Informing humanitarians worldwide 24/7 — a service provided by UN OCHA

Chad

Tchad Perspectives sur la sécurité alimentaire Octobre 2016 à Mai 2017

Attachments

Les bonnes pluies de cette année ont amélioré la situation alimentaire au Tchad

Key Messages

La campagne agricole a été longue cette année et les premières pluies sont tombées un mois plus tôt, en avril dans la zone soudanienne et en mai dans la partie sahélienne. Le cumul des pluies a été excédentaire avec une bonne répartition dans presque toutes les zones agro-pastorales. La production céréalière attendue est meilleure que celle de l’année dernière (+16 pour cent) et la moyenne quinquennale (+13 pour cent).
La situation alimentaire s’est améliorée dans l’ensemble du pays (à l’exception du Lac à cause du conflit) grâce à la disponibilité actuelle des nouvelles récoltes qui se poursuivent, couplées aux légumes sauvages, aux produits de cueillette et à la disponibilité laitière par endroits. Les ménages diversifient leurs sources de nourriture entre octobre 2016 et janvier 2017, et tout le pays à l’exception du Lac sera en insécurité alimentaire aiguë Minimale (Phase 1 de l’IPC).
Suite à l’épuisement habituel de leur stocks entre février et mai 2017, les ménages pauvres du Kanem, BEG, Abtouyour (Guera) et Kobé (Wadi Fira) feront face à une forte baisse de leurs sources principales de revenus : les transferts des migrants compte tenu de crise économique nationale et la vente des bétails suite à la non-exportation vers le Nigeria, en plus de pressions économiques des déplacés en Kanem et BEG. Par conséquent, ces ménages seront en Stress (Phase 2 de l’IPC) dès avril 2017.
Malgré les bonnes récoltes enregistrées au Lac, les ménages pauvres seront en Stress (Phase 2 de l’IPC) jusqu’au janvier avec la baisse du prix de bétail, de revenu de transfert d’argent, et de la main d’œuvre. Les stocks céréaliers des ménages pauvres seront réduits au minimum entre février et mai à cause de la pression des déplacés sur leurs ressources limitées, et elles feront face à des déficits de consommation et basculeront en Crise (Phase 3 de l’IPC) dès février sans assistance alimentaire.

Contexte national

Situation actuelle

Situation agricole : La campagne agricole a débuté très tôt, comparativement à une année normale, avec l’installation des pluies dès le mois d’avril dans la zone soudanienne et en mai en zone sahélienne. La situation agricole en cette fin de campagne laisse augurer de bonnes prévisions de récolte estimées à supérieures à la moyenne (autour de 13 pour cent) et à 2015 (+16 pour cent). Des hausses de la production d’environ 15 à 20 pour cent au moins par rapport la moyenne quinquennale sont attendues dans certaines régions comme le Logone Occidental, le Mayo Kebbi et le Salamat. Ce relèvement de la production est grandement lié au facteur pluviométrique dont les valeurs de cumuls varient de la moyenne à supérieure à la moyenne dans la quasi-totalité du pays. L’anomalie du cumul, par rapport à la moyenne des 10 dernières années (2006 à 2015), montre une situation d'excédant modéré à large voire équivalente dans toutes les régions agricoles du Nord comme du Sud, à légèrement déficitaire (Centre Mayo-Kebbi Est, aux frontières entre Tandjilé et Mandoul et extrême Nord des régions agricoles) (Figure 1).

La plupart des cultures sont à des stades phénologiques terminaux dominés par la maturité laiteuse et complète (pour le mil pénicillaire et riz de contre saison), et des cas rares épiaison (sorgho), et reprise végétative (berberé). Dans certaines régions (Moyen Chari, Mayo Kebbi Ouest, Wadi Fira, Sila, etc.), les récoltes ont été précoces (fin Septembre) compte tenu de l’implantation précoce des cultures durant cette campagne. En plus, certains ménages disposent encore des stocks résiduels des céréales pouvant couvrir leur besoin alimentaire pour un mois (cas de la Sous-préfecture de Koumogo dans le Bahr Koh).

