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Stratégie du GTP Diffa/Cluster Protection, Niger (Juin 2017- Juin 2018)

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1. Analyse du contexte

L’insécurité persistante au sein et entre les pays frontaliers du Lac. Au Niger, ces déplacements sont majoritairement concentrés dans la région de Diffa, au sud-est du pays. En date du 31 avril 2017, on y dénombrait 127 299 personnes déplacées internes (PDIs), 106 146 réfugiés, ainsi que 14 546 retournés nigériens (chiffres officiels de la Direction régionale de l'état civil, des migrations et des refugies). Ces populations vivent majoritairement dans des sites de déplacés, dont la plupart est situé le long de la route nationale 1 (RN1) traversant la région.

Les attaques menées de part et d’autres de la frontière par Boko Haram continuent de constituer une menace sécuritaire pour ces populations, à laquelle s’ajoute plusieurs préoccupations en termes de protection liées au déplacement. Plusieurs acteurs humanitaires, en particulier le Cluster Protection au Niger avec l’appui du Groupe de Travail Sectoriel de Protection à Diffa, agissent dans la région dans le but de répondre aux besoins des populations rendues vulnérables et d’apporter une réponse en termes de protection. Une évaluation baseline a été conduite en avril 2017 par le GTP sur les besoins de protection et l’impact des déplacements sur ces besoins dans la région de Diffa.

La majorité des personnes déplacées dans la région de Diffa le sont depuis une période relativement longue : 50% des sites accueillant des personnes déplacées internes (PDIs) et 75% des sites accueillant des réfugiés comptaient une majorité de personnes ayant quitté leur village d’origine il y a plus d’une année. Ces personnes avaient très largement fui l’insécurité dans leur zone d’origine – représentant le principal facteur de déplacement pour une majorité de la population déplacée interne dans 93% des sites, et réfugiée dans 99% des sites. Les déplacements multiples étaient communs, suggérant que les populations étaient susceptibles de se déplacer tout d’abord dans un lieu relativement proche de leur village d’origine, avant de se déplacer à nouveau plus loin si les conditions de vie ou sécuritaires n’étaient pas suffisantes. Les réfugiés s’étaient en moyenne déplacés un nombre de fois plus important que les déplacés internes, probablement en raison des distances plus importantes entre leur village d’origine et leur site d’accueil.

Le déplacement se traduit par une vulnérabilité accrue des populations concernées en termes de protection Ainsi, des incidents sécuritaires occurrent de manière relativement régulière, puisqu’ils sont fréquents ou sporadiques dans respectivement 43% et 46% des sites de déplacés internes et de réfugiés. Le nombre d’incidents signalés a néanmoins diminué dans une vaste majorité des sites évalués en comparaison avec la situation trois mois précédant l’évaluation. Les types d’incidents principalement signalés étaient similaires entre les deux groupes de déplacés évalués, c’est-à-dire des combats entre groupes armés, des vols et braquages, et des violences physiques contre les populations civiles. Les réfugiés semblent davantage exposés à ces incidents sécuritaires. Enfin, au-delà des atteintes à l’intégrité physique, le manque de documentation juridique et civile et les difficultés à enregistrer les nouveau-nés apparaissent comme des problématiques relativement communes dans les sites évalués.

Il en va de même pour les groupes de personnes particulièrement vulnérables, tels que les enfants, les femmes et les personnes souffrant d’un handicap. Les problématiques de protection les plus mentionnées concernant les enfants étaient le sentiment de peur et d’insécurité lié aux traumatismes vécus, ainsi que les violences domestiques.

Pour faire face à ces problématiques sécuritaires, plusieurs actions et stratégies ont été mises en œuvre, à la fois au niveau des communautés et au niveau individuel. Ainsi, des actions de prévention contre les incidents et les risques sécuritaires ont été prises dans une majorité de sites évalués – 73% de sites accueillant des PDIs et 59% de ceux accueillant des réfugiés – principalement sous la forme d’un renforcement de la sécurité dans la zone par l’Etat et d’une augmentation de l’aide humanitaire. Des mécanismes de prévention et de résolution de conflits sont également en place dans les sites dans le but de faire la médiation entre les populations hôtes et déplacées. De manière notable, l’ensemble des sites où la présence de tensions entre ces communautés a été rapportée possède un de ces mécanismes. De plus, les populations ont adopté des stratégies d’adaptation au niveau communautaire, dont les principaux reportés par les déplacés internes et les réfugiés sont le soutien du chef de communauté connu sous le nom de Boulama, et le déplacement aux abords d’une communauté hôte au sein de la même localité.

Enfin, au niveau individuel ou des ménages, plusieurs comportements à risque ont été soulignés lors des groupes de discussion comme étant utilisés en tant que mécanismes de survie négatifs. Le travail nuisible ou relevant de l’exploitation, ainsi que la prostitution, y compris des enfants, constituent certaines des préoccupations majeures soulevées au cours de l’évaluation.