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Haiti

Les normes loin d’être respectées dans la reconstruction de logements en Haïti, selon une étude du Cerfas

P-au-P, 5 août 2014 [AlterPresse] --- Le Centre de recherche, de réflexion, de formation et d’action sociale (Cerfas) vient de publier une étude sur le « Relogement des personnes déplacées par suite du tremblement de terre du 12 janvier 2010 », révélant un non-respect des normes internationales dans la construction des abris.

L’étude porte sur les abris permanents construits après le séisme dont 7 à 8 mille ménages ont bénéficié. Un échantillon de 237 habitations et 225 ménages dans 13 espaces, à raison de 15 ménages par site, a été retenu par le Cerfas, qui a enquêté pendant 4 à 5 mois, affirme le père Kawas François, directeur du Cerfas.

« L’une des choses qui nous a le plus frappés c’est que les maisons qu’elles soient individuelles ou familiales ne correspondent pas aux normes internationales, aux normes des Nations Unies. Par exemple dans la majorité des constructions, les chambres sont très exigües » par rapport à la taille moyenne de la famille haïtienne, explique le père François.

Canaan, Morne à cabri, Corail Cesselesse, Morne Hercule, Carrefour, Gressier, Zoranje, Bowenfield (dans la périphérie de la capitale), Jacmel (sud-est), Léogâne (ouest), sont parmi les sites visités par les enquêteurs.

Les données recueillies révèlent que très peu de sites de relogement offrent un accès aux services tels l’eau ou un système d’élimination des ordures.

En fait, « le nombre de sites répondant aux normes est tres réduit », souligne le père Kawas François, expliquant qu’à cité Bowenfield « après le départ des Ongs, les gens ont commencé à faire leurs besoins à même le sol ».

Les points principaux abordés dans le cadre de l’enquête auprès des déplacés sont la sécurité légale de l’occupation ; la capacité à payer la maison ou le loyer ; l’habitabilité, la facilite d’accès et la protection contre les éventuelles catastrophes ; la perception du ménage de sa situation avant et après le relogement et ses perspectives d’avenir.

L’étude révèle que les déplacés du 12 janvier 2010 ont été relogés dans deux types de logements : les logements individuels de 2 à 3 pièces et les shelters qui ont 1 à 2 pièces, avec une dominance des logements individuels.

De plus le statut juridique de l’occupant a beaucoup évolué depuis le moment précédant son déplacement. La proportion de personnes se déclarant propriétaire a augmenté, celle des occupants à titre gratuit a fait un bond considérable et le nombre de locataires a, lui, relativement diminué, indique Cerfas.

En même temps, la question foncière demeure un défi, car « la majorité des déplacés n’a pas de titres de propriété », signale le père Kawas François.

De 1,5 millions au lendemain de la catastrophe, le nombre de déplacés a été réduit à 137 mille, selon les derniers chiffres publiés fin mars 2014 par les institutions humanitaires.

Cette réduction est due entre autres à un programme de relogement consistant à subventionner la location d’un appartement, des évictions forcées conduites parfois par des autorités policières et judiciaires. La squattérisation a également joué un rôle majeur en vidant certains sites et en créant parallèlement d’autres camps à l’image de Canaan.

La reconstruction de logements au sein des quartiers a permis de reloger beaucoup de déplacés à titre gratuit, partageant ainsi l’espace avec les propriétaires. Des projets de logements ont vu le jour. Mais l’enquête du Cerfas révèle un tableau toujours aussi désastreux.

« Non seulement un bon pourcentage des logements construits [après le séisme] ne répond pas aux normes - les gens y souffrent - mais aussi la quantité est nettement insuffisante. Cela signifie que beaucoup de personnes vivent dans des conditions difficiles et n’ont pas accès au logement. Donc le problème du logement demeure une réalité et encore plus cruelle qu’avant le tremblement de terre », souligne le père Kawas François.

Pour cela, le Cerfas recommande la création d’une structure de coordination du secteur du logement avec pour fonctions à la fois de diagnostiquer, formuler une politique, et faire le suivi et l’évaluation des projets.

« Les données de l’enquête invitent à revisiter le Plan national de logement du gouvernement élaboré sans un diagnostic sérieux préalable et qui reste bien loin de répondre aux besoins réels de la population, spécialement des secteurs les plus vulnérables », fait valoir le Cerfas.

L’organisme souhaite aussi que l’on fixe un « logement type » qui tient compte des normes onusiennes ainsi que de la culture haïtienne, tout en révisant le système de financement de logement actuel, et en se penchant sur la question foncière. [kft gp apr 05/08/2014 00:45]