Contexte
L’analyse de l’insécurité alimentaire à travers l’outil cadre harmonisé (CH) version 3.0 de mars 2024 informe que 2 734 196 personnes vulnérables seraient en crise alimentaire (CH3+) en période de soudure si aucune action n’est prise. Sur le plan nutritionnel, 126 757 enfants victimes de la malnutrition aigüe sévère (MAS), 291 390 enfants souffriraient de la malnutrition aigüe modérée (MAM) et 99 493 femmes enceintes et femme allaitantes (FEFA) malnutries auront urgemment besoin d’une assistance nutritionnelle.
Les facteurs explicatifs de cette situation sont entre autres la baisse de la production agricole des ménages très pauvres et pauvres, la hausse des prix des denrées alimentaires et la persistance de l’insécurité et ses corolaires. Ces facteurs exacerbés par les chocs climatiques, les conflits et les perturbations environnementales entrainent une augmentation du niveau de malnutrition et de la faim.
Afin de répondre aux besoins des populations vulnérables, le gouvernement Burkinabé travaille avec les partenaires techniques et financiers pour lutter contre l’insécurité alimentaire et nutritionnelle. Depuis 2012, il élabore et met en œuvre le Plan annuel de réponse et de soutien aux populations vulnérables à l’insécurité alimentaire et à la malnutrition (PRSPV), qui vise à fournir une stratégie globale et coordonnée pour répondre aux besoins des populations confrontées à des situations d’insécurité alimentaire et de malnutrition.
Pour l’année 2024, ce plan prévoit d’assister 2 734 196 personnes vulnérables en phase de crise et d’urgence. Là où l’insécurité alimentaire et la malnutrition atteignent des niveaux critiques, il est prévu une aide alimentaire et une protection de leur des moyens d’existence leur permettant un accès à une alimentation suffisante, diversifiée, saine et nutritive. Il s’agira notamment de :
- 324 575 ménages soit 2 272 024 personnes appuyées en assistance alimentaires ;
- 248 014 ménages soit 1 736 098 personnes appuyées en moyens d’existence ;
- 99 493 femmes enceintes et femmes allaitantes (FEFA) malnutries prises en charge ;
- 126 757 enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë sévère (MAS) et 291 390 enfants de moins de 5 ans souffrant de malnutrition aiguë modérée (MAM) pris en charge ;
- 111 761 enfants de 6 à 23 mois et 28 205 femmes enceintes et femmes allaitantes (FEFA) qui bénéficieront de mesures de prévention contre la malnutrition.
La période de soudure entre juin et septembre est très difficile au Burkina Faso. Pendant cette période, les stocks alimentaires des ménages et la production alimentaire sont très limités. En absence de réserves (insuffisantes ou épuisées), les ménages sont incapables de satisfaire leur alimentation de base quotidienne. Cette pénurie entraine souvent une réduction du nombre de repas, la quantité et la diversité des aliments disponibles et la consommation d’aliments alternatifs de cueillette, ce qui peut compromettre l’apport en nutriments essentiels. De plus, les populations vulnérables ne disposent pas de ressources financières suffisantes pour satisfaire leurs besoins alimentaires sur les marchés locaux qui connaissent souvent des difficultés d’approvisionnement à cause de l’insécurité, sans compter les prix prohibitifs liés à l’inflation. De facto, il existe un risque d’augmentation des taux de malnutrition, de la faim (surtout pour les enfants, les FEFA et les personnes âgés), ainsi que des problèmes de santé associés y compris des complications pendant la grossesse.
Au Burkina Faso, de nombreuses localités sont catégorisées comme zones d’accès difficile, où les populations sont isolées, avec un accès limité à la nourriture et aux moyens de subsistance. Les données analysées par le PAM depuis le début de l'année soulignent une situation alimentaire préoccupante. La dépendance à l’assistance extérieur via des convois militaires ou des hélicoptères du PAM est forte. La fermeture des marchés et la rareté des denrées ont fait flamber les prix des céréales, rendant l'accès à la nourriture difficile pour les ménages à faible revenu. Les revenus ont chuté, obligeant les ménages à recourir à des moyens de subsistance précaires.
Dans ces zones d’accès difficile depuis des années, l'insécurité alimentaire persiste, avec des ménages vulnérables confrontés à des pénuries alimentaires et des stratégies de survie d'urgence. Dans ce contexte de double crise (alimentaire et sécuritaire), l'assistance alimentaire et nutritionnelle ainsi que l’appui pour protéger et reconstituer les moyens d’existence des ménages sont indispensables afin d’éviter l‘augmentation du nombre de personnes en situation d’urgence, de catastrophe voire pire pendant la période de soudure.