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Tchad : Impact de la crise nigériane dans la région du Lac Rapport de Situation n° 23 (05/05/2017)

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Ce rapport a été produit par OCHA en collaboration avec les partenaires humanitaires et concerne les vagues de déplacements internes depuis le 21 juillet 2015. Il est publié par OCHA Tchad et couvre la période du 1er au 31 mars 2017. Le prochain rapport sera publié vers le 12 mai 2017.

Faits saillants

  • La situation sécuritaire est restée calme, malgré quelques incidents rapportés dans les zones frontalières, dans un contexte de reprise des opérations militaires.

  • Un plan de réponse conjoint a été finalisé afin de répondre aux vulnérabilités de 40 000 personnes identifiées dans les zones de retour au sud du canton de Bol.

  • Selon les analyses du Cadre Harmonisé de mars 2017, plus de 312 000 personnes seront en insécurité alimentaire pendant la prochaine période de soudure (juin-août 2017), parmi lesquelles plus de 123 000 en insécurité alimentaire sévère.

  • 67 cas de violences basées sur le genre ont été rapportés et documentés au cours du mois de mars, indiquant une évolution croissante des cas depuis le début de l’année.

Aperçu de la situation

La situation sécuritaire est marquée par quelques incidents rapportés dans les zones frontalières, dans un contexte de reprise des opérations militaires de la Force Multinationale Mixte (FMM). Quatre personnes sont décédées suite à trois incidents dans les zones frontalières (à Boma le 12 mars, Tchoukoutalia le 13 mars et Tchoukou Kangou à proximité de Tchoukoutalia le 14 mars). Un incendie d’origine supposément criminelle a également été signalé à Diamerom, département de Liwa, dans la nuit du 25 au 26 mars. Aucun dégât humain n’a été enregistré. La recrudescence des incidents sécuritaires enregistrée à l’ouest de la région crée un sentiment d’insécurité au sein de la population.
En ce qui concerne les personnes en situation de reddition, des vagues de faible ampleur continuent de se présenter aux autorités dans les zones frontalières. Ainsi, deux personnes armées se seraient rendues le 22 mars à Tchoukoutalia, trois à Kaiga-Kindjiria le 16 mars et deux personnes (un homme et une femme) avec un enfant à Ngouboua le 6 mars. Par ailleurs, le 27 mars, trois personnes supposées appartenir au groupe armé Boko Haram auraient été arrêtées à Ngouboua et remises à la Cellule intégrée de renseignements. Les personnes en situation de reddition seraient à présent immédiatement remises aux chefs de canton pour réintégration dans leur communauté d’origine, ne permettant pas d’assurer un suivi de la situation.

Suite à la mission d’évaluation multisectorielle au sud du canton de Bol, un plan de réponse conjoint a été finalisé afin de répondre aux vulnérabilités de 40 000 personnes identifiées dans les zones de retour. La mise en œuvre de ce plan requiert 16,6 millions de dollars, dont 495 400 sont déjà mobilisés.
De nouveaux mouvements de retour auraient été enregistrés dans les zones au sud de Bol.
Selon les autorités locales, dans la souspréfecture de Kangalom, certains déplacés de Koulkimé retournent dans les îles d’origine à proximité, à Kan, Dodji, Kadjila Bougourou et Maya (voir carte ci-contre). Une évaluation multisectorielle a été recommandée dans ces villages. La principale raison des retours serait la préparation de la saison agricole (juinseptembre) dans un contexte de relative accalmie sécuritaire. Dans un contexte où plusieurs mouvements de retour vers les zones d’origine sont observés, il est important de garantir les conditions sécuritaires et l’accès aux services essentiels de base dans ces villages pour assurer le maintien des indicateurs humanitaires dans ces nouvelles zones.

