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DR Congo

Souriez, vous êtes vaccinés!

by SÉRAPHIN NTIKALA

Lors de la couverture médiatique de la campagne intégrée de vaccination contre la rougeole et la poliomyélite organisée du 18 au 22 mars 2014 à Kindu, chef-lieu de la province du Maniema en République Démocratique du Congo (RDC), je rencontre avec l’équipe de superviseurs de l’UNICEF, Kanyoloka Mutoro Aloma, un garçon de 7 ans qui amène ses trois petits frères, dont un bébé de 6 mois, au site de vaccination du centre de santé Basoko.

C’est grâce à lui que ses trois petits frères ont été vaccinés contre la rougeole et la polio. « Je n’étudie plus faute d’argent. Ma mère va aux champs du matin jusqu’au soir pour nous chercher la nourriture. C’est moi qui reste et garde mes petits frères, dont ce bébé de 6 mois. Quand j’ai vu les gens aller faire vacciner les enfants, moi aussi j’ai pris mes petits frères et je suis allé les faire vacciner », rapporte Kanyoloka qui répond clairement et correctement aux questions que je lui pose. Comme il parle swahili, M. André Nduba, qui comprend et parle lingala comme moi, m’a servi d’interprète.

L’UNICEF a décidé de lui faire reprendre le chemin de l’école à l’EP Mondenge (« Mondenge » signifie « pari » en lingala).

Empêcher les morts évitables grâce à la vaccination

Chaque année, on dénombre des millions de cas de rougeole et des centaines de décès. La rougeole, selon le médecin inspecteur provincial de la Santé dans la province du Maniema, le Dr Pierre Yuma Ramazani, représente environ 60% des cas des décès causés par les maladies évitables par la vaccination.

Le gouvernement de la RDC, par le biais de son programme élargi de vaccination (PEV) et avec l’appui de ses principaux partenaires dont l’UNICEF, avait organisé du 18 au 22 mars 2014 une campagne de vaccination contre la rougeole pour les enfants de 6 mois à 10 ans et contre la poliomyélite pour les enfants de 0 à 5 ans dans les deux provinces du Katanga et du Maniema.

Au Maniema, selon les statistiques de l’inspection provinciale de la Santé, la rougeole représente 241 décès sur 12 956 cas (soit un taux de létalité de 1,9%), de 2011 jusqu’à la 8ème semaine épidémiologique en 2014 .

Quant à la poliomyélite, le ministre provincial de la Santé du gouvernement provincial du Maniema, le Dr Papy Omeonga Tshopa, a rappelé que le dernier cas de poliovirus sauvage a été notifié en décembre 2011 au village Mutebela, dans la Zone de Santé (ZS) de Lusangu au sud du Maniema.

Pendant cette campagne de vaccination, on a vacciné au Maniema 448 415 enfants de 0 à 5 ans contre la polio sur 437 618 enfants ciblés et 799 814 enfants de 6 mois à 10 ans contre la rougeole sur 771 042 enfants ciblés, a indiqué le médecin coordonnateur provincial du PEV au Maniema, le Dr Eustache Bibala.

Parmi ces enfants vaccinés, se trouve Kanyoloka Motoro

Le lendemain de ma rencontre avec Kanyoloka, je fais la connaissance de sa mère Christine Ikelakela. C’est une jeune femme de 22 ans, mère de 4 enfants, vivant avec un homme polygame. Elle vit hors du toit conjugal dans une maison dont elle loue l’unique petite pièce.

Comme convenu la veille, l’équipe de superviseurs de l’UNICEF arrive chez Christine pour prendre Kanyoloka et l’amener à l’école. « Très bonne nouvelle, s’exclame Christine, Kanyoloka est parti ce matin à l’école suite à votre rencontre avec M. Djela Otenga, le directeur de l’école primaire Mondenge ». Cette école est située à plus ou moins 400 mètres de la maison de Christine.

Mme Christine a accompagné ses bienfaiteurs à l’école pour y verser les frais scolaires de Kanyoloka. Mais soudain, elle réalise qu’elle est pieds nus. Elle court vite chez ses voisines pour emprunter une paire de babouches.

Arrivés à l’école, M. Alphonse S. et ses collègues se renseignent auprès du directeur de l’école sur le coût des frais à payer pour Kanyoloka. Il est finalement admis en 2ème année primaire pour l’année scolaire 2013-2014. Après avoir payé les frais scolaires couvrant deux années scolaires (2013-2014 et 2014-2015), les frais ont été également payés pour couvrir les séances de rattrapage pour lui permettre de se remettre à niveau.

Par la même occasion, Kanyoloka s’est vu offrir un bel uniforme bleu et blanc, un cartable et des cahiers tout neufs ainsi que d’autres fournitures scolaires. Sa maman a quant à elle été soutenue pour exercer, suivant sa demande, un petit commerce de vente d’huile de palme naturelle. Cette petite activité lui permettra non seulement de subvenir aux besoins de sa famille mais surtout de rester plus proche de ses enfants.

Grâce à la vaccination, mon fils a repris le chemin de l’école

A ma question de savoir si elle connaît l’importance de la vaccination pour la survie ses enfants et pourquoi leur avoir refusé ce droit, Christine répond : « D’abord je vous remercie tous ainsi que l’UNICEF. Je connais l’importance de la vaccination. Elle permet la protection contre les maladies. Je n’ai pas refusé ce droit à mes enfants. Seulement mes conditions de vie ne me permettent pas de rester toute la journée à la maison. Je vis avec Kapa, couturier de son état, un homme polygame avec lequel j’ai eu 4 enfants dont ce bébé de 6 mois que vous avez vu nu. Il ne s’occupe pas d’eux, surtout pas de la scolarité de Kanyoloka ».

Au moment de notre départ, Christine me dit : « Je réalise aujourd’hui que la vaccination est très, très importante. Grâce elle, mon fils a repris le chemin de l’école. Quand il va rentrer à la maison, je vais le féliciter et j’accorderai désormais davantage d’attention à mes enfants ».