Informing humanitarians worldwide 24/7 — a service provided by UN OCHA

Afghanistan + 46 more

Action humanitaire de l'UNICEF rapport 2007

Attachments

AVANT-PROPOS

Les situations d'urgence, qu'elles prennent la forme de catastrophes naturelles ou de conflits, continuent d'avoir des conséquences dramatiques sur la vie des enfants et des femmes dans le monde. Les inondations massives dans la Corne de l'Afrique et les nombreux typhons en Asie du Sud illustrent la multiplication sans précédent des catastrophes naturelles qui ont touché des milliers de familles en 2006. Dans le même temps, en Afghanistan, en République démocratique du Congo, à Sri Lanka, au Soudan et dans le territoire palestinien occupé, des femmes et des enfants continuent d'être pris dans le feu croisé des combats.

Au cours de ses soixante années d'histoire, l'UNICEF a compris que pour protéger la vie des femmes et des enfants vulnérables, il faut former des partenariats avec les gouvernements, les communautés locales, les institutions humanitaires et les donateurs. Fort de cette tradition et attaché à la réforme humanitaire qui souhaite répondre plus efficacement et de manière plus prévisible aux situations d'urgence, l'UNICEF a mis en oeuvre en 2006 une nouvelle approche avec ses partenaires d'autres institutions. Cette approche, dite « par groupes », a été appliquée dans quatre pays pilotes : le Libéria, l'Ouganda, la République démocratique du Congo et la Somalie. Elle a aussi été utilisée dans deux nouvelles urgences, le tremblement de terre en Indonésie et le conflit au Liban, et a également servi à renforcer la protection en Côte d'Ivoire. L'UNICEF assume la responsabilité des groupes nutrition, eau et assainissement, et services communs de données, tout en collaborant maintenant au développement d'un groupe éducation mondiale. Cette approche a introduit de nouvelles méthodes dans le travail des différents partenaires et organismes humanitaires. Les premières évaluations semblent positives, et le Comité permanent interagences (IASC) a conclu que l'approche par groupes pouvait améliorer l'efficacité globale de la réponse humanitaire. En tant que ferme partisan de la réforme humanitaire, et conformément à ses Principaux engagements pour les enfants en situation d'urgence, l'UNICEF continuera d'insister sur la nécessité d'améliorer sans cesse la riposte humanitaire dans tous les secteurs.

En 2006, l'UNICEF a lancé un appel demandant un total de 1,2 milliard de dollars pour garantir la protection des femmes et des enfants dans 53 situations d'urgence. En novembre 2006, il avait reçu près de la moitié de cette somme, ce qui lui a permis de répondre aux besoins les plus urgents des femmes et des enfants dans de nombreuses urgences. Néanmoins, beaucoup de crises souffrent d'un grave déficit de ressources, et certaines urgences oubliées ou silencieuses, comme celles de l'Angola et du Népal, ont obtenu 38 % seulement des fonds nécessaires pour venir en aide aux femmes et aux enfants. Sans un financement suffisant, il est impossible de mener des activités qui pourraient sauver des millions d'enfants et la vie de ces enfants demeure donc en danger.

La mission de l'UNICEF est de protéger les droits des femmes et des enfants. Le fleuron de nos publications, La situation des enfants dans le monde 2007, montre que l'un des principaux obstacles à la jouissance des droits de l'enfant et à la réalisation des objectifs du Millénaire pour le développement est la discrimination à l'égard des femmes. Cela est tout aussi vrai pendant les situations d'urgence. En travaillant pour améliorer la situation des enfants dans le monde, nous souhaitons doter les enfants et les femmes des moyens de se prendre en charge, en veillant à ce qu'ils participent aux décisions fondamentales qui influencent leur vie, y compris pendant les urgences.

Ce Rapport sur l'action humanitaire 2007 est un appel de l'UNICEF en faveur des enfants et des femmes dans 33 situations d'urgence dans le monde. À nouveau, nous comptons sur votre générosité pour nous aider à assurer leur survie et à défendre leurs droits.

