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Haiti

Haïti : Ban Ki-moon présente les excuses de l'ONU pour sa réponse au choléra, propose un plan d'aide

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1 décembre 2016 – Présentant jeudi les excuses de l'ONU pour la réponse au choléra en Haïti, le Secrétaire général de l'Organisation, Ban Ki-moon, a détaillé la voie à suivre pour faire face à l'épidémie, à travers un programme d'assistance visant à fournir un soutien immédiat et à long terme aux personnes touchées.

« Au nom des Nations Unies, je tiens à dire très clairement : nous nous excusons auprès du peuple haïtien. Nous n'avons tout simplement pas fait assez en ce qui concerne l'épidémie de choléra et sa propagation en Haïti. Nous sommes profondément désolés pour notre rôle », a déclaré M. Ban devant les États membres de l'ONU lors d'une réunion de l'Assemblée générale des Nations Unies au siège de l'Organisation à New York. Il a présenté son rapport sur la question intitulé 'Une nouvelle approche sur le choléra en Haïti'.

« Pour enrayer le choléra en Haïti et nous acquitter de notre responsabilité morale vis-à-vis de ceux qui ont été directement touchés, il faut que la communauté internationale s'engage pleinement et surtout que nous disposions des ressources nécessaires », a-t-il ajouté. « L'ONU devrait saisir cette occasion de mettre fin à une tragédie qui, par ailleurs, a terni notre réputation et compromet notre mission planétaire. Nous continuerons d'être critiqués tant que nous n'aurons pas porté secours à ceux qui souffrent. En bref, pour pouvoir agir, l'ONU a besoin que les Etats membres agissent ».

Haïti fait face à une épidémie de choléra depuis octobre 2010, environ neuf mois après avoir subi un tremblement de terre dévastateur. Cette épidémie a touché environ 788.000 personnes et a coûté la vie à plus de 9.000 d'entre elles. Des efforts nationaux et internationaux concertés, soutenus par les Nations Unies, ont entraîné une réduction de 90% du nombre de cas suspects.

Alors que le nombre de personnes touchées reste élevé et que les récentes flambées épidémiques, en partie aggravées par l'impact de l'ouragan Matthew, montrent la vulnérabilité persistante de la population à la maladie, les responsables de l'ONU ont déclaré que le défi n'était pas insurmontable.

Premier volet : réduire l'incidence du choléra

D'un coût d'environ 400 millions de dollars au cours des deux prochaines années, le train de mesures proposé par les Nations Unies sera centré sur deux volets. Le premier consiste en un effort considérablement renforcé et mieux financé pour répondre et réduire l'incidence du choléra, tout en abordant les problèmes à court et à long terme en matière de systèmes d'eau, d'assainissement et de santé et en améliorant l'accès aux soins et aux traitements.

Cela devrait entraîner une intensification des efforts destinés à mobiliser un financement adéquat permettant d’avoir un plus grand nombre d'équipes d'intervention rapide; un renforcement de la surveillance épidémiologique; une détection, une notification et un traitement rapides des cas; une utilisation combinée des vaccinations contre le choléra et des interventions ciblées en matière d'eau et d'assainissement; un meilleur ciblage géographique; une amélioration des stratégies de communication et de changement de comportement; et un soutien accru aux services d'eau et d'assainissement à plus long terme.

Nous souhaitons améliorer l’accès rapide aux soins et au traitement pour les personnes malades tout en nous attaquant aux problèmes à plus long terme que sont l’approvisionnement en eau, l’assainissement et le système de santé », a déclaré M. Ban.

A cet égard, le chef de l'ONU a mentionné une récente campagne de vaccination, soutenue par l'Organisation panaméricaine de la santé (OPS)/Organisation mondiale de la santé (OMS), qui a atteint plus de 729.000 personnes dans les zones ravagées par l'ouragan en Haïti.

Deuxième volet : une approche communautaire

Le second volet de la nouvelle approche consiste à élaborer un programme d'assistance matérielle et de soutien aux Haïtiens les plus directement touchés par le choléra. Cela devrait inclure la consultation des personnes et des collectivités touchées pour l'élaboration de ce programme.

