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Burkina Faso: Aperçu des Besoins Humanitaires 2022 (mars 2022)

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La crise multidimensionnelle au Burkina Faso est devenue en seulement deux années, la crise la plus dynamique (en termes de mouvements des populations) et la plus dévastatrice pour les populations civiles des trois pays du Centre Sahel (Burkina, Mali et Niger). Le pays est devenu depuis 2020, l’épicentre de la violence armée imposée en majorité par des groupes armés non étatiques. Près de 40% de la population est directement affectée par la fermeture ou la réduction des services sociaux de base, l’absence des services étatiques et plus de 7% de la population a été obligée de fuir son domicile à la recherche de la sécurité. Les personnes déplacées internes du Burkina Faso, représentent plus de 68% du total des personnes déplacées du Sahel Centre. Face à cette tragédie que traverse le Burkina Faso, les perspectives d’une amélioration de la situation humanitaire ne sont pas encore visibles. L’aide humanitaire reste la principale source de revenus pour plus 38% des personnes déplacées et l’assistance humanitaire pour les communautés non déplacées reste un défi pour plusieurs secteurs d’assistance. L’ensemble des 13 régions du pays est affectée à des degrés divers par la crise.

Démographies et facteurs socio-culturels

Caractéristiques principales et répartition

Le Burkina Faso a une population estimée à 21 706 163 habitants en 2021 selon les projections RGPH de 2019. Cette population qui croit à un taux de 2,93% par an est l’un des taux de croissance démographique le plus élevé des pays du Sahel. Les femmes constituent la part la plus importante et représentent 51,7% de la population contre 48,3% pour les hommes. La grande majorité des burkinabè (73,7%) réside en milieu rural et est caractérisée par sa jeunesse. En effet, plus de 77,9% de la population a moins de 35 ans. Les enfants de 0-4 ans représentent 16,2% de la population totale.

La population âgée de moins de 15 ans représente 45,3% de la population globale. La taille moyenne des ménages se situe à 5,2 individus par ménage.

Le Burkina Faso a procédé à un nouveau recensement général de sa population en 2019, soit 13 années après le dernier exercice et force est de constater que la nature des ménages entre les deux exercices à évoluer de façon notable. En effet, le dernier recensement introduit une notion de « Population flottante » qui serait constituée de population sans abris et qui serait inscrite dans la catégorie des ménages collectifs. Ce nouvel élément fait sans doute référence aux conséquences de l’insécurité où au moins 7% de la population est déplacée et accueillie dans les communautés et sur des sites d’accueil. Se déplaçant vers des localités plus stables, les centres urbains continuent de connaitre un accroissement démographique. Le taux d’habitants en milieu urbain est passé de 23% en 2006 à 26,3% en 2019 et la tendance est toujours à la croissance du fait du contexte d’insécurité.

Diversité et vulnérabilités sociales

Le Burkina Faso est marqué par des inégalités de tout genre qui ont un impact considérable sur les conditions de vie des ménages. L’incidence de pauvreté est plus accentuée en milieu rural (44,6) qu’en milieu urbain (10). Ces inégalités et cette pauvreté endémiques ont un effet pervers surtout dans les régions qui sont durement touchées pour la crise sécuritaire actuelle, notamment les régions de la Boucle du Mouhoun (50,6%), Centre-Nord (60,8%), Centre-Est (53,3%), l’Est (45,1%), Nord (70,9%) et du Sahel (44,2%), témoignant le lien entre la violence et la pauvreté. Plus loin, on note que les inégalités se matérialisent par un taux de chômage particulièrement élevé chez une certaine catégorie de population. En effet, le chômage qui frappe en première ligne les jeunes est à un taux de 4,7% au niveau national. L’analyse de ce taux selon l’âge révèle que 8,6% des jeunes de 15-24 ans n’ont pas un emploi et ce taux diminue avec l’âge. Le taux de chômage des personnes de 15-24 ans est trois fois plus élevé chez les jeunes filles que chez les jeunes garçons. De façon plus spécifique, il s’agit d’un phénomène plus urbain (7,1%) que rural (6,4%). Avec la situation de violence qui pousse les populations rurales à rejoindre les villes et les milieux urbains où il y a plus de sécurité, le phénomène ne fera que s’agrandir et se cristalliser.

Même si l’Indice de Développement Humain (IDH) du Burkina Faso a connu une progression de 54,3% au cours des vingt dernières années passant de 0.293 en 2 000 à 0.452 en 2019, les inégalités ont quant à elles maintenu leur progression dans presque tous les domaines sociaux. En effet, le taux d’espérance de vie à la naissance se situe à 32%, un seuil au-dessus du seuil moyen en Afrique subsaharienne qui est de 29,7%. Au niveau du genre, les inégalités sont encore plus prononcées pour certains services sociaux de base. En ce que concerne l’éducation l’indice de la durée moyenne de scolarisation chez les hommes (2.3) est deux fois plus élevé que chez les femmes (1.1). Au niveau du Revenu National Brut, les hommes sont à 2,727 FCFA tandis que les femmes sont à 1 541 FCFA. Cela est sans doute une émanation du fait que les hommes ont un taux d’activités à 74,8% contre 58,3% pour les femmes. Toute ces situations montrent que le contexte national est empreint d’inégalités de tout type, ce qui est parfois la source des conflits.

A tous les niveaux de la vie sociale, les personnes vivant avec un handicap font face à une discrimination ; constituant une source de vulnérabilité. Le tableau de bord social de 2018 estime que les personnes vivant avec un handicap représentent environ 7% de la part des populations inactives. Les données issues du RGPH de 2019 concernant cette population ne sont encore pas disponibles et les données officielles sont celles de 2006 qui estiment à 1,2% la population nationale vivant avec un handicap. Cette proportion reste plus élevée chez les populations vivant en milieu rural (1,3%) et sur le plan national, 1,1% de femmes vivent avec un handicap. En revanche chez les personnes déplacées internes selon l’enregistrement fait par le CONASUR, la population des personnes vivant avec un handicap est de 2,2%. Selon les résultats de l’Enquête multisectorielle continue (EMC) de 2018, le taux de chômage qui est de 4,7% au niveau est plus important chez les personnes vivant avec un handicap car il se situe à environ 10,6% et varie selon le type de handicap. Le chômage touche moins les personnes vivant avec un handicap moteur (6,4%), tandis qu’il est plus accentué chez celles vivant avec un handicap visuel (22,5%).

Dans les régions les plus impactées par la crise sécuritaire, les villages entiers se déplacent en laissant derrière eux des personnes vivant avec un handicap et les personnes âgées. Ces derniers font donc face aux exactions des personnes en arme visitant leurs villages.

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