Informing humanitarians worldwide 24/7 — a service provided by UN OCHA

Burkina Faso

Étude sur la cohérence des politiques pour le développement agricole et la sécurité alimentaire : le cas de l’agriculture et du commerce au Burkina Faso

Attachments

Résumé

Depuis un certain temps la notion de cohérence des politiques a joué un rôle central dans les débats sur les politiques de coopération au développement et dans leur formulation. Le souci d’atténuer les « effets secondaires » négatifs des politiques intérieures et extérieures des pays développés sur les pays en développement s’est imposé dans la ligne d’action des premiers, particulièrement en Europe, au cours des années 1990, sous la dénomination « cohérence des politiques pour le développement » (CPD). Les traités de l’Union européenne (UE) requièrent que les politiques de l’Union et de ses États membres, notamment celles qui sont susceptibles d'affecter les pays en développement, ne soient pas en contradiction avec leurs politiques d’aide au développement et plus généralement avec les objectifs de développement international. En dehors de l’UE, les institutions de la Confédération helvétique, entre autres, accordent aussi une place importante à la CPD.* Certains domaines du développement international ont été l’objet d’une attention particulière du point de vue de la CPD. Le cas du développement agricole et de la sécurité alimentaire est emblématique à ce titre.

Durant les années 1980-1990 les pays industrialisés, l’Europe en tête, étaient sévèrement critiqués pour la concurrence déloyale sur les marchés internationaux occasionnée par les subventions accordées à leurs agriculteurs et la protection de leurs marchés intérieurs. Pendant cette période, les cours agricoles internationaux étant bas, l’investissement dans l’agriculture dans les pays en développement était faible.

La crise mondiale des cours des denrées alimentaires de 2008, qui a immédiatement affecté les régions en développement comme l’Afrique de l’Ouest, a marqué un tournant dans le système international du commerce des produits agricoles et alimentaires. Dans cette région comme dans d’autres parties de l’Afrique, à la suite de cette montée des prix, les investisseurs locaux et étrangers se sont massivement tournés vers le secteur agricole dans la perspective de développer des exploitations agricoles de grande échelle. Dans ces circonstances, les difficultés rencontrées par les petits producteurs agricoles et les populations vulnérables—rurales en majeure partie, mais aussi les opportunités pour le développement rural, ont été largement débattues. De nombreux programmes d’assistance ont été déployés pour relancer la production agricole et faciliter le commerce et les investissements privés dans l’agriculture et l’agroindustrie. À la date de rédaction de ce rapport, ce sujet fait plus que jamais partie de la ligne d’action de l’Europe en matière de développement international. Lors d’un débat public sur le renouvellement du Consensus européen pour le développement à la Haye en octobre 2016, le Commissaire européen pour la Coopération internationale et le développement, Neven Mimica, déclara que l’amélioration des conditions d’accès au marché européen pour les producteurs des pays en développement n’était plus suffisante et qu’il fallait aussi que l’aide au développement facilite le commerce intra-régional (ECDPM, 2016).
Au cours des années 2000, les gouvernements des pays développés promouvant la CPD mirent en place des dispositifs de coordination interministérielle pour assurer un meilleur alignement et même pour trouver des synergies entre leurs politiques de coopération au développement et d’autres champs de l’action publique. En même temps s’est développée une conception élargie des politiques de développement, audelà de l’aide traditionnelle, faisant notamment appel au commerce pour promouvoir le développement.