Malgré le déficit pluviométrique observé au début et en fin de campagne pour certaines spéculations dans la zone soudanienne, les estimations de récoltes des cultures céréalières restent globalement bonnes grâce aux bonnes pluies en fin-octobre. Donc, au vu de la disponibilité actuelle sur le terrain et surtout dans la zone soudanienne, la plupart des ménages finiront leur stock tardivement entre juillet et août 2017.

Le développement des plantes, principalement celles de sorgho de décrue couramment appelé berbéré, de la campagne de contre-saison en cours sont normal. L’humidité des sols est moyenne à bonne et doit être appuyée par quelques petites pluies jusqu’en fin octobre 2016. Les perspectives de la campagne de contre-saison sont favorables à cause de bons développements des plants et de hausses de rendements.

Hydrologie : La bonne pluviométrie a contribué au remplissage des mares et les cours d’eau débordant parfois leur lit. Cette disponibilité en ressources en eau de surface substitut l’abreuvement du bétail à partir des points d’eau pastoraux dans la plupart des localités notamment dans la bande sahélienne où les mares constituent l’une de leurs principales sources d’approvisionnement.

Les écoulements sont supérieurs à la normale dans tous les bassins, notamment 15 pour cent à la station de Sarh, 21 pour cent à N’Djamena, 14 pour cent pour le Logone à la station de Bongor et 5 pour cent pour le Mayo Kebbi à la station de Léré. Le niveau de remplissage actuel de ces écoulements et mares permettra une disponibilité en eau de quatre à six mois, allant jusqu’à la mi-avril 2017, soit un peu plus qu’une année normale.

Stock céréalier des ménages : Les stocks céréaliers des ménages se reconstituent progressivement grâce aux récoltes en cours qui se poursuivront jusqu’à novembre au rythme des récoltes amorcées par les populations dès fin septembre 2016. Certains ménages disposant de stocks résiduels comme ceux du Mayo Kebbi renforcent les leurs par l’apport d’une part, par les prémices et, d’autre part, par les récoltes qui se poursuivent.

La main d’œuvre agricole : La demande de la main d’œuvre agricole est forte en ce moment d’intenses travaux des récoltes d’arachide et de maïs, motivés par la présence des ennemis des cultures. Cette année, les paiements en nature sont beaucoup pratiqués qu’en espèce compte tenu de la faible circulation de l’argent sur le marché du travail dû à la situation économique et financière du pays. Comparativement à l’année passée, le coût journalier reste le même à l’exception du Lac qui a baissé de près de 50 pour cent et les revenus tirés de la main d’œuvre sont globalement moyens sauf dans le Kanem, le BEG, et le Lac.

Par exemple, les populations du Kanem et du BEG qui habituellement vendent la main d’œuvre pour la récolte de maïs au Lac sont actuellement payées en nature à hauteur de 10 pour cent de service rendu c’est-à-dire pour 100Kg de maïs récoltés ou égrainés, le paiement en nature est de 10Kg. Par conséquent, les revenus de la main d’œuvre agricles de Kanem et BEG sont jusqu’à 40 pour cent inférieure à une année normale à cause de la suroffre de la main d’œuvre agricole avec les déplacés. Dans le Wadi-Fira, le paiement en nature est autour de 2 Coro de mil penicillaire (5 kg) soit l’équivalent de 1200 FCFA par jour (ce qui est en baisse de 20 pour cent comparée à la même période à l’année dernière à cause d’une offre importante). Par contre, dans le Guera, compte tenu des surfaces semées qui sont en augmentation contre 2015/2016, la demande en main d’œuvre est supérieure en 2016/2017 et les prix égaux ou supérieurs à 2015 (1500 frs/jour en 2016 contre 1000 frs/jour en 2015).

Situation acridienne : La situation acridienne est globalement calme sur le territoire national. Toutefois, les timides apparitions localisées de sautereaux et autres chenilles sont signalées dans certaines zones notamment la bande sahélienne. L’intensité des attaques est variable, de modérée à sévère suivant les zones et les cultures, mais surtout dans les zones de BEG, Kanem, Ouara, Wadi Fira et Sila. De récoltes hâtives sont organisées en prévision d’une aggravation de la situation dans l’Est du pays, précisément dans le Wadi Fira. Une veille phytosanitaire est déclenchée par les services de protection des végétaux (DPVC) qui suivent l’évolution de la situation dans les zones concernées.

