Contexte, objectifs et méthodologie
Le Bénin a bénéficié d'une certaine croissance économique depuis le début des années 90 et a connu des progrès encourageants avec une réduction du niveau de la mortalité infantile, infanto juvénile et maternelle. Il reste cependant un des pays les plus pauvres au monde et se classait 163ème sur 177 pour l'indice de développement humain (IDH) en 2007. L'économie est essentiellement basée sur l'agriculture. Le Bénin est l'un des premiers producteurs africains de coton et a été très affecté par la crise de ce secteur en 2005. Par ailleurs, le pays a récemment traversé plusieurs crises laissant entrevoir une dégradation de la sécurité alimentaire et nutritionnelle des couches vulnérables, l'apparition de nouvelles couches à risque et des répercussions néfastes sur l'éducation, la santé et la protection des enfants. Il s'agit des inondations de 2007 qui ont déstabilisé la production agricole, mais surtout, la crise alimentaire globale et la hausse des prix.
Dans ce contexte, une Analyse Globale de la Vulnérabilité, de la Sécurité Alimentaire et de la Nutrition (AGVSAN) a été conduite pour tenter de comprendre les nouvelles dimensions de l'insécurité alimentaire, de la malnutrition et des stratégies de survie des ménages, en vue d'une meilleure définition et planification des interventions à mener. La conception et la mise en place de cette étude est le fruit d'un partenariat étroit entre le Gouvernement du Bénin, le Programme Alimentaire Mondial (PAM), l'UNICEF, ainsi que d'autres agences des Nations Unies (FAO, PNUD), et des organisations émanant de la société civile.
Comment a été effectuée l'analyse? L'AGVSAN est basée sur une analyse de données quantitatives collectées en novembre et décembre 2008, dans les 12 départements du pays, auprès de 4176 ménages ruraux et urbains, et d'informateurs clés de 348 villages et quartiers. Dans les ménages enquêtés, les mesures anthropométriques ont été prises systématiquement pour tous les enfants de 6 à 59 mois et toutes les femmes en âge de procréer (15 à 49 ans), soit 3457 enfants et 4539 femmes. Une analyse des données secondaires a été effectuée au préalable.
Combien de personnes sont en insécurité alimentaire ou souffrent de malnutrition, et où se trouvent-ils?
Sécurité alimentaire des ménages
On estime qu'au niveau national, 12% des ménages soi t 972 000 personnes sont en insécurité alimentaire (IA). Par ailleurs, 1 048 000 personnes sont considérées à risque d'insécurité alimentaire (13,2%).
Les départements ayant les plus forts taux d'insécurité alimentaire au moment de l'enquête sont le Mono, l'Atacora, le Couffo et la Donga. Ces quatre départements totalisent près de 60% des ménages en insécurité alimentaire au niveau national. Par ailleurs, les ménages à risque d'insécurité alimentaire vivent principalement dans le Zou, le Borgou, l'Atacora, les Collines et l'Ouémé.
La proportion de personnes estimées en insécurité alimentaire en milieu rural (15,3% - environ 710 000 personnes) est près de deux fois supérieure à celle en milieu urbain (7,9% - environ 262 000 personnes).
Situation nutritionnelle des femmes et des enfants
Au niveau national, plus d'un tiers (37%) des enfants béninois de 6 à 59 mois (soit environ 530 000 enfants) souffrent de retard de croissance. Ces enfants ne grandissent pas de façon optimale. Selon l'OMS, la situation nutritionnelle des enfants béninois est donc grave. En effet, dans tous les départements (sauf le Littoral) plus de 30% des enfants de 6 à 59 mois souffrent de malnutrition chronique. Dans les départements de l'Atacora, l'Alibori, le Plateau et le Couffo, la prévalence dépasse même le seuil critique de 40%.
Par ailleurs, on note des zones à risques pour la malnutrition aiguë. Plus de 67 000 enfants de 6 à 59 mois (4.7%) souffrent de malnutrition aiguë, dont 10 000 (0.7%) de malnutrition aiguë sévère, ce qui les expose à un risque accru de mortalité. L'Atacora est le département le plus touché, suivi du Plateau et de l'Ouémé.
Au moment de l'enquête, un tiers des départements présentaient une prévalence de la malnutrition aiguë globale supérieure à 5%, ce qui traduit une situation médiocre selon les seuils établis par l'OMS. Par contre, la prévalence de la malnutrition aiguë globale était inférieure au seuil critique de 10% établi par l'OMS dans tous les départements.
Il est important de noter que la malnutrition aiguë touche autant les enfants vivant en milieu urbain que ceux vivant en milieu rural. Par contre, le milieu rural est significativement plus touché par la malnutrition chronique que le milieu urbain. 40,4% des enfants de 6 à 59 mois vivant en milieu rural souffrent de malnutrition chronique.
Au niveau national, 9% des femmes en âge de procréer présentent un déficit énergétique chronique. Les femmes vivant en milieu rural sont plus touchées par cette forme de malnutrition. D'autre part, l'obésité touche 7% des femmes de 15 à 49 ans, et est plus marquée en milieu urbain (11,5%).