Ann M. Veneman
Directrice générale

INTRODUCTION

Protéger et aid er les femm es et les enfa nts da ns les situa tions d'urgence : le doub le di vid ende de l'égalité des sexes

« Le monde commence ...à comprendre qu'il n'y a pas de politique de promotion du développement, de la santé et de l'éducation plus efficace que le renforcement du pouvoir d'action des femmes et des filles. ... J'irais même jusqu'à dire qu'il n'y a pas meilleure politique pour prévenir les conflits ou parvenir à la réconciliation après un conflit. »

Kofi Annan, Secrétaire général de l'Organisation des Nations Unies, 2006 (1)

Les urgences humanitaires ravagent la vie des femmes et des enfants, tout en accentuant la discrimination, ce qui a des conséquences dramatiques pour les enfants. L'expérience de l'UNICEF sur le terrain montre que, pendant les crises, les femmes se voient fréquemment refuser les ressources nécessaires pour survivre, alors même qu'elles sont le plus vulnérables. Et ce sont en fin de compte les enfants placés sous leur protection qui en font les frais. Les femmes et les enfants représentent souvent la majorité des populations déplacées par les crises. Dans l'environnement impitoyable des camps, il est certainement plus facile de survivre pour des hommes dans la force de l'âge que pour des mères devant s'occuper d'enfants affamés, apeurés et malades.

Le Conseil de sécurité de l'Organisation des Nations Unies a affirmé que, si on leur en donne la possibilité, les femmes peuvent jouer un rôle clé dans la promotion de la paix et de la stabilité pendant les conflits et lors des périodes de transition vers la paix(2). L'UNICEF considère que les principes humanitaires qui soutiennent le renforcement du pouvoir d'action des femmes pendant les crises, assortis de politiques nationales de réforme, peuvent sensiblement relever les taux de survie des enfants.

Le rapport de l'UNICEF sur La situation des enfants dans le monde 2007 intitulé « Femmes et enfants - Le double dividende de l'égalité des sexes » aborde la « double discrimination », celle qui frappe les femmes et, ce faisant, entrave aussi le développement des enfants. Il décrit des stratégies capables de corriger l'exclusion, par exemple des mesures qui accroissent le pouvoir de décision des femmes au sein de la famille, élargissent leurs possibilités éducatives et économiques, et relèvent leur participation à la vie politique.

Les crises tuent des enfants et hypothèquent l'avenir de ceux qui survivent. Une étude publiée dans The Lancet(3) a affirmé que 90 % des décès d'enfants se produisaient dans 42 pays, dont plus de la moitié étaient touchés par des conflits. Le déplacement des femmes et des enfants sape les réseaux formels et informels complexes qui aident une mère à élever ses enfants. Par conséquent, les enfants ne peuvent plus aller à l'école, ils sont privés de leur droit à des services de santé et à des sources stables d'aliments nutritifs (y compris l'allaitement maternel), et ils sont directement exposés à des actes de violence et d'exploitation. La lutte pour survivre oblige les femmes et les enfants à prendre chaque jour plus de risques.

Dans les situations d'urgence, quatre maladies contagieuses auxquelles les femmes et les enfants sont particulièrement vulnérables provoquent de 50 à 95 % des décès. En Afrique de l'Ouest, une femme sur 13 meurt pendant la grossesse ou l'accouchement, contre une sur 3900 en Europe du Nord. Les nouveau-nés privés de mère ont un risque trois à dix fois plus élevé de mourir que ceux dont les mères survivent à l'accouchement(4).

Pendant une crise, c'est souvent aux femmes qu'incombe la lourde tâche de pourvoir aux besoins matériels et de s'occuper des membres de la famille. Accaparées par ce double rôle, elles ont bien des difficultés à alimenter correctement leurs nourrissons et à élever de jeunes enfants. Aller chercher de quoi manger et de quoi se chauffer pendant un conflit multiplie également les risques et les pertes chez les femmes, en raison des mines terrestres et de l'exploitation sexuelle.

La violence sexuelle est une conséquence directe des crises humanitaires. Au Darfour, au Nord de l'Ouganda et en République démocratique du Congo, les fillettes et les femmes sont fréquemment forcées de servir d'esclaves sexuelles et d'« épouses » aux militaires, et elles sont victimes du viol utilisé comme arme de guerre. La violence sexuelle accélère la propagation du VIH/SIDA, en particulier chez les femmes et les enfants.

L'inégalité entre les sexes a exclu des millions de petites filles de l'école, ou les a condamnées à un enseignement médiocre. Les raisons de cette inégalité tiennent au rôle dévolu aux filles, qui doivent cultiver la terre, ramasser les récoltes et préparer à manger, et à la priorité accordée aux garçons en matière de scolarité, si la famille doit faire un choix. Les crises rendent ces disparités encore plus prononcées.