Les sautereaux qui ont fait leur apparition en septembre avec les attaques quelques fois sévères ayant précipité les récoltes précoces de pénicillaire dans le Kanem, le Barh- Gazal et le Hadjer Lamis ont complètement disparu. On ne sent plus leur présence sur le terrain et ceci est le signe d’une bonne campagne maraichère.

Situation des ressources pastorales : L’embonpoint des animaux est supérieur à une année normale grâce à la bonne pluviométrie qui a permis une bonne reconstitution du tapis herbacé ainsi qu’un excellent niveau de remplissage des mares rendant disponible l’eau pour le bétail. Néanmoins, des poches du faible pâturage existent, surtout dans le Wadi Fira où la paturage est très en dessous de la moyenne et de 2015.

Selon l’Indice de Végétation Normalisé par la Différence (NDVI) de la deuxième décade d’octobre 2016, l’image d’anomalies de NDVI par rapport à la moyenne 2001-2010 laisse apparaitre des zones plus ou moins moyens (Figure 2). De régressions minimales de 5 - 10 pour cent (90-95) et 10 - 20 pour cent (80-90) sont visibles dans presque toutes les régions (surtout dans les régions du Nord du Lac, Kanem, Bar El Ghazal, Batha et Wadi Fira) de fois en alternances avec des zones d’excédents de 5 à 10 pour cent, aussi, plus visibles dans les régions du Nord ce qui indique des bonnes conditions fourragères et agricoles.

Actuellement dans la zone sahélienne, les animaux font de courtes distances (300 à 400 m) après les maisons ou les villages pour trouver le bon pâturage et les eaux d’abreuvage contre des dizaines de kilomètres l’année passée (2015/2016). Les résidus des récoltes sont aussi disponibles, mais souvent les agro-éleveurs les récupèrent pour leur bétail.

Mouvement de population : Le Lac Tchad continue d’enregistrer de réguliers mouvements de populations dont le chiffre est évalué à 131.765 déplacés en octobre selon l’OCHA, soit une hausse de 4 pour cent de septembre 2016.

La région du Mayo Kebbi Est est une autre terre d’accueil de réfugiés et retournés en provenance du Cameroun et du Nigeria dont l’effectif total fourni par la Commission nationale d’accueil des réfugiés (CNAR) est de 3039 personnes en octobre. La principale cause des mouvements de populations constatées demeurent les bouleversements sécuritaires suite aux conflits perpétrés par Boko Haram.

Marchés agricoles : La disponibilité et l’offre en produits alimentaires de base sur les marchés est supérieure comparativement à la normale, compte tenu des stocks résiduels et des stocks commerçants qui sont grandement renforcés par les nouvelles récoltes qui sont en cours.

Le niveau actuel des prix des céréales est inférieur à la moyenne à cause des meilleures récoltes qui sont en cours. Cette baisse est observée même dans les zones de faible production habituelle (agro-pasteurs), parce que la présence des produits alimentaires manufacturés en provenance du Soudan et Libye allège la pression sur les céréales de base et conduit à la stabilité des prix. Par exemple, le prix du mil en octobre 2016 est inférieur de 11 pourcent à Abéché, 16 pourcent à Moundou, et 21 pourcent à Moussoro, comparés à la moyenne quinquennale.

La crise économique que traverse le pays dont les premiers signes ont été perçus depuis fin 2015, a effectivement affecté le niveau de la demande sur les différents marchés et ne favorise pas l’accès facile des ménages urbains aux marchés pour l’acquisition de certains produits pour couvrir leurs besoins alimentaires de base.

Marché à bétail : La fermeture des frontières nationales avec le Nigeria en raison de la crise sécuritaire a conduit à une hausse de l’offre d’animaux sur les marchés locaux. Une baisse des prix s’en est suivie car l’exportation du bétail à destination du Cameroun et du Nigeria est rendue presque impossible à cause des soucis sécuritaires liés à la secte Boko Haram. Par exemple, le prix d’un mouton moyen à Ati en octobre 2016 a baissé de 23 pourcent comparé à la moyenne quinquennale. Il en est de même pour Mongo (-34 pourcent), Moussoro (-26 pourcent), et Moundou (-20 pourcent) (Figure 3).