Suite aux alertes des partenaires signalant de nouveaux déplacements, le cluster Abris/AME/CCCM s’est rendu à Kousserie le 15 mars et sur les sites de Koulkime 1, 2 et 3 le 21 mars. A Kousserie, les nouveaux déplacés proviendraient des villages de Kora 1, Kora 2, Garoua 1 et Garoua 2, et se seraient déplacés suite au départ des militaires. Les enregistrements ont été suspendus suite à des tentatives de gonflement des chiffres des nouveaux déplacés par les anciens déplacés. A Koulkimé, les nouveaux déplacés proviendraient de neuf villages dans les zones insulaires (Dodji 1 et 2, Kilidodji 1 et 2, Douniakam, Moussaram, Trouaram, Choutaram et Kili) et se seraient déplacés suite à un sentiment d’insécurité. Au total 942 nouveaux ménages déplacés ont été estimés sur les trois Koulkimé (dont 442 ménages à Koulkimé 1, 275 ménages à Koulkimé 2 et 225 ménages à Koulkimé 3), portant le total à 2 464 ménages soit 9 937 personnes déplacées. Les besoins prioritaires exprimés par les populations sont les vivres, eau potable et articles ménagers essentiels (AME).

Selon les analyses du Cadre Harmonisé de mars 2017, plus de 312 000 personnes seront en insécurité alimentaire pendant la prochaine période de soudure (juin-août 2017), parmi lesquelles plus de 123 000 en insécurité alimentaire sévère (en phases « crise » et « urgence »). A celles-ci, se rajoutent les 14 810 retournés tchadiens ainsi que les 8 218 réfugiés présents dans la région du Lac et non inclus dans les analyses du Cadre harmonisé. Ceci porte le total à plus de 335 000 personnes en insécurité alimentaire dont 146 000 en insécurité alimentaire sévère pendant la prochaine période de soudure dans la région du Lac. Ces personnes auront besoin d’assistance alimentaire d’urgence, ainsi que d’un appui pour renforcer leurs moyens d’existence.

La situation concernant les violences basées sur le genre (VBG) supposément attribuables à des hommes en uniforme continue d’être préoccupante. Une analyse de protection menée par l’ONG OXFAM dans les sites de déplacés de Kiskawa et Daboua et auprès de la population hôte de Bol, Baga Sola, Daboua, Kiskawa et Liwa, souligne que 15% des personnes provenant des communautés hôtes dénoncent la violence des militaires comme une menace importante, particulièrement à Baga Sola, Daboua et Kiskawa. Les incidents rapportés (voir cidessous partie Protection / Services communautaires) soulignent le besoin de multiplier les actions de formation et d’information au sujet de la prévention des violences basées sur le genre à destination des acteurs militaires. Ainsi, le cluster protection fait régulièrement des séances de sensibilisation dans la région du Lac et la Force Multinationale Mixte (FMM) est en train de mettre en place un programme d’introduction pour les militaires arrivant, qui inclura notamment des séances sur les principes humanitaires ainsi que sur les questions de VBG et de PSEA (prévention des abus et de l’exploitation sexuels).

Les incendies récurrents continuent d’affecter la région du Lac. En mars, trois incendies ont été rapportés, dont un le 27 mars à Ngouboua, un au marché de Ngouri le 18 mars, et un autre le 11 mars à Tchoukoutalia. A Ngouboua, aucune perte humaine n’a été enregistrée, et les dégâts matériels sont estimés à huit maisons incendiées, des sacs de denrées et articles ménagers. A Ngouri, 138 hangars et une boutique ont été incendiés. A Tchoukoutalia, 40 cases auraient été incendiées, des sacs de maïs brûlés et plusieurs articles ménagers incendiés. Par ailleurs, trois femmes âgées auraient été blessées et un enfant de trois ans décédé.

Des vols entre N’Djamena et Bol sont assurés trois fois par semaine depuis 2016. La communauté humanitaire a exprimé le besoin d’ajouter une liaison vers Baga Sola afin de réduire le temps de trajet des humanitaires vers les populations dans le besoin dans la partie nord de la région du Lac. Une piste d’atterrissage a été pré-identifiée mais des travaux de rénovation sont requis avant de pouvoir l’utiliser. Le service aérien humanitaire des Nations Unies (UNHAS) pourrait entreprendre ces travaux sous réserve de mobiliser 1 million de dollars.

  • Pour plus d’informations, consultez la section “Historique de la crise” à la fin de ce rapport.

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