Les rues utilisées comme des canaux d'écoulement, un micro-système de canalisation construit avec des roseaux coupés en deux, de petits puits en céramique pour dévier le flux des eaux et, quand le fleuve se réveille avec des crues inattendues, les conduits de grands bassins artificiels s'ouvrent pour accumuler les réserves et absorber jusqu'à la dernière goutte d'eau : tel est le système génial et ancestral mis au point par les Mozabites - dans la lignée de la race berbère, aux traditions religieuses rigoureuses - pour irriguer la longue et étroite vallée du M'Zab, 700 kilomètres au sud d'Alger et mettre la zone à l'abri des inondations (en arabe el-Ouach, qui signifie le monstre) habituelles lorsque des orages éclatent aux marges du désert. Un tel système a fonctionné pendant des siècles. Alors que la province de Ghardaïa, dans la vallée du M'Zab, a été durement frappée par une vague de mauvais temps et que les eaux ont débordé, faisant une trentaine de victimes, le système traditionnel de contrôle et régulation des ressources hydriques, qui serait modelé sur la digue de Ma'rib et sur le système d'irrigation de l'antique règne de Saba (au Yémen) semblerait bel et bien oublié. Les "Oumanas Esseil", une association créée il y a déjà plus de 7 siècles pour gérer le système traditionnel d'irrigation mozabite dans la vallée du M'Zab, demeurent convaincus que leur savoir-faire ancestral pourrait encore aujourd'hui contribuer à la gestion des violentes crues de l'oued et doit être par conséquent réutilisé. Tandis que les travaux de reconstruction sont en cours dans la région, impliquant des ingénieurs du génie civil et militaire, des centaines d'ouvriers et des dizaines de véhicules, le président des "Oumanas Esseil", Yahia Boubekeur, a déclaré: "Aujourd'hui, ce système ancestral construit pour résister au temps existe seulement à el-Ouach; à savoir des canaux calibrés qui ont une portée et une direction bien précises pour résister lorsqu'ils sont envahis par les eaux. C'est un système qui a fonctionné pendant sept siècles et la question n'est pas de substituer ce savoir-faire ancestral aux techniques modernes de gestion des eaux, mais de le préserver en tant que patrimoine immatériel qui toutefois pourrait contribuer à la recherche des réponses adéquates". Le patrimoine matériel et immatériel de la vallée du M'Zab fait partie des richesses de l'Algérie à sauvegarder et il est classé depuis 1982 par l'Unesco parmi le gotha des sites culturels et historiques à valeur universelle. [MV/AZ/VV][CO]