La baisse des prix des animaux a conduit à la baisse du pouvoir d’achat des ménages pasteurs. Ces derniers sont donc confrontés à une réduction de leur accès aux produits agricoles malgré la bonne disponibilité locale de ces marchés bien approvisionnés en denrées agricoles.

Situation nutritionnelle : La valeur médiane calculée à partir des résultats des enquêtes SMART réalisé en période post-récolte (2010, 2011, 2013, 2014 et 2015) reflète une situation nutritionnelle sérieuse habituellement avec des prévalences élevées de malnutrition aigues globale (MAG) qui se situent au-delà de 10 pour cent malgré la période de post-récolte. Similairement, les résultats d’enquête SMART, collectés durant le pic de la soudure (aout – septembre 2016), indiquent qu’au plan national, la prévalence de la MAG, mesurée par le MUAC, est estimée à 11,9 [IC 11,3-12,5] pour cent selon les normes de l’OMS 2006. Cette prévalence est au-dessus du seuil d’alerte de 10 pour cent fixé par l’OMS. Elle est statistiquement identique à celle de l’année dernière (11,7 pour cent [IC 10,9 - 12,5]), collecté en période de post-récolte. Quant à la prévalence de la Malnutrition Aiguë Sévère (MAS), elle a été estimée à 2,6 pour cette enquête de 2016 contre 2,8 pour cent en 2015.

La prévalence de la MAG dépasse le seuil d’urgence de 15 pour cent fixé par l’OMS dans six régions. Il s’agit de l’Ennedi Ouest (23,3 pour cent), du Borkou (19,3), du Ouaddaï (16,9 pour cent), du Batha (16,6 pour cent), du Barh El Ghazel (16,1 pour cent) et de Salamat (15,6 pour cent). Néanmoins, ces prévalences sont statistiquement identiques aux valeurs médianes de ces régions des enquêtes SMART réalisé en période post-récolte (2010, 2011, 2013, 2014 et 2015) dans ces régions, donc la situation nutritionnelle reste stable par rapport aux années précédents malgré ces prévalences élevés.

Selon les tranches d’âge, les enfants de 6 à 23 mois présentent une forte prévalence de malnutrition aiguë comparés à leurs ainés de 24 à 59 mois. En effet, la prévalence de MAG est de 15,8 pour cent chez les enfants de 6 à 23 mois contre 9,8 pour cent de la tranche d’âge 24 à 59 mois. La même tendance s’observe dans la plupart des régions. La désagrégation selon le sexe montre que les garçons (13,6 pour cent [IC 12,8 - 14,5]) sont plus affectés par la MAG que les filles (10,0 pour cent [9,3 - 10,8]).

Cette enquête SMART a eu lieu pendant le pic de la soudure (août- septembre) et qu’actuellement en octobre avec les bonnes disponibilités alimentaires, il est fort probable qu’il y ait déjà des améliorations à cause de l’accès relativement facile à la nourriture et aussi à la diversité alimentaire.

Situation alimentaire : Compte tenu des récoltes meilleures attendues, du bon niveau de stock céréalier des ménages comparé à une année normale et de conditions normaux de moyens d’existence, la plupart des ménages pauvres arrivent à couvrir leurs besoins alimentaires et non alimentaires (frais de scolarité/d’inscription, médicaments, etc.). Les sources de nourriture sont normales et les sources de revenu sont améliorées dans toutes les zones pastorales grâce au niveau de revenu issu de la main d’œuvre agricole qui est important (à l’exception du Lac), au bon embonpoint des animaux ainsi qu’au revenu des produits laitiers. A cet effet, toutes les zones à l’exception de ceux du Lac sont en situation Minimale (Phase 1 de l’IPC). Quant aux ménages du Lac, ils sont en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) du fait que l’assistance alimentaire en cours n’a pas été inclu dans l’analyse par insuffisance de données.

