions opérationnels visant, entre autres, l’élimination de l’extrême pauvreté, la réduction des inégalités, la protection de l’environnement dans une approche holistique de développement. Ces politiques émanent du Plan National de Développement Economique et Social (PNDES-2016-2020) et du Référentiel National de Développement (RND-2021-2025). La mise en œuvre de ces politiques volontaristes a permis de réaliser certains progrès dans les domaines de l’éducation, de la santé, du genre, de l’emploi de la jeunesse et de la protection sociale. Toutefois, force est de constater que certains défis demeurent. Ils sont imputables à la fois à des facteurs endogènes (notamment la crise sécuritaire, les problèmes structurels de l’économie, la faible capacité de production ou les crises sociopolitiques) et aux facteurs exogènes (la pandémie de COVID-19, la morosité économique mondiale ou les effets délétères de la globalisation économique dans une situation de crises géopolitiques internationales).

Le présent rapport se donne pour objectif d’analyser les progrès réalisés, les insuffisances et les nouvelles pistes d’orientation des politiques publiques dans les secteurs de développement clés définis par les autorités publiques. Il ressort que dans le secteur de l’éducation et la formation professionnelle, le plan “ Education Pour Tous ” et le Plan décennal de Développement de l’Education de Base ont contribué à améliorer l’offre éducative et la qualité de l’enseignement, ainsi que la formation professionnelle et la promotion du genre à l’école.

Dans le secteur de la santé, la couverture universelle des soins et la mise en place de systèmes de santé de district ont été des instruments appropriés et efficaces. Les différentes politiques et plans dédiés à la santé ont contribué à améliorer les indicateurs de performance des soins, la qualité et l’utilisation des services de santé. Il en est de même des mesures de ripostes contre la COVID-19, la prévention des épidémies, l’accès à l’eau potable et l’assainissement. En matière de la politique de genre, certains progrès ont été réalisés surtout dans l’éducation. Néanmoins, le chemin de l’égalité est encore long, entre autres, dans les hauts postes de responsabilités (Ministériel, Président-Directeur-Général, Directeur des grandes institutions, etc.). Les efforts de sensibilisation et les mesures incitatives pour la promotion de l’égalité doivent être poursuivis sans relâche.

En matière d’emploi de la jeunesse, de nouvelles allocations budgétaires pouvant répondre aux besoins prioritaires de la jeunesse, comme la formation professionnelle et l’accès à l’emploi, devraient être renforcées. La création de mécanismes de financement spécifiques des projets initiés par la jeunesse pourrait être envisagée, à l’exemple des soutiens accordés aux start-ups dans de nombreux pays. Bien que certains progrès aient été réalisés, le défi y demeure. Dans le secteur de la protection sociale, l’accès aux services de base, l’essor des mécanismes de transferts sociaux et la politique de ciblage en faveur des plus pauvres et des plus vulnérables sont des progrès appréciables.

Ce bref rapport fait aussi un état des lieux des différentes politiques mises en œuvre pour réduire la pauvreté et les inégalités depuis les années 90 à nos jours. Afin de mieux évaluer les résultats de ces politiques, le rapport analyse d’abord leurs impacts sur la pauvreté et les inégalités avant l’avènement du COVID-19. Avant cette pandémie sanitaire, les indicateurs socioéconomiques étaient plus ou moins positifs mais la COVID-19 a fortement réduit les progrès réalisés. Une section est dédiée à l’analyse de l’impact du COVID-19 sur la pauvreté et les inégalités au Burkina Faso.

Dans cette perspective, le rapport souligne l’importance d’une politique économique et sociale dotée de ressources financières et humaines suffisantes pour réduire drastiquement la pauvreté et les inégalités.

Dans le secteur de l’enseignement, c’est l’amélioration de la qualité de l’enseignement qui est l’une des priorités. Elle nécessite la formation d’un grand nombre des enseignants pour les classes primaires et post primaires. En matière de santé, une offre de santé de qualité ainsi qu’une nutrition qualitative et quantitative des personnes doivent faire l’objet d’un soutien indéfectible des autorités publiques. Dans cette perspective, la formation du personnel de santé, le développement des infrastructures (constructions et entretiens des installations) et une information/formation préventive concernant la qualité de l’alimentation doivent être privilégiés.

Pour ce qui est des emplois décents pour la jeunesse, les différentes politiques et initiatives de créations de débouchés doivent être dotées de ressources financières suffisantes et les mécanismes de soutien de micro-projets et startups doivent être renforcés.

La politique du genre doit régulièrement être actualisée afin d’intégrer les nouveaux instruments. Il convient de s’affranchir des pesanteurs socioculturelles qui renchérissent les inégalités, notamment dans la répartition traditionnelle du travail, ainsi que dans l’attribution des terres agricoles. Le secteur agrosylvopastoral, principale source de création d’emplois, doit être doté des moyens financiers suffisants pour accroître l’offre d’embauche de la population surtout rurale. En outre, une politique de l’aménagement du territoire est nécessaire du fait du handicap géographique de certaines régions défavorisées.

Le système foncier et agraire doit être amélioré car certains droits de propriété sont définis et protégés par des accords traditionnels. La diversification de l’économie en s’appuyant sur les secteurs économiques porteurs et en élargissant les produits d’exportations (exemple les filières agricoles comme les mangues, l’anacarde, la gomme arabique, le karité, le sésame, le bétail et la viande) permettrait, dans un premier temps, de booster la croissance tout en contribuant à la réduction de la pauvreté et des inégalités. Il s’agit enfin de promouvoir l’amélioration du climat des affaires pour accroître l’attractivité et la compétitivité du Burkina Faso en engageant des politiques fiscales incitatives à l’investissement et à la création de débouchés. C’est dans ce contexte que l’intégration des priorités transversales dans les politiques et programmes de développement doit aussi être prioritairement poursuivie, en s’appuyant sur les référentiels et outils définissant les objectifs de genre, d’environnement et de déplacement des populations, notamment rurales.

En ce qui concerne la COVID-19, le rapport encourage le gouvernement à redoubler d’efforts pour faire face aux effets à moyen et à long terme de la pandémie sur la formation du capital humain et l’investissement afin de maintenir et d’améliorer les capacités productives, de stimuler l’emploi et de réduire la pauvreté.

En somme, le Burkina Faso connaît un environnement géo-politico-économique difficile mais des résultats encourageants en matière de politiques de réduction de la pauvreté et des inégalités. Cependant, une situation politique sécuritaire interne et externe satisfaisante est une condition nécessaire à la réussite des objectifs collectifs du Burkina Faso.