Inégalité entre les sexes et action humanitaire

Néanmoins, les urgences donnent aussi l'occasion de transformer la vie des petites filles et des femmes, et d'abandonner des traditions aussi néfastes. Voici quelques stratégies pour y parvenir :

Associer plus étroitement les femmes à la conception des interventions humanitaires : au Nord de l'Ouganda, en Sierra Leone et au Soudan, par exemple, l'UNICEF a coordonné des groupes communautaires chargés de concevoir et d'appliquer des programmes de réinsertion des filles et des garçons auparavant associés avec des groupes armés.

Financer des études à base factuelle : le taux extrêmement élevé de mortalité maternelle (6500 décès pour 100 000 naissances vivantes par an) notifié en 2005 au Badakhshan, Afghanistan, a conduit à une profonde réforme des politiques de santé et d'allocation des ressources afin de donner la priorité à la santé des femmes.

Relever le pouvoir de décision des femmes dans la famille : encourager la prise de décision et le contrôle des ressources améliore l'état nutritionnel de la femme, le suivi de la grossesse et de l'accouchement, la pratique de l'allaitement, et réduit les retards de croissance chez les enfants âgés d'un à trois ans.

Promouvoir les possibilités éducatives pour tous : dans les situations d'urgence, il est capital de garantir un accès à l'éducation sur un pied d'égalité, par exemple en supprimant les frais de scolarité et en ouvrant des écoles adaptées aux fillettes. Par exemple, au Darfour, la scolarisation des filles a augmenté de manière impressionnante en dépit du conflit. En Éthiopie, au Kenya et en République démocratique du Congo, les filles et les garçons issus de familles pauvres peuvent désormais fréquenter l'école primaire grâce à l'abolition des droits de scolarité.

Encourager la participation des femmes au règlement des conflits et à la consolidation de la paix : de récentes recherches indiquent que la participation des femmes à la vie politique a une influence positive sur le plaidoyer en faveur des enfants, que ce soit aux niveaux international, national ou local

Appuyer les réformes nationales des politiques qui influencent la santé maternelle et infantile : les situations d'urgence sont parfois l'occasion d'influer sur les politiques qui ont des conséquences directes sur la santé maternelle et infantile. Ainsi, en Afghanistan, en Indonésie et au Niger, on a préparé des directives nationales qui protègent l'allaitement maternel en limitant l'utilisation de lait en poudre pendant les crises.

Engager les hommes et les garçons dans la mise en oeuvre des stratégies pour l'égalité des sexes : le succès des projets destinés à transformer les processus de prise de décision qui concernent les femmes et les fillettes passe par une modification des attitudes et un soutien aux hommes et aux garçons. Des exemples au Kenya, en Ouganda, au Pakistan et ailleurs montrent que les hommes et les garçons participent de plus en plus aux activités menées pour s'occuper des enfants, répondre à leurs besoins et les soutenir, et qu'ils font entendre leur voix pour protéger les droits des femmes et des enfants.

Conclusion

Les crises ont un effet débilitant sur la vie des femmes et des enfants et elles exacerbent des préjugés pernicieux. Avec ses partenaires du système des Nations Unies et des ONG, l'UNICEF a appris par son travail dans les situations d'urgence qu'il y a toujours place pour le progrès, même dans des situations apparemment désespérées. Pour y parvenir, il faut se concentrer sur un renforcement du champ d'action des services sociaux, allant de pair avec un appui résolu en vue de changer les politiques et les pratiques qui inhibent la participation active des femmes et des jeunes filles au développement. Prises ensemble, ces mesures peuvent avoir une incidence certaine sur la morbidité, la mortalité et sur la pleine réalisation des droits des femmes et des petites filles.

Nous devons tous nous employer sans relâche à lever les obstacles à l'inégalité entre hommes et femmes en garantissant les services nécessaires et en soutenant les réformes politiques. Donner aux femmes davantage de pouvoir de décision, multiplier leurs possibilités de s'instruire et de gagner leur vie, accroître leur participation à la vie politique, toutes ces mesures peuvent procurer un double dividende, en sauvant la vie de nombreux enfants et en améliorant leur existence.

Notes:

(1) Message de M. Kofi Annan, Secrétaire général de l'ONU, à l'occasion de la Journée internationale de la femme, 8 mars 2006.

(2) Résolution 1325 (2000) du Conseil de sécurité de l'ONU, 31 octobre 2000 (S/RES/1325).

(3) Robert Black, Saul Morris, Jennifer Bryce, « Where and why are 10 million children dying every year ? » The Lancet, Vol.361, 28 juin 2003.

(4) Fonds des Nations Unies pour la population, État de la population mondiale 2005 : La promesse d'égalité. Égalité des sexes, santé en matière de procréation et objectifs du Millénaire pour le développement, FNUAP, New York, 2005, p. 35.