Suppositions

Le scénario le plus probable d’octobre 2016 à mai 2017 est basé sur les hypothèses suivantes au niveau national :

Agro-climatologie: La pluviométrie en zone soudanienne pour le reste de la saison des pluies sera moyenne. Le calendrier de la fin de la saison dans la zone soudanienne sera normal jusqu’au début du mois de novembre.
Les ennemis de culture: Dans la région du Guéra, les oiseaux granivores au niveau d’Abtouyour et du Bahr Signaka (Melfi) pourraient demeurer jusqu’à la fin des récoltes de sorgho (décembre 2016) et de berbéré (fin mars 2016).
Les perspectives des récoltes: Compte tenu des cumuls pluviométriques excédentaires sur l’ensemble du territoire national et des dates de fin de saison tardives à normales, on peut s’attendre à une production agricole excédentaire avec des régions qui seront exceptionnelles comme le Sila et le Salamat. Les emblavures en berbéré vont être supérieures à celle de l’année dernière et à celle d’une année normale. Les récoltes de contre saison seront supérieures à la moyenne à cause des pluviométries excédentaires dans les régions de berbéré, du Lac et celles rizicoles. Grace à la bonne humidité du sol et l’abondance des eaux dans les mares et les bas-fonds, une longue campagne maraichère dans toutes les zones sera attendue.
Les stocks et achats institutionnels : Selon l’Office Nationale de Sécurité Alimentaire (ONASA) et la Direction de la Production Agricole et des Statistiques (DPAS), les stocks résiduels des commerçants seront importants et seront renforcés par les nouvelles récoltes. Compte tenu de la production céréalière attendue qui sera globalement au-dessus de la moyenne, les besoins pour la reconstitution annuelle des stocks nationaux de sécurité alimentaire seront comme en année normale. Les achats institutionnels prévus vont être autour de 25.000 tonnes et pourraient avoir lieu entre décembre et mi - mars 2017.
Les stocks des ménages: A partir d’octobre, les ménages vont pouvoir reconstituer leur stock avec les nouvelles récoltes céréalières issues de la campagne agropastorale 2016/2017 qui seront supérieures à la moyenne quinquennale dans la plupart des régions du pays. Les ménages disposeront des céréales (pour la majorité) jusqu’à l’apparition des prémices de la campagne 2017/2018. D’ailleurs cette période de soudure sera moins longue au vu des stocks présents selon l’ONASA.
Disponibilité céréalière: L’offre en céréales sera supérieure comparée à la normale à cause du niveau des stocks qui sera supérieur à une année moyenne. A partir d’octobre 2016, les stocks des commerçants grossistes seront disponibles jusqu’à mai 2017 grâce à la nouvelle récolte. Les marchés seront approvisionnés normalement par les paysans et les commerçants grossistes jusqu’au moins mai 2017.
Demande de céréales: La demande va baisser suite aux nouvelles récoltes d’octobre et sera en dessous de la normale jusqu’à mars 2017 à cause des bons niveaux de stock des ménages. A partir d’avril 2017, les stocks des ménages dans les zones structurellement déficitaires telles que BEG, Kanem, Wadi-Fira et dans la majeure partie de la bande sahélienne vont commencer à s’épuiser normalement et la consommation des ménages sera typique jusqu’à mai 2017. Ces derniers s’efforceront à dépendre du marché jusqu’à fin mai et au-delà comme en année normale.
Revenus de la main d’œuvre agricole: Les revenus de la main d’œuvre seront supérieurs à la normale à cause des grandes superficies à récolter malgré la pression qui sera exercée sur l’offre par les réfugiés centrafricains et du Lac qui sont dispersés dans plusieurs régions du pays à l’exception du Lac, Kanem et BEG où des grandes concentrations des déplacés continueront la suroffre de la main d’œuvre et la forte baisse conséquente de revenus.
La tendance des prix: Entre octobre et décembre, les prix connaitront une tendance baissière habituelle à cause des perspectives de bonnes récoltes attendues renforçant ainsi le stock résiduel qui est actuellement positif. Les prix des céréales seront stables entre janvier et février avec une tendance baissière de courte durée en mars en raison des récoltes de berbèré. Les mois d’avril et mai seront marqués par la réduction habituelle des stocks résiduels et la dépendance au marché des ménages. A cet effet, les prix des céréales connaitront une hausse jusqu’à la fin de la période de scénario (mai 2017) qui sera en dessous de la moyenne quinquennale. Les prix de bétail connaitront une baisse en dessous de la moyenne pendant toute la période de scénario (octobre à mai 2017) à cause de la fermeture des frontières avec le Nigeria, la plus grande destination d’exportation.
La situation pastorale et les mouvements de bétail: Le tapis herbacé pourrait couvrir les besoins alimentaires du bétail jusqu’à avril 2017 à cause des excédents fourragers observés dans la plupart des zone pastorale et agro-pastorale. La forte disponibilité des pâturages entrainera un recours moins accru à l’aliment bétail dont les prix pourraient connaitre une baisse prématurée et atteindre des niveaux inférieurs à la moyenne, du fait de la demande faible. Les mares seront au fur et à mesure dépourvues en eau à partir du mois de mars comme d’habitude. Entre avril et mai, avec la rareté habituelle des pâturages (soudure pastorale), la situation pastorale va se dégrader. Les mouvements de bétail seront retardés à cause de la bonne disponibilité des ressources pastorales (eau et pâturage). Un long séjour des transhumants dans le Sahel et leur concentration dans certains endroits avec de bonne disponibilité fourragère tel que la bande située entre Massakory - Tourba et Karal est prévisible et pourrait provoquer la rupture précoce de pâturage dans ces zones de concentration pour les sédentaires.
