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UNOWAS E-Magazine Numéro 2

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« Ne perdons pas l’objectif des yeux »

C’est bien connu que la situation sécuritaire globale dans la zone du bassin du Lac Tchad demeure précaire et volatile.
Les efforts de la communauté internationale à faire face et à juguler la terrible violence de Boko Haram sont louables. Mais le groupe est toujours capable de mener sa campagne de terreur. Evitant l’engagement direct, il s’appuie sur les embuscades, l’utilisation d’engins explosifs improvisés et des attaques-suicide pour cibler les groupes vulnérables.

La situation humanitaire s’est, de ce fait, détériorée, avec son lot d’insécurité alimentaire et de malnutrition. Selon OCHA, des 21 millions de personnes vivant dans les zones affectées du Nigeria, du Tchad, du Cameroun et du Niger, près de 2,4 millions ont été déplacées par la rébellion. Plus de 9 millions de personnes dans la région sont en besoin d’aide humanitaire, 7 millions en situation critique d’insécurité alimentaire et près de 480 000 enfants sont confrontés à une malnutrition sévère. Et dans les mois à venir, il est prévu une hausse des taux de malnutrition.

Je répète ces statistiques pour rappeler à tous les conditions déplorables de vie quotidienne des communautés affectées, et que nous ne perdions pas l’objectif de vue, que nous gardions à l’esprit que les femmes, les enfants et les personnes âgées demeurent les plus vulnérables. C’est ce que j’avais à l’esprit lorsque j’ai visité Maiduguri, la capitale de l’Etat de Borno. Avec les centaines de milliers de déplacés internes qu’elle abrite, Maiduguri est un symbole des souffrances causées par la violence de Boko Haram. Elle est en même temps une démonstration du courage, de la résilience et l’hospitalité de ses habitants. Pendant mes visites aux camps de NSG et Bakassi, qui abritent respectivement 17.000 et 10.000 déplacés internes, j’ai pu voir, la détresse dans les regards, que ces statistiques sont une réflexion et une conséquence d’une épreuve créée par les hommes. J’ai assuré les populations de l’Etat de Borno de l’engagement des Nations Unies à les soutenir pendant ces moments éprouvants et j’ai appelé à une forte augmentation de l’aide humanitaire des Nations Unies.

Je félicite l’Armée et le gouvernement nigérians et la coalition militaire de la Force Multinationale Conjointe engagés dans la lutte contre Boko Haram. Il est impératif que la communauté internationale soutienne concrètement et effectivement la Force mixte afin qu’elle atteigne des résultats meilleurs.

Il est très préoccupant de savoir que le Plan de réponse humanitaire 2016 pour la région du Bassin du Lac Tchad, qui nécessite 739 millions de dollars US, est financé à seulement 41%. Cela va sans dire que les 163 millions de dollars US additionnels promis par les donateurs en septembre sont les bienvenus. Les besoins sont énormes et une réponse appropriée devrait nous permettre de poursuivre le soutien plus que nécessaire aux populations affectées.

On sait tous que s’attaquer aux racines de l’extrémisme violent et du terrorisme demeure la clé pour endiguer les incalculables campagnes de violence dont nous avons été témoins ces dernières années. La situation requiert un partage plus équitable des ressources nationales, et des actions significatives des décideurs sur les questions d’exclusion, d’injustice sociale et de privations.

Dans la même logique, il est important de souligner que les Armées composant la Force mixte sont des institutions nationales, répondant à des codes, des principes et des règles d’engagement. Selon ces règles, le strict respect des lois et droits humains doit en toute circonstance guider toutes leurs actions. Les institutions et appareils sécuritaires d’Etat ne devraient pas, dans la lutte contre les terroristes, recourir à des méthodes qui pourraient retourner les populations contre eux ou à les pousser à rejoindre les insurgés.

Une fois de plus, j’aimerais réaffirmer la solidarité active des Nations-Unies et de toute la communauté internationale avec les gouvernements et les peuples de la République fédérale du Nigéria, du Cameroun, du Niger et du Tchad, dans la lutte contre le terrorisme international qui se manifeste dans les pays du Bassin du Lac Tchad dans la forme des activités terroristes de Boko Haram.

Mohamed Ibn Chambas
Représentant Spécial du Secrétaire Général des Nations Unies pour l’Afrique de l’Ouest et le Sahel