Le second vdeuxième volet est une expression concrète du regret de notre Organisation pour la souffrance endurée par tant d'Haïtiens. Sur cette base, nous proposons de prendre une approche communautaire qui fournirait un programme d'assistance matérielle et de soutien aux personnes les plus gravement touchées par le choléra », a déclaré M. Ban. « Ce soutien serait basé sur les priorités établies en consultation avec les communautés, les victimes et leurs familles ».

Selon le rapport du Secrétaire général, des consultations préliminaires ont été tenues à New York et en Haïti avec l'équipe de pays des Nations Unies, des experts, des groupes et réseaux de défense des droits de l'homme, des organisations non gouvernementales, les Centres de prévention et de contrôle des maladies des Etats-Unis, le gouvernement haïtien et d'autres Etats membres. De plus, des informations ont été recueillies sur les répercussions du choléra en Haïti, sur les systèmes mis en place pour enregistrer les infections et les décès, ainsi que sur les dossiers et les données disponibles pour examiner et évaluer la faisabilité des éléments potentiels de l'ensemble de mesures.

S'agissant de la question de savoir si le deuxième volet inclurait une composante individuelle, comme le versement d'argent aux familles des victimes du choléra, le chef de l'ONU a déclaré que des consultations sur le terrain seraient nécessaires, tout en reconnaissant les difficultés.

« Cette approche nécessiterait l'identification des personnes décédées et des membres de leur famille. Cela exigerait aussi la certitude d'un financement suffisant pour fournir un montant fixe significatif par décès de choléra », a déclaré M. Ban. « Une évaluation supplémentaire est nécessaire pour savoir si et comment les informations limitées sur les décès dus au choléra - y compris l'identité des victimes - peuvent être utilisées et sur les défis et les coûts associés à cet effort. Quelle que soit la conception éventuelle du programme, il y a un obstacle familier : un financement adéquat ».

Un financement nécessaire

La question du financement du programme de mesures est revenue à travers le discours du Secrétaire général, qui a fait référence aux incidences financières - en particulier à la lumière des pressions financières auxquelles les États Membres sont confrontés eux-mêmes.

« Je comprends le sentiment d'accablement qui vous assaille face à la liste apparemment interminable des besoins humanitaires urgents auxquels il faut subvenir dans le monde entier. En Haïti, l'ouragan a ajouté encore aux souffrances et naturellement conduit à réaffecter des ressources initialement destinées à d'autres usages », a dit M. Ban aux Etats membres.

« Toutefois, je tiens à souligner que, par rapport aux montants nécessaires pour répondre aux besoins humanitaires et aux besoins de développement mondiaux, des sommes modestes suffiront pour éliminer le choléra en Haïti. Il s'agit d'une mission réaliste, que nous pouvons accomplir. Le choléra est une maladie qui peut être soignée et évitée. Nous pouvons le maîtriser et l'éliminer. Le seul obstacle est l'insuffisance de ressources et de moyens d'action », a-t-il ajouté.

Selon le rapport du Secrétaire général, le financement est un aspect essentiel de ce volet. Au cours des six dernières années, la réponse immédiate et les efforts à plus long terme ont été sérieusement entravés par des pénuries de financement qui ont rendu impossible le traitement ou l'élimination complète de ce qui est généralement une maladie traitable et évitable.

Dans son intervention, le Secrétaire général a également souligné que la réponse à l'épidémie constituerait un « test important » pour la communauté internationale - un test de son engagement envers les plus vulnérables, de ses relations de longue date avec le peuple haïtien, de sa capacité à faire preuve de compassion tout en préservant sa capacité à faire le bien dans de nombreux autres endroits dans le monde.

« Je ne vous cache pas que cette nouvelle approche comporte des risques et des difficultés », a-t-il dit. « Sans votre volonté politique et votre soutien financier, nous n'avons que des bonnes intentions et des bonnes paroles. Les mots sont puissants, c'est vrai. Les mots sont nécessaires, c'est également vrai. Mais les mots ne peuvent remplacer ni l'action ni l'aide concrète ».

« Tant de personnes ont profondément souffert. Avec l'appui des Etats membres, l'ONU peut mesurer la gravité de ces souffrances et y remédier », a-t-il ajouté. « Faisons preuve de solidarité. Soyons à la hauteur de notre devoir moral et faisons le nécessaire pour aider le peuple haïtien et notre Organisation ».