Résultats clés
Principales caractéristiques des populations de la commune
En moyenne, la taille des ménages non déplacés (8,8 membres par ménage) dans la commune de Ouargaye était supérieure à la moyenne nationale (6,4 membres par ménage) en 2023 et était relativement similaire à la taille des ménages déplacés rapportée au sein de la commune (9 membres par ménage). Une part importante des ménages non-déplacés rapportait héberger actuellement des personnes déplacées (43%). Si les ménages non-déplacés étaient principalement propriétaires (89%), les ménages déplacés indiquaient pour la plupart être locataires de leur logement (58%). D’après les enquêtes ménages, les populations déplacées étaient quasi exclusivement (PND : 3% ; PDI : 43%) concernées par l’assistance humanitaire les six mois précédents la collecte, principalement via un appui aux moyens de subsistance.
Dynamiques de déplacements
La quasi-totalité des ménages PDI enquêtés (95%) s’étaient installés dans la commune à partir de novembre 2022, dont la moitié au cours du premier trimestre de 2023. Les déplacements étaient principalement intraprovinciaux, tous les ménages déplacés, excepté un, venant de la province de Koulpélogo. La quasi-totalité des ménages rapportait l’insécurité dans la commune d’origine comme facteur de déplacement (98%), et le niveau perçu de sécurité était mentionné comme principal motif d’installation dans la commune. Plus de deux ménages déplacés sur trois (68%) envisageaient de retourner dans leur commune d’origine, la perception de la sécurité dans leur commune de retour, le désir de rentrer et le manque d’opportunités économiques à Ouargaye représentant les trois principaux facteurs guidant ce souhait.
Economie et moyens de subsistance
L’accès à une activité économique paraissait inégal entre les ménages non-déplacés et déplacés, avec un faible taux d’accès pour les deux groupes de population. Tandis que 42% des ménages non-déplacés rapportaient avoir au moins un membre du ménage pratiquant une activité génératrice de revenus (AGR), ce n’était le cas que dans 22% des ménages déplacés. Ces taux s’expliquaient principalement par le manque d’opportunités économiques, des ruptures d’approvisionnement, et, pour les ménages déplacés, la récence de leur installation et l’instabilité associée. La dégradation de la situation sécuritaire, rapportée dans les groupes de discussion et les entretiens IC, auraient contribué à l’étiolement du tissu économique, notamment dans le secteur primaire et le commerce, premier pourvoyeur d’emplois pour les ménages. La question de la disponibilité des terres pour pratiquer l’agriculture ou l’élevage est particulièrement importante dans la ville, l’insécurité et la raréfaction des terres disponibles, liée notamment à l’installation de personnes déplacées en périphérie proche de la ville et à l’appauvrissement des sols comptant parmi les difficultés pour un accès à la terre productive.
Eau et assainissement
L’eau était identifiée par 38% des ménages non-déplacés et 24% des ménages déplacés comme une des principales vulnérabilités de la commune de Ouargaye. C’était en effet un enjeu majeur, la quantité d’eau nécessaire pour combler les besoins du ménage étant considérée comme insuffisante ou très insuffisante par 75% des ménages non-déplacés et l’immense majorité (91%) des ménages déplacés. Ce stress hydrique était d’autant plus important que la ressource est essentielle aux secteurs de l’agriculture et de l’élevage, et que la pluviométrie est irrégulière dans la commune selon les données du plan communal de développement. La vétusté du barrage de Ouargaye constituait également un enjeu majeur. Celui-ci, en cours de rénovation, constituait une réserve importante pour le maraîchage, a fortiori du fait de l’insécurité en périphérie de la ville et dans les villages de la commune.
Sur le plan de l’assainissement, 58% des ménages PND et 38% des ménages PDI exprimaient avoir accès à des latrines, la quasi-totalité d’entre eux rapportant les utiliser. La non-fonctionnalité des latrines disponibles, et la distance de certaines latrines communautaires constituaient des motifs importants rapportés pour expliquer le manque d’accès. Ce dernier constituait un risque sanitaire important, la défécation à l’air libre contrainte par le manque de latrines fonctionnelles entraînant notamment des risques de transmission de maladies hydriques.
Environnement
En dehors de l’accès à l’eau, la commune de Ouargaye était confrontée à des défis environnementaux de différentes natures. En effet, si peu de ménages rapportaient avoir été affectés par un aléa naturel au cours des 12 mois précédant la collecte de données, l’activité anthropique était à l’origine de problèmes de déforestation et de la disparition de la biodiversité alors que la prolifération des déchets est en partie responsable de la détérioration des sols et de la qualité de l’eau, selon les données secondaires recueillies. L’absence de système de gestion des déchets fonctionnel contribuait à cette détérioration, la grande majorité des ménages enquêtés rapportant brûler ses déchets ou s’en débarrasser à l’air libre. Face à ces défis, des actions de sensibilisation et de formation étaient entre autres menées par les services environnementaux régionaux d’après un·e IC, et les populations développaient des stratégies d’adaptation, des initiatives associatives permettant par exemple la collecte des déchets.
