Depuis octobre, Médecins du Monde a mené 746 consultations médicales, sociales ou psychologiques de migrants en transit à Bruxelles. Depuis leur lancement, les consultations – menée au hub humanitaire de la rue Frontispice - ont plus que doublé, passant de 40 à 100 par semaine. Les déclarations des personnes reçues indiquent que les violences policières restent un problème.
Des migrants majoritairement économiques à Bruxelles ? Médecins du Monde dément cette affirmation en cette Journée Internationale des Migrants. Deux tiers des personnes rencontrées en consultations venaient du Soudan (entre 40 et 55%) et d’Erythrée (entre 15 et 25%). Suivent la Libye, la Syrie et l’Irak.
« La plupart de ces personnes viennent de pays pour lesquels le taux de reconnaissance du statut de réfugié est très élevé, » explique Pierre Verbeeren, directeur de Médecins du Monde. « Si elles introduisaient une demande, elles auraient de fortes chances qu’elle soit acceptée. Mais elles ne le font pas parce qu’elles pensent que la Belgique n’acceptera pas de l’examiner, à cause du règlement ‘Dublin’. Celui-ci stipule en effet que c’est le pays par lequel est rentré le migrant qui doit étudier la demande. Or, les gens que nous rencontrons ont dû donner leurs empreintes digitales dans un autre pays européen avant d’entrer en Belgique. »
Une violence policière persistante
Les personnes migrantes rencontrées continuent de pointer les actions policières comme problématiques. « Les rafles ont heureusement cessé, » précise Nel Vandevannet, directrice des projets belges de Médecins du Monde. « Mais nous recevons de nombreux témoignages de gens donc les biens ont été confisqués. Ils sont particulièrement ciblés par des contrôles dans les transports en commun et sont régulièrement confrontés à des violences émanant des policiers. » Et de citer l’histoire de ce jeune homme qui a dû être hospitalisé pour une vilaine fracture à la jambe suite à une intervention de la police. Une enquête sur ce cas serait d’ailleurs ouverte au Comité P.
La violence et les conditions de vie précaires justifient l’essentiel des plaintes médicales. « Infection des voies respiratoires (24%), blessures ouvertes, ecchymoses et douleurs articulaires (17%), gale (4%) et troubles de la santé mentale (4%) sont les diagnostics caractéristiques d’une vie à la rue dans l’anxiété constante et de mauvaises conditions d’hygiène, » détaille encore Nel Vandevannet. « S’il n’y avait l’hospitalité des citoyens belges, la situation serait encore bien pire. »
Des femmes et des mineurs en situation préoccupante
Médecins du Monde est particulièrement préoccupée par la situation des femmes et des enfants. Tous les indicateurs européens montrent que les mineurs (11% des consultations) et les femmes (8%) sont particulièrement vulnérables aux violences sexuelles et à la traite des êtres humains. Malgré l’engagement important des citoyens et des organisations humanitaires, cette vulnérabilité persiste lorsque les personnes sont obligées de vivre dans la clandestinité. Child Focus rapportait récemment avoir vu tripler le nombre de mineurs étrangers non accompagnés disparus. Pour Médecins du Monde, des efforts plus importants doivent être faits par les autorités pour protéger ces groupes vulnérables.
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Jonathan Hardenne
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