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Burkina Faso

Burkina Faso: Rapport mensuel sur la sécurité alimentaire mai 2005

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SOMMAIRE ET IMPLICATIONS

Les conditions alimentaires des ménages de la moitié nord du pays se détériorent progressivement. Elles sont même très dégradées dans la région du Sahel et principalement dans la province de l'Oudalan où l'absence de stratégies complémentaires oblige beaucoup de ménages à faire recours aux aliments d'exception pour survivre. En effet, dans cette moitié du pays, les disponibilités céréalières au niveau des ménages sont très faibles, mais les marchés sont bien approvisionnés.

Cependant, l'accessibilité reste difficile car il est observé une flambée des prix des céréales et une baisse considérable de ceux du bétail, résultant en une baisse générale des revenus des ménages qui ont manqué d'eau pour les cultures de contre saison. De même les mauvaises conditions pastorales ont constitué une contrainte majeure qui a sérieusement réduit les capacités de réaction des ménages de la région du Sahel. Des interventions humanitaires ont été opérées dans cette partie du pays, mais le volume de l'aide apportée n'a pas permis de renverser durablement la situation. Ces interventions ont consisté à des ventes de céréales à prix sociaux et l'approvisionnement de la région en aliments pour le bétail.

La situation va se durcir au cours des deux prochains mois, aussi bien pour les hommes que pour les animaux. Ce faisant, il est impératif d'entreposer des stocks de céréales et d'aliments pour le bétail dans les différentes zones qui risquent d'être inaccessibles après les premières pluies.

Le début de la campagne est perceptible à travers les différentes pluies de quantités variables reçues selon les régions agricoles. Ces pluies ont lieu à des semis d'une certaine importance dans la région de l'Est et celles du Sud et de l'Ouest. Dans la partie nord, les pluies tombées demeurent insuffisantes pour un début effectif des semis. Ces pluies n'ont pas permis un développement de la strate herbacée à même de contribuer à l'amélioration de l'alimentation des animaux, qui font actuellement à une insuffisance marqués en aliments de base.

CALENDRIER SAISONNIER



RESUME DES RISQUES

Les menaces actuelles de la sécurité alimentaire peuvent se résumer à :

La réduction progressive des stocks de céréales aussi bien dans les zones d'importantes productions agricoles du Sud et de l'Ouest que dans les zones déficitaires du Nord, du Centre et de l'Est ;

La hausse continue des prix qui risquent de dépasser les capacités financières des manages ; en effet, les revenus monétaires des producteurs (surtout de la moitié nord) n'ont pas atteint cette année les niveaux généralement connus à cause de la baisse des productions de contre saison, la mévente des produits de l'élevage et la réduction considérable des transferts des émigrés vivant en Côte d'Ivoire ;

Les mauvaises conditions pastorales limitent le développement des productions animales et contribuent à la baisse de prix du bétail sur pied ;

L'apparition très prématurée des criquets dans les régions agricoles des cascades, des Hauts Bassins et de la Boucle du Mouhoun qui constituent le grenier du Burkina Faso ; pour l'instant le danger est limité, mais la persistance du phénomène en ce début de campagne serait fortement préjudiciable à l'équilibre alimentaire au plan national.

SITUATION DE LA SECURITE ALIMENTAIRE

Conditions alimentaires courantes à l'intérieur des zones d'économie alimentaire

Les conditions alimentaires des ménages se détériorent progressivement avec des variations notables selon les régions. Dans les zones d'économie alimentaire du Sud et de l'Ouest dominées par les productions de céréales, de coton, de tubercules et de fruits, les disponibilités céréalières sont bonnes. Les conditions alimentaires sont bonnes, mais une hausse inhabituelle des prix y est persistante et inquiète les ménages déficitaires de cette zone.

Dans les zones d'économie alimentaire à forte concentration humaines de la partie centrale du pays où les cultures vivrières et maraîchères, le petit élevage sédentaire et les activités commerciales sont dominantes, les stocks paysans sont très faibles. Les marchés de céréales sont bien approvisionnés, mais les prix sont constamment en hausse depuis le mois de Janvier. Le recours au marché céréalier pour la satisfaction des besoins alimentaires est depuis plus de deux mois le seul moyen d'approvisionnement pour beaucoup de ménages. Les ménages à revenu faible éprouvent déjà des difficultés à faire face aux prix actuels. Les conditions alimentaires se détériorent continuellement dans cette zone.

Dans les zones d'économie alimentaire à l'Est dominées par les cultures vivrières et les activités pastorales, les conditions alimentaires sont par endroit difficiles (quelques départements des provinces de la Gnagna, de la Komandjari et de la Kompienga) pour les ménages moyens et pauvres. Les stocks s'amenuisent, mais restent les sources importantes d'approvisionnement des marchés. La hausse des prix est aussi sensible dans cette zone.

Dans les zones d'économie alimentaire de cultures de subsistance, d'élevage et de productions maraîchères (Nord et centre-Nord), la situation alimentaire est difficile pour les ménages à revenu moyen et faible. Les stocks paysans sont actuellement très faibles, sinon inexistants. Bien que les marchés soient approvisionnés, le niveau des prix limite l'accessibilité des ménages aux céréales.

Dans les zones de grand élevage du Sahel, les paysans n'ont plus de réserves en vivres. Les marchés sont approvisionnés, mais le niveau actuel des prix rend très difficile l'accès aux céréales à ces ménages pasteurs qui connaissent une grave mévente du bétail. Les conditions alimentaires se sont dégradées, et il faut absolument intervenir pour éviter des conséquences irréversibles.

Les interventions alimentaires

Face à la dégradation continue des conditions alimentaires des ménages, l'Etat a mis en place un programme d'assistance alimentaire aux populations des localités les plus touchés par les mauvaises performances de la campagne agricole passée. Après l'aide d'urgence de 500 tonnes et la première vente à prix social, une deuxième d'une quantité de 7 000 tonnes est en cours et concernera les provinces du Séno, de l'Oudalan, du Soum, du Yagha, du Lorum, du Yatenga, du Zandoma, du Bam, du Sanmatenga, du Namentenga et de la Gnagna. Les autorités reconnaissent que cette aide est infime face aux besoins réels et prévoit une aide additionnelle de 12 000 tonnes pendant la période de soudure pour atténuer les souffrances des populations en difficultés. Les partenaires humanitaires et au développement, sont aux côtés dans cette lutte en menant des actions ciblées dans certaines localités.

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