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DR Congo

Cas suspects de choléra dans le Nord-Ubangi: Duguru, l’un des villages le plus touché va être doté par l’OMS d’un réseau de radiocommunications HF pour une meilleure transmission des données épidémiologiques

BILI / DUGURU (Nord-Ubangi), 21 septembre 2016. En vue de renforcer la prévention et de contribuer au contrôle rapide de la suspicion du choléra touchant une dizaine d’aires de santé de la zone de santé de Bili (168 km de Gbadolite, Chef-lieu provincial du Nord-Ubangi) depuis la 22ème semaine épidémiologique, une équipe avancée de l’OMS s’est déployée, du 9 au 16 septembre 2016 dans la zone affectée. L’équipe était dirigée par le chargé de la sécurité de la région africaine de l’OMS, M. Abdoulaye Doumbia, et comprenait d’autres professionnels du Bureau Pays de l’OMS tels que le chargé de la communication ainsi que le chargé des technologies de l’information et de la communication.

L’objectif était avant tout d’évaluer les conditions sécuritaires à Duguru - l’une des aires de santé la plus touchée par les cas suspects de choléra située à 45 km de Bili-Centre - avant le déploiement dans les tout prochains jours des équipes d’intervention sanitaire sur la zone et d’y renforcer le système de transfert des données épidémiologiques collectées par un réseau de radiocommunications HF et d’alimentation en énergie électrique. Ce système offre l’avantage de s’affranchir de toute dépendance vis-à-vis des fournisseurs de radios privées et de transmettre lesdites données en temps réel dans le cadre de la riposte.

“Une présence efficace de l’OMS sur le terrain et l’appui tant technique que logistique qu’elle peut nous apporter ici chez nous vont beaucoup nous réconforter, car depuis la survenue de ce phénomène dans plusieurs aires de santé de Bili, il nous était fort difficile de savoir avec exactitude de quoi il s’agissait”, a indiqué M. Jean-Bosco Bosomi Mopkami, Vice-Gouverneur du Nord-Ubangi.

De la 22ème semaine jusqu’à la 37ème épidémiologique, les aires de santé de de Bili, (plus particulièrement celles de Baya, Boduna, Boroto, Duguru, Gbagayambo, Gboko, Sidi et Pandu etc.) ont notifié un total cumulé de 419 cas suspects avec 50 décès (taux de létalité: 11,93%) dus aux diarrhées aqueuses aiguës accompagnées des vomissements. Selon la Division Provinciale de la Santé (DPS) du Nord-Ubangi, de ces cas mortels, 22 ont été enregistrés dans la communauté contre une vingtaine d’autres dans les différents centres de santé de cette province qui partage la frontière nord avec la République Centrafricaine (RCA).

L’équipe de professionnels de l’OMS, en étroite collaboration avec ses partenaires locaux de la DPS/Nord-Ubangi s’est rendue à Duguru le lundi 12 septembre en vue de rassembler des informations de première main sur la viabilité du site avant l’installation des équipements susmentionnés. Des rencontres ont eu lieu avec l’Infirmier titulaire du Centre de santé rural ainsi qu’avec le chef du village, entouré d’une dizaine d’habitants de Duguru.

“La situation sanitaire actuelle demeure toujours préoccupante dans notre localité en dépit de la baisse des cas suspects de diarrhée cholériforme”, a souligné M. Jean Thomas Asianga, Infirmier titulaire du Centre de santé de Duguru. Son aire de santé avait enregistré 52 cas suspects avec 4 décès (tous décédés dans la communauté), contre 320 cas suspects avec 18 décès notifiés par Sidi, l’autre aire de santé voisine de Duguru et située à quelques encablures de la rivière Ubangi. L’Infirmier note qu’il manque cruellement des sources d’eau correctement aménagées dans les localités susmentionnées ainsi que des latrines. “La population continue à déféquer à l’air libre, et cela peut favoriser la propagation de la maladie”, s’inquiète-t-il.

“Quand les gens sont morts de cette maladie [diarrhée cholériforme] dans notre village, cela nous a beaucoup affligés. Notre milieu est très défavorisé, c’est pour cela que nous avons besoin de l’aide dans l’immédiat pour être bien soigné,” a dit pour sa part M. Sawa Yangamoto, chef du village de Duguru. ‘‘Comme nous n’avions pas des purifiants tels que les Aquatabs, nous avons tenu à sensibiliser nos populations à bouillir l’eau de la source avant de la consommer’’, ajoute-t-il.

Des Infirmiers titulaires et leurs adjoints ainsi que des relais communautaires sont mobilisés pour aller sur plusieurs axes, dans les villages éloignés, pour sensibiliser la population

La DPS du Nord-Ubangi - avec l’appui technique et financier de l’OMS et de la Direction de Lutte contre la Maladie (DLM) - a formé en cascade plus de 270 personnels comprenant 17 Infirmiers titulaires (IT), une cinquantaine d’Infirmiers titulaires adjoints (ITA) et près de 200 relais communautaires (RECO) de la zone de santé de Bili. ‘‘Nous formons par vague d’une cinquantaine pour renforcer les capacités d’un grand nombre de personnes en peu de temps, avant leur déploiement sur le terrain pour le grand travail de sensibilisation des communautés dans les zones touchées par les cas suspects de choléra’’, a souligné le Dr Aline Kulele, chargée de l’information sanitaire et de la communication à la DPS/ Nord-Ubangi.

La formation a été assurée pendant 4 jours (du 12 au 15 septembre) à Bili-Centre. Les membres de l’équipe conjointe DLM (venue de Kinshasa) et de la DPS (partie de Gbadolite) avaient auparavant procédé à une enquête dans les ménages et dans les dix-sept structures des aires de santé de Bili. ‘‘Le but de cette enquête ménages était de savoir si les populations locales et les prestataires de santé étaient au courant de la flambée en cours dans la région et d’identifier les facteurs de risque pouvant favoriser l’aggravation de la situation,’’ a ajouté le Dr Kulele.

A l’issue de la visite des experts de l’OMS sur la zone et en complémentarité des résultats de l’enquête ménages réalisée sur les pratiques et les habitudes des populations concernées, les besoins urgents identifiés pour permettre de lutter efficacement contre la flambée des cas suspects du choléra dans la zone de santé de Bili se résument de la manière ci-dessous :

  • Rendre disponibles les dispositifs de lavage des mains dans les structures sanitaires identifiées;

  • Multiplier les points de chloration de l’eau et aménager correctement les sources d’eau ;

  • Construire dans l’immédiat des latrines publiques dans lesdites structures en respectant les normes environnementales ou encore d’assainissement écologique ;

  • Renforcer la sensibilisation dans les ménages et les communautés sur les mesures d’hygiène individuelle et collective (production des supports de sensibilisation : affiches, dépliants, mégaphones et piles pour les crieurs etc.)

  • Installer dans un bref délai les réseaux de radiocommunications HF à Duguru, aire de santé donnant accès à une dizaine d’autres longeant la rivière Ubangi qui sépare la RDC de la République Centrafricaine (RCA) afin de permettre une transmission en temps réel des données épidémiologiques de la zone de santé de Bili ;

  • Redynamiser la surveillance intégrée des maladies, la préparation et la réponse etc.

Le comblement de ces lacunes permettra de mieux préparer la réponse dans cette région qui en est à première expérience d’une grosse suspicion du choléra et d'estimer l'impact des actions à mettre en place en vue de réduire la morbidité et le taux élevé des décès dans la communauté.

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