Etat civil
Dans plus d’un ménage PDI sur deux (52%), au moins un membre ne disposait pas de de documents d’identité, quand cela concernait 20% des ménages PND. Une part importante des ménages considérait comme difficile l’accès aux documents d’identité, principalement en raison du temps et du coût nécessaires à leur production, ainsi que du fait de la confusion de certaines procédures. Ces difficultés pourraient limiter l’accès de certains membres des ménages à des services, notamment d’éducation ou d’emploi dans le secteur formel.
Santé
Au sein de la commune, l’offre de soins est essentiellement assurée par les établissements publics. A titre illustratif, la quasi-totalité des ménages consultés privilégiaient les centres de santé et de promotion sociale (CSPS) (PND : 91% ; PDI : 95%). La structure de santé visitée par les ménages n’était pas systématiquement la plus proche, le nombre de structures fonctionnelles étant limité, et le CSPS étant une étape nécessaire pour les patient·es avant d’être référé·es au CMA. Les principales barrières d’accès aux soins identifiées par les ménages étaient liées au temps d’attente, et au manque de moyens financiers des ménages pour payer les consultations et/ou les médicaments. Quant à l’offre de soins, en partie caractérisée par un manque de personnel qualifié couplé à une patientèle trop nombreuse et le manque d’approvisionnement en électricité constituaient les principaux obstacles rencontrés par le personnel soignant.
Education
Selon les données primaires recueillies, l’accès aux services d’éducation s’avérait plus difficile au niveau secondaire qu’au niveau primaire. Par ailleurs, au primaire comme au secondaire, les enfants déplacés semblaient rencontrer davantage de barrières pour accéder à l’éducation que les enfants des ménages non-déplacés. Les garçons disposaient également d’un meilleur accès aux services éducatifs. Parmi les raisons de l’inaccessibilité mentionnées dans les enquêtes ménages, on retrouvait des enjeux liés au manque de moyens financiers pour payer les frais de scolarité. En outre, l’offre scolaire était soumise à de nombreux défis, et notamment la qualité des infrastructures, l’accessibilité des services d’eau et d’électricité au sein des structures, ou encore le manque de matériel didactique.
Sécurité et cohésion sociale
Au moment de la collecte de données, les trois quarts des ménages non-déplacés (75%) indiquaient se sentir en sécurité sur leur lieu de vie, contre 86% des ménages déplacés. La dégradation de la situation sécuritaire depuis l’enquête menée en mai 2023 pourrait toutefois avoir entraîné des conséquences importantes sur les perceptions rapportées à travers ces résultats. Il convient de noter à cet égard que neuf des douze villages administratifs de la commune de Ouargaye étaient vidés de leur population depuis l’enquête, selon un·e IC contacté·e.
La cohésion sociale semblait bonne, comme rapporté à la fois par les membres des groupes de discussion et les ménages lors des enquêtes quantitatives (ménages non-déplacés : 99% ; ménages déplacés : 94%). Deux IC rapportaient toutefois des risques de détérioration de cette cohésion, du fait notamment de tensions au niveau des points d’eau, qui pourrait être la conséquence du stress hydrique et du manque d’infrastructures d’eau sécurisées sur le territoire communal.
En outre, les questions sécuritaires, les conflits et les traitements inégaux étaient principalement gérés par la police, l’action sociale, les leaders coutumiers et religieux. Il en allait de même pour la gestion des violences basées sur le genre (VBG), avec une implication plus systématique de l’action sociale. Les cas de VBG étaient en augmentation du fait de la plus forte mise à contribution des femmes pour les activités quotidiennes, celles-ci étant moins à risque d’enlèvement lors des activités selon un·e IC.
Accès à l’information
Plus d’un tiers des ménages (PND : 38% ; PDI : 31%) considéraient la radio et les médias en général comme les principaux canaux d’information pour être informé des décisions prises dans la commune. Une part des ménages (PND : 51% ; PDI : 32%) estimait avoir une forme d’influence dans les processus de décision locales, que ce soit par le biais d’une influence directe, ou par le partage de leur avis. En parallèle, 75% des ménages non-déplacés et 43% des ménages déplacés rapportaient être souvent ou toujours informés des décisions prises au niveau local.