Charlotte Berthier, chef de mission en Afghanistan, revient sur son engagement. Elle retrace les activités de Première Urgence - Aide Médicale Internationale (PU-AMI) et les évolutions prévues pour l’année 2013 dans un pays qui, depuis 1979, connaît une succession de conflits et d’occupations.
Quelles sont les conditions de travail sur place ?
Deux des programmes menés en Afghanistan sont implantés dans les provinces de Daykundi et de Kunar. Au début, je croyais ne faire que de la gestion de projet à distance depuis le bureau de coordination, basé à Kaboul. Finalement, dès mon arrivée, j’ai pu me rendre dans les centres de santé appuyés par PU-AMI à Daykundi, dans des lieux très reculés et difficiles d’accès. Je me suis ensuite rendue en visite à Kunar, où 50 personnes de PU-AMI travaillent dans les bureaux d’Asadabad, la capitale, et environ 600 travaillent dans les centres de santé environnants.
PU-AMI a une reconnaissance incroyable dans le pays, qui nous permet de nous sentir utiles et acceptés par la population. Dans un contexte sécuritaire tendu, ce sont des gages de meilleures conditions de travail pour les équipes. Ainsi, les bailleurs de fonds et les autorités reconnaissent notre légitimité à intervenir dans des zones difficiles d’accès pour la plupart des ONG.
Enfin, le plaisir que j’ai à travailler avec les Afghans est quelque chose que j’ai rarement trouvé ailleurs : j’apprends énormément de choses, ce sont des gens très francs, honnêtes et professionnels.
Quels sont vos objectifs pour l’année à venir ?
PU-AMI est forte de son réseau d’agents de santé communautaire qui compte aujourd’hui 500 personnes environ, formées par nos équipes aux soins de santé primaire. L’objectif 2013 est de renforcer les formations de ces agents notamment pour le référencement des patients et de leur permettre de contacter facilement le centre de santé de référence dans l’urgence.
Dans la province de Kunar, on note un afflux de déplacés internes et de réfugiés qui viennent du Pakistan, PU-AMI souhaiterait, dans les mois à venir, mobiliser les agents de santé communautaire afin d’évaluer la situation de ces populations.
Aujourd’hui, dans les deux provinces, les équipes mènent en collaboration avec le Programme alimentaire mondial (PAM) un programme de lutte contre la malnutrition que PU-AMI souhaiterait développer.
Au-delà du renforcement des activités déjà existantes, nous devons préparer nos équipes médicales à une recrudescence des besoins, particulièrement en ce qui concerne Kunar. Les talibans contrôlent totalement certains districts de la province, où se produisent des incidents au quotidien, qui risquent de se multiplier après le retrait des troupes américaines. En conséquence, les conséquences des affrontements, y compris en santé mentale vont aussi prendre de l’importance. Il y a une vraie pertinence pour PU-AMI à renforcer ses activités dans le pays, afin de répondre rapidement et avec efficacité à des besoins humanitaires déjà existants et qui vont encore augmenter dans les années à venir. Nous devons donc obtenir de nouveaux financements pour être en mesure de faire face à ces évolutions.
PU-AMI intervient en Afghanistan depuis 1980, principalement dans le domaine de la santé. Les équipes, en étroite collaboration avec le ministère de la Santé afghan, travaillent à la reconstruction et au renforcement du système de santé dans les provinces de Kunar et Daykundi. Elles approvisionnent les structures et forment le personnel médical, pour couvrir l’ensemble des besoins des populations, des soins de santé primaires aux interventions plus spécialisées. Aujourd’hui, le système de santé de la province de Kunar est en tête du classement des 34 provinces afghanes.