Sommaire exécutif
L'insécurité alimentaire et nutritionnelle dans la région de la SADC continue d'atteindre un niveau inacceptable, qui nécessite des efforts concertés de la part de la Région pour renforcer sa résilience face aux chocs multiples et croissants auxquels elle est confrontée.
En raison de l'interaction complexe entre les problèmes structurels persistants et les chocs récents subis dans la Région, la population en situation d'insécurité alimentaire est estimée à 55,7 millions, pour la période allant du 1er avril 2022 au 31 mars 2023, dans les douze (12) États membres1 ayant fourni les données sur lesquelles est basé le présent rapport.
La malnutrition infantile demeure très préoccupante dans la Région. Les taux de retard de croissance restent élevés, affichant une moyenne supérieure à 25% dans la plupart des États membres. Chaque pays de la Région affiche une prévalence du retard de croissance classée comme « élevée » ou « très élevée » par l'Organisation mondiale de la santé (OMS). Près de 18.6 millions d'enfants souffrent d'un retard de croissance dans la Région, soit un tiers des enfants en Afrique. La prévalence de l'anémie (carence en fer) chez les femmes en âge de procréer dans la Région est à un niveau préoccupant pour la santé publique selon les normes de l'OMS. La prévalence des enfants en surpoids dans les économies moyennes supérieures est considérée comme « élevée » Les niveaux élevés et généralisés de pauvreté dans la Région continuent d'être renforcés par les faibles taux de croissance économique, le niveau élevé de chômage, l'accroissement des inégalités, la fréquence et l'intensité croissantes des chocs, la faiblesse des systèmes de protection sociale et l'insuffisance de la fourniture de services de base, notamment en matière de santé, d'eau, d'hygiène et d'assainissement. Tous ces phénomènes confère un caractère chronique à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle dans la Région.
Les multiples catastrophes d'origine naturelle ou humaine ajoutent de l'acuité à l'insécurité alimentaire et nutritionnelle de la Région. La saison des pluies de 2021/22 a connu un mauvais départ dans la majeur partie de la Région, les quantités cumulées de pluie étant inférieures à la moyenne en décembre 2021.
Bien que les précipitations se soient améliorées au cours de la seconde moitié de la saison dans de nombreuses parties de la Région, la sécheresse a persisté dans d'autres. Un record de 6 systèmes cycloniques destructeurs a également été enregistré dans la Région [...]. Les incendies de forêt, les épidémies de ravageurs et de maladies des animaux et des cultures figurent parmi les catastrophes qui ont également été signalées par plusieurs États membres.
Du début de l'année 2020 à décembre 2021, le criquet migrateur africain (AML) a continué de menacer la sécurité alimentaire dans plusieurs États membres, à savoir l'Angola, le Botswana, la Namibie, la Zambie et le Zimbabwe, tandis qu'en avril 2022, la peste porcine a été signalée dans la province de Lusaka en Zambie. Des foyers de fièvre aphteuse (FMD) ont également été signalés au Malawi, en Afrique du Sud et dans la province de Tete au Mozambique.
Des augmentations générales du coût de la vie, notamment des hausses significatives des prix des principaux produits de base et d'autres denrées alimentaires, ont été signalées dans la majorité de la Région. Les pressions inflationnistes déjà existantes sont maintenant stimulées par les perturbations des chaînes d'approvisionnement découlant de la pandémie de Covid-19 et des conflits en cours entre la Russie et l'Ukraine.
Une série de mesures complémentaires, à plusieurs niveaux, visant à traiter à la fois les aspects aigus et chroniques de l'insécurité alimentaire et nutritionnelle identifiée sont nécessaires. Ces mesures devraient inclure le renforcement des filets de sécurité ainsi que des systèmes de protection sociale plus larges qui soutiennent des moyens de subsistance plus résilients.
A court terme, ce rapport recommande ce qui suit :
(i) Aider d'urgence les populations en situation d'insécurité alimentaire et nutritionnelle avec des transferts alimentaires et/ou en espèces, en veillant à l'harmonisation avec les programmes nationaux de protection sociale sensibles aux chocs ;
(ii) Surveiller et répondre aux ravageurs et maladies transfrontaliers du bétail et des cultures et promouvoir l'utilisation d'une approche de gestion intégrée des ravageurs qui soit durable et efficace ;
(iii) Etendre les interventions nutritionnelles à fort impact qui ciblent les enfants de moins de cinq ans, les adolescentes et les femmes en âge de procréer afin de réduire sensiblement les retards de croissance dans la Région;
(iv) Améliorer l'accès des femmes et des filles aux aliments nutritifs, à l'éducation, aux services et aux ressources de production et veiller à ce qu'elles participent aux processus décisionnels ;
(v) Intensifier les programmes de protection du revenu étant donné qu’ils jouent un rôle important dans la garantie de la sécurité alimentaire et des moyens de subsistance, en particulier chez les personnes très pauvres ; et
(vi) Renforcer la capacité de production en facilitant et/ou fournissant des semences et des intrants agricoles pour la saison à venir;
A moyen et long terme, le rapport recommande les actions suivantes :
(i) Encourager la diversité des cultures et des régimes alimentaires par la culture et la consommation d'aliments diversifiés, notamment des aliments indigènes, en veillant à la diversification de la production animale, en particulier des petits ruminants qui sont adaptés aux conditions climatiques difficiles ;
(ii) Promouvoir l'irrigation et la collecte des eaux de pluie et construire des barrages qui permettraient d'assurer une production agricole tout au long de l'année ;
(iii) Réhabiliter et reconstruire les infrastructures endommagées par les inondations et les cyclones en vue d’améliorer l'accès aux marchés et aux installations sanitaires et sociales ;
(iv) Maintenir les échanges commerciaux et donner la priorité au commerce intra-SADC pour les denrées alimentaires et autres produits de base;
(v) Développer des initiatives de renforcement de la résilience, notamment la création d'emplois dans les zones rurales, l'intégration de technologies intelligentes du point de vue climatique dans les subventions et l'agriculture de conservation ;
(vi) Renforcer l'intégration des interventions en matière d'agriculture et de sécurité alimentaire dans les plans nationaux d'adaptation et d'atténuation du changement climatique afin de promouvoir l'agriculture de conservation, la gestion de l'environnement/des écosystèmes2 et le renforcement de la résilience des communautés aux risques climatiques.