Revenu des produits de bétail: Le bon embonpoint des animaux lié aux excédents fourragers supérieurs à la moyenne se traduira par une légère hausse du prix de l’animal qui pourrait améliorer les revenus du bétail et des produits du bétail dans les zones agro-pastorales et de transhumance malgré que les prix de bétail resteront toujours en dessous de la moyenne. La disponibilité laitière et de beurre qui est une source d’alimentation et de revenus pour les ménages sera meilleure qu’en année normale jusqu’à fin mars.
La situation sécuritaire liée à Boko Haram : L’insécurité à l’Ouest du Tchad continuera à affecter la sécurité alimentaire de personnes qui souffrent de perturbations de leurs moyens d’existence. Cette insécurité accrue couplée aux grandes opérations militaires au Lac Tchad pourrait retarder encore la reprise des échanges commerciaux entre le Tchad et le Nigeria à court terme. En plus, l’insécurité entraînera de nouveaux déplacements de populations et limitera des actions humanitaires qui pourraient renforcer les impacts négatifs sur les moyens d’existences des populations autochtones et sur les flux des exportations avec surtout des impacts dans les régions de Lac, BEG et Kanem.
Les échanges commerciaux: Le conflit dans le nord du Nigeria continuera de perturber les flux commerciaux internes et frontaliers avec le Nigeria, Niger et Cameroun jusqu’à la fin de la période de scénario (mai 2017). La baisse persistante des flux du bétail vers le Nigeria maintiendra la détérioration des termes de l’échange des éleveurs ou commerçants exportateurs de bétail sur pied. Les flux commerciaux avec la Libye continueront à fonctionner au ralenti à cause de la guerre civile en Libye qui restent inquiétantes.
Impacts de la dépréciation de la Naira nigériane : Le Naira est déprécié de plus de 40 pour cent depuis la mi-2016 et la tendance persistera suite à la décision de juin de la Banque Centrale du Nigéria de laisser flotter la devise selon les cours du marché après des mois de taux fixe. Cependant, au niveau des marchés tchadiens, la fermeture de la frontière avec le Nigeria empêchera que l’impact de la dépréciation soit ressenti de façon significative d’ici mai 2017.
La crise économique: La crise économique au Tchad persistera avec des effets négatifs sur les activités génératrices de revenus et les transferts de migrants. Les zones qui en dépendent beaucoup telle que la région de BEG, du Kanem, d’Abtouyour (Gúera), et Kobé (Wadi Fira) connaitront des fortes baisses sur leurs revenus. En plus, les demandes en céréales s’affaibliront davantage. Grace aux bonnes récoltes, les prix des denrées baisseront continuellement facilitant ainsi leurs accès aux ménages pauvres et très pauvres. Des cas d’insécurité alimentaire aigue liés aux impacts sur les revenus à cause de la crise économique dans certaines zones urbaines et des zones les plus touchées par ces impacts pourraient être signalés entre janvier et mai 2017.
Les sources de revenu et de nourriture : Les sources de revenu et de nourriture des ménages se comporteront comme en année typique entre octobre et janvier. Entre février et mai, la dépendance des ménages vis à vis des achats sur le marché sera légèrement au-dessus d’une année normale dans les zones déficitaires de la zone soudanienne (Tandjilé et Mayo Kebbi Est) à cause des séquences sèches vers la fin de la campagne qui affectent la production du riz, et modérément au-dessus dans une partie de la zone sahélienne (Kanem, Bahr El Gazel et Wadi Fira) qui est structurellement déficitaire et plus affectée par des déficits de leurs principales sources de revenus. La situation alimentaire des ménages pauvres dans les départements de Kobé (situé à l’extrême nord de la région de Wadi Fira), et d’Abtouyour (région du Guera) pourrait se détériorer pendant la deuxième période de scenario (à partir d’avril) à cause du faible niveau de stock dû à baisse de la production céréalière en dessous de la moyenne, de la baisse de transfert causée par la crise économique, et du faible pâturage dans le Wadi Fira qui affectera l’embonpoint des animaux. A cet effet, les ménages comptant sur leur propre production seront confrontés à une consommation alimentaire réduite en avril et mai 2017.
Niveau d’assistance humanitaire: Les actions humanitaires (cash transfert, distribution des vivres, prises en charge nutritionnelle, vente des céréales à prix modérée, etc.) vont continuer normalement jusqu’à mai 2017 à l’exception de la région du Lac qui bénéficiera de plus d’assistance à cause de l’insécurité qui impacte les moyens d’existence. Néanmoins, l’insécurité dans cette zone empêchera l’accès humanitaire à certaines populations telles que celles isolées dans les îles du Lac.
Evolution de la situation nutritionnelle: Malgré une valeur médiane de MAG des enquêtes SMART réalisé en période post-récolte (2010, 2011, 2013, 2014 et 2015) qui reflètent une situation nutritionnelle sérieuse habituellement dans une grande majorité des régions sahéliennes, la situation nutritionnelle s’améliorera davantage entre octobre 2016 et mai 2017 grâce à la bonne disponibilité des sources alimentaires issues des récoltes supérieures à la moyenne en cours.
Résultats les plus probables de la sécurité alimentaire

