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Burkina Faso

« On ne peut jamais leur faire confiance » : visite de l'UNICEF au Burkina Faso - Suivi des récits d'aide sur les réseaux sociaux : nouvelles tendances au Sahel

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Burkina Faso - La visite de l'UNICEF et sa déclaration sur la réouverture des écoles suscitent des réactions négatives
Entre le 19 et le 20 juin, 126 publications sur Facebook au Burkina Faso ont fait référence au secteur de l'aide. 55 d'entre eux mentionnent spécifiquement l'UNICEF - un chiffre disproportionné pour l'agence. Ce regain d'attention fait suite à la visite de la directrice générale de l'UNICEF à Ouagadougou, où elle a rencontré des représentants du gouvernement. Dans une déclaration publiée par de nombreux médias locaux, la directrice générale a salué les efforts du gouvernement burkinabé pour rouvrir les écoles fermées en raison de l'insécurité et a réaffirmé le soutien de l'UNICEF à la protection des enfants, à l'éducation et à la santé.

Cependant, les réactions en ligne à la visite et à la déclaration sur les écoles ont été critiques (50 % des commentaires sur les 34 messages analysés étaient négatifs).

Principales conclusions

  • Bien que l'UNICEF ait été le centre d'attention immédiat, de nombreux utilisateurs ont étendu leurs critiques aux ONG internationales et à l'ensemble de l'architecture humanitaire. Certains commentaires visaient directement l'organisation - "A bas l'Unicef", et “On s'en fout de l'UNICEF” - tandis que d'autres dénoncent l'ensemble du secteur : "Toutes les ONG doivent partir"
  • La méfiance s'est également étendue aux Nations unies, renforçant les perceptions d'agendas étrangers coordonnés. Un utilisateur a publié: “Le ministère de la coopération doit travailler à réduire drastiquement de moitié à l'horizon 2025, l'influence et les financements de ses institutions onusiennes impérialistes, dans notre pays.Depuis 1945 , elle n'ont pas changé le visage de l'Afrique.Comme si elles sont créée pour entretenir une limite à l'Afrique.Soyons vigilants, sans infiltrations, sans ONG internationales, sans ambassades impérialistes, ils est difficile pour les ennemis de la souveraineté, de déstabiliser l'AES et l'Afrique.Qui aurait imaginer l'USAID ?Qui aurait imaginer la croix rouge au Niger ?Ne baissons pas la garde.Il viendra le moment où chaque ministère devra être évaluer par rapport à ses apports en souveraineté totale.” D’autres ont associé l’UNICEF à des médias occidentaux comme RFI et France 24, reflétant une méfiance profondément ancrée envers les organisations perçues comme étant dirigées par l’Occident.
  • De nombreux commentateurs ont considéré la déclaration de l'UNICEF sur la réouverture des écoles non pas comme un soutien, mais comme une ingérence extérieure malvenue. :*“@AESinfos Méfiance !! Nous même nous savons ce qui est bien pour nos enfants. C'est pas quelqu'un qui va quitter la bas pour venir nous féliciter pour ce qui doit être fait en temps normal.”)*. L'accent a été mis sur l'appropriation nationale, les éloges des acteurs étrangers étant considérés comme condescendants.
  • Plusieurs utilisateurs ont suggéré que l'UNICEF n'avait pas apporté de contribution significative au plus fort de l'insécurité et qu'il n'était revenu pour gagner en visibilité qu'après que des progrès aient été réalisés : “UNICEF doit prendre garde face aux autorités burkinabè qui ont accepté tout les sacrifices pour éduqué ses enfants quand tout semble résolu l'UNICEF apparaît c'est du l'injustice”

Ce que cela nous apprend

  • En raison de sa forte visibilité, l’UNICEF fait l’objet d’un examen particulièrement attentif. Près de la moitié des publications liées à l’aide au Burkina Faso durant la période mentionnent l’agence, ce qui souligne son rôle public majeur — mais aussi une cible privilégiée des critiques, notamment dans des contextes marqués par une forte sensibilité et polarisation politiques.
  • La confiance envers les organisations internationales est largement érodée. Même les messages largement positifs ou neutres sont perçus comme malhonnêtes, intéressés, ou faisant partie d’un agenda étranger plus large. La neutralité ne fait plus consensus.
  • Au cours des 12 derniers mois, les publications de l’UNICEF au Burkina Faso ont suscité un engagement limité mais généralement positif, sauf lorsqu’elles abordent des questions de santé liées à l’égalité des genres, qui tendent à provoquer des réactions négatives. Le sentiment très négatif déclenché par la visite très médiatisée d'une personnalité étrangère de haut rang a été suivi de commentaires critiques en réponse à l'arrivée du nouveau représentant du pays. Cela suggère que si les visites très médiatisées restent nécessaires sur le plan diplomatique, leur impact sur l'image de l'UNICEF dans des contextes très polarisés pourrait dépendre de la manière dont elles sont communiquées et des images partagées publiquement.
  • La diplomatie publique qui fonctionne dans un contexte donné peut avoir l'effet inverse ailleurs. En l'absence d'une confiance locale solide, même les déclarations de soutien risquent d'être considérées comme intrusives ou intéressées.

Signes d’un récit régional plus large, potentiellement coordonné. Le volume et le ton du sentiment anti-UNICEF au Burkina Faso suivent de près une vague d’hostilité en ligne visant le système des Nations Unies au Mali début juin, puis au Burkina Faso après l’arrivée du nouveau représentant de l’UNICEF. Dans les deux cas, les critiques ont dépassé le cadre d’agences ou de déclarations spécifiques, mettant en cause la légitimité même des organisations internationales. La similitude des propos, des formulations et du calendrier suggère que ces réactions pourraient s’inscrire dans un récit régional croissant, voire coordonné, à travers le Sahel.