Principales caractéristiques des populations de la commune
En moyenne, la taille des ménages non déplacés (7,8 membres par ménage) dans la commune de Koupéla était inférieure à la moyenne nationale (6,4 membres par ménage) en 20232 mais restait inférieure à la taille des ménages déplacés rapportée au sein de la commune (9,0 membres par ménage). Au cours de l’évaluation, 7% des ménages non-déplacés rapportaient héberger des déplacés. Si les ménages non-déplacés étaient principalement propriétaires (92%), les ménages déplacés indiquaient pour la plupart être locataires de leur logement (37%). D’après les enquêtes ménages, les populations déplacées étaient exclusivement (ménages déplacés : 28% ; ménages nondéplacés : 0%) concernées par l’assistance humanitaire les six mois précédents la collecte.
Dynamiques de déplacements
Près d’un tiers des ménages déplacés (30%) étaient arrivés dans la commune au cours des deux années qui ont suivi le début de la crise humanitaire et sécuritaire de 2019. Les déplacements étaient principalement inter-régionaux, la région limitrophe de l’Est représentant 70% des flux, alors que 25% des ménages déplacés étaient originaires de la région Centre-Est. Une grande majorité de ménages rapportait l’insécurité comme facteur de déplacement (96%), alors que le niveau perçu de sécurité était mentionné par 89% des ménages déplacés comme principal motif d’installation dans la commune. Près d’un ménage déplacé sur deux (45%) envisageait de rester dans la commune bien que les retours envisagés (mentionnés par 36% des ménages PDI) restaient en partie conditionnés par la situation sécuritaire dans la localité d’origine du ménage.
Economie et moyens de subsistance
L’accès à une activité économique paraissait disparate entre ménages non-déplacés et déplacés. Dans près de 67% de ménages non-déplacés, au moins un membre du ménage pratiquait une activité génératrice de revenus (AGR) contre (53%) des ménages déplacés. Le temps nécessaire aux ménages pour s’adapter au marché du travail, et donc trouver une AGR, pouvait en partie expliquer cette différence. Koupéla bénéficie de l’attractivité et du dynamisme de la commune de Pouytenga. Située au carrefour des routes nationales reliant Fada à Ouaga, Koupéla profite de son positionnement stratégique avec le commerce qui constitue le premier secteur d’activité pour les ménages. En outre, l’agriculture est une activité importante pour la population de Koupéla. Cette activité reste néanmoins impactée par les aléas climatiques. Avec l’accélération de l’urbanisation de la ville et les installations récentes des ménages non-déplacés dans les zones non loties de la commune, la question de la disponibilité de terres non-dégradées représentait un enjeu majeur dans l’accès aux opportunités économiques et pouvait créer, comme pour le secteur de l’eau, une concurrence entre les secteurs économiques.
Eau et assainissement
L’eau était identifiée comme une des vulnérabilités de la commune de Koupéla. A la différence de Pouytenga, les quantités d’eau nécessaire pour combler les besoins du ménage étaient jugés comme satisfaisantes par une part considérable des ménages (68% des ménages non-déplacés et 47% des ménages déplacés). Pour autant, comme sa voisine, Koupéla faisait face à des pénuries d’eau une parte importante de l’année. L’accès à cette eau étaient en partie affecté par le dérèglement climatique. En outre, les projections de la demande en eau prévoient plus d’un doublement de la consommation d’ici à 20353. Au moment de la collecte de données, les ménages identifiaient le temps d’attente élevé au point d’eau, le débit d’eau insuffisant et les coupures d’eau comme barrière d’accès à cette ressource. L’accès aux latrines semblait plus difficile pour les ménages déplacés (55%) que les ménages non déplacés (89%), la plupart des ménages pointaient l’absence d’infrastructures comme raison.