La situation alimentaire des ménages pauvres qui étaient en Crise (Phase 3 de l’IPC) jusqu’à septembre 2016, sera nettement améliorée avec la consommation des nouvelles récoltes en cours, meilleures qu’en année normale, des légumes sauvages, des produits de cueillette, et des produits laitiers. Les revenus seront aussi favorisés par les opportunités de la main d’œuvre agricole en cette période de grande récolte, la vente de paille, de bois de chauffe, des légumes sauvages et des produits de cueillette. Les stocks favorables des ménages permettront de couvrir les besoins jusqu’en mai 2017 pour la grande majorité des ménages dans la bande soudanienne et en avril pour ceux de la bande sahélienne. La plupart des ménages pauvres n’auront pas des difficultés pour leur consommation alimentaire jusqu’à mai 2017 et la plupart des zones sera en situation Minimale (Phase 1 de l’IPC). A cause des fortes perturbations des moyens d’existence par le conflit, la zone du Lac sera en Stress (Phase 2 de l’IPC) entre octobre 2016 et janvier 2017.

Entre février et mai, suite à la forte pression des déplacés et réfugiés sur la population autochtone en termes de partage des ressources dans la région de Lac et la continuation des perturbations des moyens d’existence, cette zone basculera en Crise (Phase 3 de l’IPC). Le niveau des stocks céréaliers des ménages des deux régions du Kanem et de Bahr El Ghazal, puis des deux départements, de Kobé et d’Abtouyour, qui sont des zones déficitaires, va commencer à s’épuiser à partir du mois de mars comme en année normale. A partir du mois d’avril, les ménages dépendront du marché et auront des difficultés dans leur consommation alimentaire compte tenu des baisses de leurs principales sources de revenus comme les ventes de bétails vu la non-exportation au Nigeria et les transferts d’argent des migrants. La crise économique que connait le Tchad va certainement réduire le transfert d’agent auquel dépendent la plupart des ménages pauvres. En plus, BEG et Kanem verront le revenu de la main d’œuvre très réduits à cause de l’afflux de la main d’œuvre des zones de conflit vers le Lac inondant le marché de l’emploi et réduisant le coût journalier de près de la moitié. A cet effet, les ménages des deux régions et des deux départements seront en situation de Stress (Phase 2 de l’IPC) en avril et mai.