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Une mission de haut niveau appelle à un meilleur accès et une meilleure protection des populations vulnérables et des personnes déplacées en République Centrafricaine

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(Bangui, 14 février 2015): Une mission de haut niveau a terminé aujourd’hui sa visite de 5 jours en République centrafricaine en attirant l’attention sur la souffrance humaine et en appelant à un plus grand accès et une meilleure protection des communautés vulnérables. La Coordinatrice adjointe des secours d’urgence, Kyung-wha Kang, le Rapporteur spécial des droits de l’homme des personnes déplacées, Dr Chaloka Beyani et le Directeur des opérations humanitaires de la Commission européenne, Jean-Louis de Brouwer ont pu voir eux-mêmes les conditions de vie dramatiques des personnes directement touchées par la crise actuelle durant leurs visites de Bambari, Yaloke, Mpoko et PK5 à Bangui.

Beaucoup de choses ont changé depuis le début de la crise il y a un peu plus d’une année. Le pire a été évité. Cependant, malgré une augmentation importante de l’aide humanitaire, les besoins en assistance restent extrêmement élevés.

Plus de 2.7 millions de Centrafricains ont besoin d’aide pour survivre. Plus de 500 000 d’entre eux sont toujours déplacés. Beaucoup d’entre eux, en particulier les minorités, se retrouvent pris dans la violence continue et sont dans une situation encore plus désespérée. La crise est devenue encore plus complexe et a pris la forme d’un conflit aux dimensions multiples. Les groupes armés se sont fragmentés ce qui a engendré une criminalité de grande ampleur. La situation pour les civils est devenue tendue et les rumeurs et manipulations politiques ne font qu’exacerber la violence. « Une communication améliorée et fiable entre toutes les communautés est primordiale dans les situations de peur et de méfiance, » a dit la Coordinatrice adjointe des secours d’urgence, Mme Kang.

Mme Kang a exprimé une grande inquiétude quant aux sort des minorités et des personnes déplacées dont les perspectives d’un retour à la normale sont menacées par cette complexité grandissante. Pour les déplacés dans le site de Mpoko à l’aéroport de Bangui les humanitaires restent engagés à travailler avec les autorités pour trouver des solutions alternatives basée sur des décisions informées et volontaires.

Pour les communautés musulmanes confinées dans des quartiers clairement délimités de Bangui et d’autres villes comme Berberati, l’engagement dans les efforts louables des consultations populaires du forum de Bangui semblent loin et la réinsertion dans le tissu économique et social du pays paraissent encore des propositions distantes.

Pour les minorités peulhes, éleveurs de bétail piégés par le conflit dans des régions comme Yaloke, leur mode de vie est menacé car ils se retrouvent coincés dans des conditions dramatiques dans des enclaves. « Tous ces groupes vont faire face à de différents défis sur le long terme pour retrouver un sentiment de normalité, cependant ils partagent une contrainte immédiate: la peur paralysante de l'insécurité, qui les empêche de retourner dans leurs quartiers, de réinvestir dans leurs activités économiques ou de faire leur traditionnel voyage migratoire,» a indiqué Mme Kang. Les attaques et les exactions contre les civils sont monnaie courante, y compris la violence sexuelle basée sur le genre et l'enrôlement forcé des enfants dans les groupes armés.

Ces groupes vulnérables ont besoin d'une protection immédiate. Il est de la responsabilité première des autorités de transition de protéger sa population. Les partenaires humanitaires peuvent encore faire plus en termes d'identification des plus vulnérables et soutenir les autorités locales et religieuses et la société civile dans l’octroi des services adéquats et de protection, en particulier aux femmes et aux enfants. La police et la gendarmerie nationale, avec le soutien des forces internationales doivent fournir une garantie plus efficace dans plusieurs parties du pays. Mais surtout, la violence et les combats doivent cesser. La Coordinatrice adjointe des secours d’urgence appelle tous les groupes armés à cesser immédiatement les violences et de s’attaquer aux civils. « C’est seulement lorsque la paix et la sécurité reviendra dans l’ensemble du territoire que les gens vont se sentir capables de réinvestir dans leur vie, » a-t-elle ajouté.

La nécessité de promouvoir et de restaurer la cohésion sociale a tenu une place importante dans les discussions avec les hautes autorités de Transition, les dirigeants religieux et communautaires ainsi que les personnes déplacées. Un élément indispensable pour rétablir la confiance à travers les divisions sectaires et ethniques et d’ adresser les griefs est l'égalité des droits. Le Rapporteur spécial des droits de l’homme des personnes déplacées, M. Beyani a souligné que «tout Centrafricain doit jouir des mêmes droits, y compris la liberté de circulation pour tous. Cela s’applique à toutes les populations déplacées. Personne ne devrait être empêché de se déplacer dans le pays, de traverser les frontières. Les gens ont le choix de choisir les solutions les mieux adaptées à leurs besoins et leur situation et leurs choix doivent être soutenus et respectés,» a dit M. Beyani tout en ajoutant que « cela contribuera beaucoup à rétablir la cohésion sociale ».

M. Beyani a rappelé que la RCA a été l'un des premiers signataires de la Convention de Kampala sur les personnes déplacées. Il a également salué le développement d'une politique nationale sur les déplacements internes, et encourage les autorités à traduire la Convention en solutions pratiques pour les personnes déplacées.

En ce qui concerne l'action humanitaire, M. de Brouwer a confirmé le soutien continu de l’Union européenne au processus de transition ainsi que son engagement à répondre aux besoins humanitaires et soulager la souffrance humaine. Il a réitéré que l'aide est fournie sur la base des besoins, indépendamment des affiliations religieuses, politiques ou ethniques. « Les organisations humanitaires sont là pour aider tout le monde , toute les personnes qui ont besoin d’aide. En faisant cela, les travailleurs humanitaires prennent de grands risques ». Assurer l'accès aux populations dans le besoin et la sauvegarde de l'espace humanitaire sont donc essentiels afin de préserver la capacité des groupes d'aide à fonctionner de manière indépendante.

La mission de haut niveau a également rappelé qu’un autre principe essentiel doit être réintégré dans le contexte actuel : la nécessité absolue de distinguer les combattants et les éléments armés des populations civiles. Dans tous les sites, les camps et enclave visités, la présence de groupes armés se mêlant aux communautés met en danger la protection des personnes déplacées. « Il est essentiel que nous prenions toutes les mesures nécessaires pour préserver le caractère civil des camps et des sites de déplacés, » a insisté la délégation.

Enfin, les trois membres de la délégation ont réitéré l'engagement des organisations humanitaires, l'ONU et ECHO au peuple de la RCA et les autorités nationales. Ils rendront compte des messages qu'ils ont reçus de fonctionnaires et des personnes vulnérables à leurs sièges respectifs et veilleront à ce que les actions de la communauté humanitaire soient partagées aux partenaires du développement. Une importance accrue sur la reconstruction et la résilience est impérative et fera l'objet d'un engagement commun bien au-delà de la période actuelle de transition. « Nous allons continuer à fournir une assistance humanitaire d'urgence aux plus vulnérables tout en s’engageant avec la communauté internationale pour aider les Centrafricains à se diriger vers la paix et créer une dynamique de développement à long terme, » a conclu la délégation.

La Coordinatrice des secours d’urgence se rendra le dimanche 16 février au Cameroun, pour rencontrer les Centrafricains qui se sont refugiés à la frontière. Près d'un demi-million de personnes ont fui la RCA.

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