Par David Kashweka
Windhoek, Namibie - De plus en
plus de namibiens commencent à mettre en doute la capacité et la volonté
de leur gouvernement à faire face de manière catégorique au problème de
l'insécurité dans la région du Kavango.
Contrairement au reste de la Namibie, la région n'a pas connu la paix depuis l'accession du pays à l'indépendance il y a 10 ans. Elle est restée vulnérable aux activités subversives des membres du mouvement rebelle angolais de l'UNITA, qui accuse la Namibie d'apporter un soutien stratégique à Luanda.
Maintenant les namibiens ont le sentiment que le refus de leur gouvernement de mettre la pression sur l'Angola pour un règlement pacifique, est une erreur d'un point de vue stratégique.
Selon eux, la facilité avec laquelle les membres du groupe rebelle pénètrent en Namibie et l'ampleur des dégâts qu'ils ont causés dans la région du Kavango au fil des ans, exigent un changement immédiat de politique dans le conflit.
Durant ces dernières années, le nord est du Kavango a été une zone de conflit, faisant rappeller l'époque de la guerre de libération d'avant l'indépendance, il y a 10 ans.
Plus de 100 personnes innocentes ont été sauvagement tuées et des centaines blessées, dont la plupart ont finalement été amputées du bras, de la jambe, ou ont perdu la vue.
Les infrastructures économiques et sociales sont presque paralysées. Le secteur du tourisme, la seule source de revenus de la région, a été complètement abandonné en raison de l'insécurité. Les magasins et autres points de vente au détail en milieu rural sont en état de délabrement.
Le système éducatif a été gravement perturbé avec plusieurs écoles fermées et les enseignants expatriés et volontaires ont déserté les lieux. Pendant plusieurs mois, les villageois en étaient venus à dormir dans la brousse, abandonnant leurs fermes par peur de l'UNITA.
Les actions du mouvement rebelle contre la Namibie ont eu un écho international au début de l'année, le 5 janvier, avec l'assassinat près de la ville de Rundu, capitale de la région du Kavango, le long de l'autoroute de Caprivi longue de 1.300 km, de trois jeunes touristes français, accompagnés de leurs parents.
Leurs parents avaient survécu malgré des blessures graves et avaient été évacués à Paris pour des soins. Leur véhicule complètement détruite, avait été mise à sac.
La campagne de destruction venait de commencer. Plusieurs autres automobilistes voyageant sur cette autoroute ont été tués par balle de la même manière et tous leurs biens et argent volés.
Lorsque les forces de sécurité gouvernementale ont introduit des escortes de sécurité le long de cette autoroute, le banditisme s'est transféré dans les villages, les écoles et autres installations stratégiques de la zone rurale.
Les rebelles de l'UNITA suspectés, communément désignés sous l'appelation de "bandits" en Namibie, n'ont pas seulement pillé les fermes et les magasins, mais ils ont tué, mutilé, violé les femmes et enlevé même des écoliers et des adultes qu'ils ont amené de l'autre côté de la frontière.
Ils ont enterré sur leur chemin, des mines anti-personnel, provoquant davantage de blessures et de pertes en vie humaine.
Un dimanche du mois de mai, une mine terrestre a explosé dans une église catholique romaine durant la messe, tuant deux personnes et en blessant 11 autres.
Assoiffés de ravages et de destruction, les rebelles font maintenant exploser les pylônes électriques, paralysant ainsi beaucoup d'activités de la région. Les écoles et même les postes de police se retrouvent ainsi le plus souvent dans le noir.
Dans la plupart des cas, les personnes enlevées ont été amenées en Angola en traversant le fleuve Kavango, o=F9 elles ont été soit torturées soit tuées, soit (si elles sont chanceuses) relâchées après plusieurs interrogations. D'autres ont tout simplement été tuées par balle dans les canoes lors de la traversée du fleuve.
Dans une tentative de protéger la population, le gouvernement namibien a mis en place un certain nombre de mesures dont un couvre feu valable du crépuscule à l'aube dans certaines zones de la région de Kavango.
Une opération d'identification rigoureuse de la population locale visant à soumettre à un contrôle et à identifier réellement les citoyens namibiens a raté en raison du fait que même les nationaux authentiques avaient été arrêtés et torturés parce qu'on les avait pris pour des sympathisants de l'UNITA.
Les autorités en charge de la sécurité ont lancé des opérations de poursuite transfrontalière contre l'ennemi jusqu'en territoire angolais. Mais les raids ont continué sans relâche, avec des bandits attaquant toujours par surprise, tuant des villageois et pillant les magasins.
La majorité des namibiens pense que le gouvernement de Windhoek doit initier des discussions de paix entre l'UNITA et Luanda, au lieu d'essayer d'obtenir une victoire militaire.
Les églises, le parti d'opposition, les groupes de défense des droits civiques et des droits de l'homme, sont tous favorables à une solution pacifique.
D'autres ont demandé au gouvernement de trouver une solution au problème à l'origine des troubles, à savoir le retrait des troupes angolaises du sol namibien et leur retour dans leur propre pays.
Mais le gouvernement, qui attribue les atrocités à "un groupuscule de bandits de l'UNITA "affamés, à la recherche de nourriture" déclare qu'il ne peut y avoir de négociations de paix avec le leader de l'UNITA, Jonas Savimbi parce que ce dernier a rejeté plusieurs initiatives de paix, y compris l'accord de paix de Lusaka de 1994.
Luanda a adopté une position dure, selon laquelle la solution à la crise angolaise se trouverait sur le champ de bataille et que Savimbi doit être arrêté et jugé pour crimes de guerre.
L'Angola partage une frontière avec la Namibie sur une distance d'environ 3.000 km. Les deux pays partagent également les eaux du fleuve Kavango.
Les populations des deux côtés du fleuve sont d'un point de vue culturel et historique les mêmes, ayant en commun la même langue et célébrant des mariages transfrontaliers.
En ce début d'année, nombreux sont les namibiens qui espèrent du gouvernement une solution rapide à ce problème.
Leur principale crainte est qu'"aussi longtemps que Windhoek continuera à danser au son d'une victoire militaire de Luanda sur l'UNITA, les namibiens vont continuer à payer le prix fort pour une guerre qui n'est pas la leur".
Copyright =A9 2000 Panafrican News Agency. Distributed by allAfrica.com. For information about the content or for permission to redistribute, publish or use for broadcast, contact the publisher.
Disclaimer
- Pan African News Agency
- Copyright - All PANA content and graphics is protected by copyright and international treaties and may not be copied, reproduced or re-used for any purpose without written permission.