Environnement
En dehors de l’accès à l’eau, la commune de Koupéla était confrontée à des défis environnementaux de différentes natures. En effet, 15% des ménages non-déplacés et 13% des ménages déplacés rapportaient avoir été affectés par un aléa naturel au cours des 12 mois précédant la collecte de données, les fortes pluies et les vents violents figurant parmi les principaux aléas cités dans les enquêtes qualitatives. En l’absence d’une urbanisation contrôlée et de système d’évacuation des eaux pluviales, les ménages pouvaient être exposés à des risques d’inondation surtout lors de la période hivernale. En outre, l’activité anthropique est à l’origine de problèmes de déforestation et de la disparition de la biodiversité alors que la prolifération des déchets est en partie responsable de la détérioration des sols d’après les données secondaires recueillies. Face à ces défis, des actions de sensibilisation et de formation étaient entre autres menées par les services environnementaux régionaux d’après un IC, et les populations développaient des stratégies d’adaptation.
Etat civil
Dans plus d’un ménage PDI sur deux (53%), au moins un membre ne disposait pas de de documents d’identité, quand cela concernait 23% des ménages PND. Tandis qu’une forte minorité des ménages considérait comme difficile l’accès aux documents d’identité, principalement en raison du temps et du coût nécessaires à leur production, cela ne semblait que peu affecter les ménages au quotidien. Certains d’entre eux rapportaient toutefois des difficultés pour inscrire les enfants à l’école ou se soumettre à des contrôles de police.
Santé
Au sein de la commune, l’offre de soins est essentiellement assurée par les établissements publics. A titre illustratif, la quasi-totalité des ménages consultés privilégie les centres de santé et de promotion sociale (CSPS) (PND : 97% ; PDI : 93%). La structure de santé visitée par les ménages n’était pas systématiquement la plus proche. Certains facteurs dont le coût, le type de services proposés par les structures, ou la perception de la qualité des soins jouaient certainement aussi un rôle dans le choix des ménages. Les principales barrières d’accès aux soins identifiées par les ménages étaient essentiellement de nature financière et renvoient au manque de moyens financiers et au prix des médicaments. Sur le plan de l’offre de soins, les difficultés rencontrées par le personnel soignant faisaient principalement référence au manque d’équipements médicaux (8/9 structures).
Education
L’accès à des services d’éducation primaire ou secondaire était plus difficile pour les enfants des ménages déplacés, comparativement aux ménages non-déplacés4. Que ce soit pour le secteur primaire ou secondaire, les inégalités d’accès à une éducation ne présentait pas de différences considérables entre groupes de genre. Parmi les raisons de cette relative inaccessibilité mentionnées dans les enquêtes ménages, on retrouvait des enjeux liés au manque de moyens financiers pour payer les frais de scolarité. En outre, l’offre scolaire était soumise à de nombreux défis dont la qualité des infrastructures accompagné l’absence de clôture, le manque de matériel scolaire / didactique, ou le fonctionnement continu des cantines scolaires.
Protection et cohésion sociale
Au moment de la collecte de données, près de neuf ménages non-déplacés sur dix (92%) indiquait se sentir en sécurité sur leur lieu de vie, contre 77% des ménages déplacés. Les petites criminalités (vols et banditisme) propres au contexte des grands centres urbain étaient malgré tout citées comme principale problème de protection dans deux GD menés avec des PDI. Les enquêtes qualitatives mettaient en évidence une plus importante exposition des femmes et des filles à des problèmes de violences basées sur le genre. La cohésion sociale semblait bonne, comme rapportée à la fois par les membres des groupes de discussion et les ménages lors des enquêtes ménages (ménages nondéplacés : 96% ; ménages déplacés : 99%). Les questions sécuritaires, les conflits et les rapports de traitements inégaux étaient principalement gérés par la police, l’action sociale et les leaders coutumiers. Les commissions foncières villageoises et les commissions de conciliation foncière jouaient un rôle également dans la résolution des conflits d’après un IC de la commune. Le rôle des leaders communautaires dans la promotion de la cohésion sociale et du vivre ensemble était loué dans plusieurs enquêtes qualitatives.
Accès à l’information
Près de trois quarts de ménages (ménages non-déplacés ; 83%, ménages déplacés : 86%) considéraient la radio et les médias comme le principal canal d’information pour être informé des décisions prises dans la commune. Environ un ménage sur deux (ménages non déplacés ; 59%, ménages déplacés : 75%) estimait n’exercer aucune influence dans les processus de décision locales. En parallèle, 37% des ménages non-déplacés et 71% des ménages déplacés rapportaient n’être que rarement ou jamais informés des décisions prises au niveau local.